PIB en zone euro: un troisième trimestre encore vigoureux

Hélène Baudchon & Guillaume Derrien, BNP Paribas

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Cette performance est tirée par la France, qui affiche le taux de croissance le plus élevé des quatre plus grands pays de la zone euro, suivie de l’Italie; l’Espagne et l’Allemagne.

Selon l’estimation préliminaire d’Eurostat, le PIB de la zone euro a progressé de 2,2% t/t au T3 2021, un chiffre en ligne avec nos attentes. La croissance a donc maintenu son rythme, déjà élevé, du T2 (2,1%) et fait sensiblement mieux que la croissance américaine (0,5% t/t).

Cette performance est tirée par la France (3% t/t), qui affiche le taux de croissance le plus élevé des quatre plus grands pays de la zone euro, suivie de l’Italie (2,6%); l’Espagne (2%) et l’Allemagne (1,8%) enregistrent des taux de croissance un peu moins élevés.

Par rapport à nos prévisions, la surprise est très bonne pour la France et, dans une moindre mesure, pour l’Italie. La croissance espagnole surprend, en revanche, légèrement à la baisse, et la croissance allemande un peu plus nettement. La croissance au T3 est nettement supérieure à celle du T2 en France et en Espagne, tandis qu’elle y est marginalement inférieure (0,1 point) en Allemagne et en Italie. La croissance forte au T3 en France permet au PIB de quasiment retrouver, avec un trimestre d’avance, son niveau d’avant-crise du T4 2019. Au niveau agrégé de la zone euro, l’écart résiduel est de 0,5%, en Allemagne de 1,1%, en Italie de 1,4% et en Espagne, pays le plus mal loti, de 6,6%.

En France, la croissance s’appuie sur la très forte progression de la consommation des ménages (5%) et des administrations publiques (3%). Une fois n’est pas coutume, le commerce extérieur apporte également une contribution positive (0,6 point de pourcentage), grâce à la nette hausse des exportations (2,3%) et la quasi-stagnation des importations (0,1%). Les variations de stocks viennent modérer la vigueur de la croissance (contribution négative de 0,9 point), également tempérée par la (seule) mauvaise surprise du léger repli de l’investissement (-0,1%). En Espagne, pays pour lequel on dispose également du détail des composantes, la croissance a été freinée par le repli de la consommation des ménages (-0,5%) tandis que l’investissement (1,3%) et les exportations (6,4%) ont progressé.

Cette dynamique du T3 se poursuivra-t-elle au T4? Plus exactement, un freinage inquiétant remplacera-t-il la normalisation attendue de la croissance? L’atterrissage contrôlé se transformera-t-il en atterrissage brutal? L’évolution du marché du travail ne plaide pas en ce sens : les créations d’emplois continuent de surprendre par leur vigueur (alimentant les difficultés de recrutement) tandis que le reflux du chômage se poursuit. L’indicateur du sentiment économique de la Commission européenne fait mieux que résister cet automne, avec une légère amélioration en octobre (qui le pousse vers son plus haut niveau historique) portée par l’ensemble des secteurs.

En revanche, les ménages se montrent un peu moins optimistes face, notamment, à l’élévation de l’inflation, et ce malgré une diminution des craintes concernant l’évolution du chômage. De fait, la poussée d’inflation continue, vigoureusement, sur sa lancée. Selon les estimations préliminaires d’Eurostat, l’inflation a atteint, en Espagne, 5,5% en octobre en glissement annuel, 4,6% en Allemagne, 3,2% en France et 3,1% en Italie. Au niveau agrégé de la zone euro, l’inflation grimpe à 4,1%.

Aux pressions haussières sur les prix s’ajoutent les perturbations dans les chaînes de valeur et les contraintes d’approvisionnement qui s’ensuivent (une partie des premières découlant des secondes), le tout continuant plutôt crescendo. Si les chiffres de croissance au T3 et les premières données d’enquêtes pour le T4 sont encourageants, les risques baissiers se sont néanmoins amplifiés dernièrement.

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