Objectifs liés à la biodiversité: le prochain défi environnemental pour les entreprises

Dries Cornilly, Asteria Investment Managers

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Sur les 20 objectifs fixés en 2010 par la Convention des Nations unies sur la diversité biologique pour tenter de ralentir la perte de biodiversité, aucun n'a été pleinement atteint et seuls 6 ont été «partiellement atteints».

Il est dans la nature humaine de surestimer ses capacités et de sous-estimer le temps nécessaire à la réalisation d'un projet. Les difficultés ne font qu'augmenter lorsque la complexité s'ajoute, rendant la planification extrêmement fragile. Sur les 20 objectifs fixés en 2010 par la Convention des Nations unies sur la diversité biologique pour tenter de ralentir (puis de stopper) la perte de biodiversité, aucun n'a été pleinement atteint et seuls 6 ont été «partiellement atteints».

La biodiversité est le monde naturel qui nous entoure, la variété de tous les types d'organismes, la façon dont ils vivent ensemble dans des écosystèmes délicatement équilibrés et connectés et la façon dont ils maintiennent et soutiennent la vie sur terre. Sans la biodiversité, notre système tout entier s'effondrerait. Nous dépendons de la nature pour la pureté de l'air et de l'eau, l'alimentation, l'absorption du carbone, la réduction des risques d'inondation, la protection de nos côtes, et bien d'autres choses encore. Même de nombreux médicaments et produits chimiques complexes sont issus des plantes.

Cependant, il pourrait y avoir une certaine lumière au bout du tunnel. La Task Force for Nature-Related Financial Disclosures (TNFD) est une nouvelle initiative mondiale qui vise à donner aux institutions financières et aux entreprises une image complète des risques environnementaux. En 2023, elle prévoit de mettre en place un cadre permettant aux organisations de rendre compte des risques liés à la nature et d'agir en conséquence, afin de favoriser une réorientation des flux financiers mondiaux vers des résultats positifs plutôt que négatifs pour la nature. Si l'on en croit la TCFD, l'aînée de la TNFD en matière de climat, il faudra plusieurs années avant que les investisseurs puissent s'attendre à des données normalisées sur la nature. De même, le règlement relatif à la divulgation des informations sur le financement durable (SFDR) comprend une mesure relative aux activités d'une entreprise ayant un impact négatif sur les zones sensibles à la biodiversité. En mai 2021, un décret français oblige toutes les institutions financières à déclarer les risques liés à la biodiversité et au climat et à divulguer leur stratégie de réduction des impacts sur la biodiversité. La COP15 s'est terminée en décembre 2022 par un accord visant à orienter l'action mondiale en faveur de la nature jusqu'en 2030.

Toutes ces initiatives sont une chose, l'action en est une autre. En attendant, le manque de données divulguées et fiables donne une excuse aux investisseurs pour ne rien faire et ignorer la question pour le moment. Ou, pire encore, d'attirer des fonds générateurs de commissions par le biais d'un matériel de marketing fantaisiste et sur-prometteur, ce qui conduit inévitablement à de futurs scandales de nettoyage de la nature ou de la biodiversité. La bonne nouvelle est que, pour les participants motivés, il existe déjà de nombreuses données et possibilités de modéliser et d'estimer les impacts sur la biodiversité à l'aide de données sur les biens physiques combinées à des images satellites ou à une répartition détaillée des revenus par activité et par région. Certes, la qualité et la couverture sont loin d'être optimales, mais il est néanmoins possible de distinguer les impacts des différentes entreprises.

Étant donné qu'il est parfois difficile de distinguer les idées réelles des vœux pieux fondés sur le seul matériel de marketing, il y a un intérêt à produire des rapports honnêtes et transparents. Les investisseurs doivent rester sceptiques et éviter de se laisser abuser par l'état actuel des connaissances. Les mesures liées à la nature joueront un rôle de plus en plus important dans l'atténuation des risques cachés pour les investisseurs. Nous pensons que le fait d'être conscient de ses effets permet de positionner les portefeuilles de manière à éviter ces risques, voire à bénéficier d'une réorientation de l'économie à long terme.

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