Moins de volatilité sur les Hedge Funds qu’en 2008 et 2011

Salima Barragan

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La base d’investisseurs des Hedge Funds a beaucoup changé, estime Cédric Vuignier de SYZ AM.

En moyenne, les Hedge Funds (toutes stratégies confondues) sont en baisse de 9% depuis le début de l’année, soit deux tiers de performance de plus que les indices d’actions. Les performances de certaines stratégies n’ont peut-être pas répondu aux attentes, cependant l’univers des Hedge Funds n’a plus rien à voir avec celui de 2008 dont la débâcle a marqué tous les esprits. Selon Cédric Vuignier, Responsable des investissements alternatifs chez SYZ AM, la volatilité est moindre car les fonds alternatifs ont moins de levier et leur base d’investisseurs n’est plus la même. Aussi, les banques ont renforcé leur bilan et les Hedge Funds ont diversifié leurs contreparties.

En 2008, le client type d’un fonds alternatif était un fond de Hedge Funds ou un High Net Worth Individual dont certains bénéficiaient de levier de deux à trois fois leurs avoirs sous gestion. A partir de 2010, les investisseurs institutionnels - tels que les caisses de pension – ont commencé à rentrer massivement dans la classe d’actifs suite à des changements réglementaires et une amélioration de la transparence. «Les clients institutionnels ont une vision à long terme, donc il y a moins de volatilité dans leurs entrées et leurs sorties et globalement nos managers n’ont pas perdu beaucoup d’actifs», relève Cédric Vuignier.

Dès fin janvier, les trend followers – les stratégies qui achètent des actions lors de marchés haussiers - affichaient des expositions maximales. Lorsque la volatilité augmente, ces stratégies sont supposées réduire leur allocation en actions. Mais lors de la correction, aucune n’a tenu car elles n’ont pas capté le retournement de tendance assez vite. «Ni en 2008 ou en 2011, nous n’avions vu de baisse aussi rapide et elles n’ont pas réussi réduire leurs positions aussi rapidement et suivre la tendance à la baisse», explique Cédric Vuignier.

La majorité des managers avaient parié
sur une baisse des taux américains.

Mi-mars, les stratégies Fixed Income Arbitrage qui parient sur les mouvements de la courbe des taux d’intérêt, ont été affectées par des sessions particulièrement mouvementées sur les bons du trésor américains. Ce volume de transaction anormal a asséché la liquidité du marché; une situation plus revue depuis 2008. «Une journée ou deux d’absence de liquidité a suffi pour soustraire -10 à -20% de performance sur une semaine ce qui est exceptionnel sur une stratégie en principe gagnante et peu volatile», commente Cédric Vuignier. Depuis les injections de liquidité de la Fed, les stratégies se sont retournées et ont rattrapé une bonne partie des pertes.

Ce sont les grands fonds aux effets de leviers important qui ont été les plus volatiles. Ainsi, certaines stratégies Market Neutral ont souffert d’un désendettement forcé pour honorer les rachats de parts et pour réduire les risques. Les fonds de Merger Arbitrage ont également très mal performé à cause d’un niveau de spread plus revu depuis la crise LTCM. «Nous avons observé des écartements de 20% ou plus sur les deals en trois jours», précise Cédric Vuignier qui estime que certains fonds avec des leviers élevés ne survivront pas.

Certaines stratégies ont réussi à limiter la casse comme les Equity Long-Short qui avaient commencé à se protéger d’une baisse avec des achats d’options de ventes. Leurs performances sont nulles voire légèrement positives ou négatives. En revanche, «celles non protégées par des put ont perdu près de 20% mais globalement, cette classe s’en sort mieux car elle est plus rapide pour se retourner», constate Cédric Vuignier.

Les stratégies macro discrétionnaire ont aussi tiré leur épingle du jeu. «La majorité des managers avait parié sur une baisse des taux américains», explique Cédric Vuignier. Les positions de ses fonds étant longues en liquidité, mais courtes en obligations et actions, ils se sont hissés jusqu’à  dix pourcent.  Enfin, les stratégies de volatilité – pariant sur la hausse de la volatilité – se sont exceptionnellement bien comportées.

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