Les fonds alternatifs obtiennent leurs meilleurs résultats lorsque les taux sont hauts et la volatilité élevée.
La montée des tensions géopolitiques durant le mois d’octobre a entraîné une nouvelle détérioration du sentiment des investisseurs. A cela s’ajoute un autre facteur d’inquiétude: l'augmentation de l'offre de dette américaine, qui a poussé les rendements à long terme au-dessus de la barre des 5%. En conséquence, l'indice MSCI World a perdu 3,0% le mois dernier et, depuis le sommet atteint en juillet, les marchés boursiers mondiaux ont perdu momentanément plus de 10%.
Malgré cette récente correction, les marchés ont repris des couleurs en novembre et sont en hausse pour l'année. De fait, la résistance de l'économie, en particulier aux Etats-Unis, a surpris de nombreux investisseurs et rendu plus probable le scénario d'un atterrissage en douceur. Par ailleurs, les bénéfices des entreprises ont généralement été solides. Néanmoins, si l'on creuse un peu, quelques difficultés pourraient se matérialiser en 2024. En effet, la hausse des marchés est due en grande partie aux géants américains de la technologie surfant sur la vague de l’IA qui influencent fortement les indices usuels en raison de leur énorme capitalisation. D’ailleurs, l'indice MSCI World équipondéré n’est que légèrement en hausse cette année.
Si l’on observe l'évolution du rendement des obligations américaines à 10 ans depuis 1990, on constate que nous avons connu un grand marché haussier pendant plus de 30 ans, avec des rendements qui sont passés de 9% à moins de 1% lorsque la pandémie a frappé. A la suite des énormes injections de liquidités effectuées par les banques centrales, l'inflation a commencé à augmenter en 2021 et les banques centrales ont donc été contraintes de relever leurs taux. Le coût du capital a ainsi augmenté de manière significative au cours des 18 derniers mois. Depuis lors, les acteurs du marché ont tenté de s'adapter à cette nouvelle réalité, mais l'impact sur les économies et les entreprises commence tout juste à se faire sentir.
A court terme, les gestionnaires de fonds Long/Short Equity ont plutôt été positionnés de manière défensive et gagné de l'argent sur leurs positions à découvert, tandis que les gérants Global Macro jouent sur l’augmentation de la pente de la courbe des taux. Les mois d’août, septembre et octobre ont ainsi permis de générer passablement d’alpha.
A plus long terme, les données historiques montrent que les gestionnaires de Hedge Funds sont plus performants lorsque les taux d'intérêt sont plus élevés. Entre 1990 et 2007, lorsque les taux étaient supérieurs à 4%, ils ont surperformé les marchés de 3,2% en moyenne, si l'on considère l'indice composite HFRI FoHF. Notre sélection de hedge funds a même surperformé les marchés de 6,4%. Depuis 2008 et la crise financière, les taux sont restés inférieurs à 4% et les gérants alternatifs ont sous-performé les marchés.
Mais aujourd’hui, la situation a changé et les taux à 10 ans, après avoir récemment atteint 5%, pourraient rester supérieurs à 4% pendant un certain temps. En effet, l'inflation devrait rester relativement élevée et d'énormes déficits sont à prévoir en raison de la combinaison de la démondialisation, de la transition énergétique, de l'élection américaine et de la pénurie d'acheteurs.
Les rendements des fonds alternatifs dépendent en partie de la dispersion des marchés d'actions, et des taux plus élevés vont permettre de distinguer plus nettement les gagnants des perdants. En outre, les taux zéro à court terme avaient fait disparaître l'une des principales sources de rendement des gérants alternatifs. Aujourd'hui, avec des taux courts de 5%, la situation est revenue à la normale et les gérants peuvent désormais, simplement en conservant un portefeuille de positions courtes pertinent, payer leurs frais de gestion grâce aux intérêts gagnés sur ces positions. Enfin, l'augmentation de la volatilité, que ce soit au niveau macroéconomique ou des marchés, crée un environnement riche en opportunités pour le trading actif.
Une allocation de gérants alternatifs dans les portefeuilles des clients se justifie donc totalement dans le régime d'investissement actuel.