Perturbations sur les marchés

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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Il y a dix jours, les actions et les obligations américaines se sont retrouvées sous pression. Explication.

 

En effet, la bonne tenue des statistiques économiques américaines a accentué la crainte que la Réserve fédérale américaine (Fed) n’ait guère de latitude pour baisser ses taux en 2025.

Le S&P 500 a cédé 1,5% après la publication des chiffres de l’emploi, qui ont fait état de 256'000 créations nettes d’emplois le mois dernier aux Etats-Unis, bien plus que les 163'000 prévues par le consensus. Le taux de chômage est tombé à 4,1%, contre 4,2% le mois précédent. Il a retrouvé son niveau du mois de juin.

Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté de 10 points de base (pb) pour atteindre 4,77%, au plus haut depuis 2023.

Une activité plus soutenue que prévu

Les chiffres de l’emploi publiés récemment font suite à la publication d’une série d’indicateurs économiques de bonne facture. Selon le rapport JOLTS (Job Openings and Labor Turnover Survey), les offres d’emploi ont atteint leur niveau le plus élevé depuis six mois.

En outre, l’enquête ISM suggère une activité plus soutenue que prévu dans le secteur des services. La composante «prix payés» est au plus haut depuis 2023, semant le doute quant à la poursuite de la désinflation.

La vigueur surprenante des statistiques économiques en provenance des Etats-Unis a été un thème phare de l’année 2024. 

«Il reste du travail à réaliser sur l’inflation»

Cette batterie de statistiques semble de nature à accentuer l’inquiétude des hauts responsables de la Fed, certains d’entre eux estimant que le retour de l’inflation à l’objectif de 2% n’est pas encore acquis et qu’il n’y a pas d’urgence à baisser encore les taux directeurs.

«Il reste du travail à réaliser sur l’inflation», peut-on lire dans le procès-verbal de la dernière réunion de politique monétaire de la Fed en 2024. La prévision médiane des responsables de la Fed concernant le taux des fonds fédéraux est tombée à seulement 50 pb d’assouplissement supplémentaire cette année, soit moitié moins qu’auparavant.

A quoi faut-il s’attendre?

La vigueur surprenante des statistiques économiques en provenance des Etats-Unis a été un thème phare de l’année 2024. Les investisseurs, qui craignaient une récession, se sont mis à espérer un atterrissage en douceur puis, finalement, une absence d’atterrissage. La bonne tenue de l’économie américaine pourrait bien perdurer en 2025.

Toutefois, on entrevoit toujours une modération de la croissance, conjuguée à une reprise de la décrue de l’inflation vers les 2% visés par la Fed. Par conséquent, la Fed aura sans doute la possibilité de réduire ses taux de 50 pb supplémentaires dans le courant de l’année.

Inflation: prévisions à la hausse

S’agissant de l’inflation, le procès-verbal de la réunion de la Fed en décembre a mis en évidence un risque accru de révision à la hausse des prévisions en raison notamment de l’impact potentiel d’un durcissement des politiques en matière de commerce extérieur et d’immigration.

Cependant, la désinflation au niveau des biens et services de base reste évidente et la hausse des prix de l’immobilier devrait s’atténuer, avec à la clé un tassement de l’inflation globale qui permettra à la Fed de baisser à nouveau ses taux d’intérêt.

Le S&P 500 reste sur deux années consécutives marquées par une performance annuelle supérieure à 20%, ce qui n’était pas arrivé depuis le milieu des années 1990. 

Du côté des obligations

Sur les marchés obligataires, les rendements ont augmenté, notamment pour les bons du Trésor américain et les gilts britanniques. La prudence des investisseurs reflète leur inquiétude face au budget expansionniste adopté au Royaume-Uni, à l’augmentation de l’offre d’obligations et à la perspective d’une baisse plus limitée des taux de la Fed.

Aux Etats-Unis, la crainte d’un regain d’inflation et d’un dérapage budgétaire sous l’effet des politiques de la future administration Trump, ainsi que les nombreuses émissions d’obligations d’entreprises en janvier, ont accentué la pression à la hausse des rendements obligataires. Les rendements à dix ans devraient toutefois retomber à 4% d’ici la mi-2025 à mesure que les taux d’intérêt baisseront.

2025: l’optimisme est de mise

Un accès de volatilité était prévisible compte tenu de l’incertitude économique persistante et du retour imminent de Donald Trump à la Maison Blanche.

Le S&P 500 reste sur deux années consécutives marquées par une performance annuelle supérieure à 20%, ce qui n’était pas arrivé depuis le milieu des années 1990. Cependant, l’optimisme est de mise pour les actions et les obligations de grande qualité en 2025.

Faire fructifier son capital

On conseille toujours aux investisseurs de faire fructifier leurs liquidités excédentaires sur le marché. La récente hausse des rendements du Trésor américain a créé un point d’entrée plus intéressant. A la fin de l’année dernière, la Recherche d’UBS a adopté tactiquement une duration longue en s’exposant au segment cinq ans de la courbe des taux américains. Par ailleurs, elle maintient son avis Attractive à l’égard des obligations high grade et investment grade.

La Recherche d’UBS table sur une baisse des taux dans le courant de l’année et, compte tenu de la récente pentification de la courbe des taux, il est désormais possible d’obtenir un rendement plus élevé en délaissant les instruments monétaires.

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