Marché en chute libre: et si on était contrariant?

Anick Baud, Bruellan

2 minutes de lecture

Les investisseurs ayant un horizon-temps raisonnable devraient considérer le moment comme excellent pour accumuler des positions de qualité.

Alors que le monde entier a les yeux rivés sur le COVID-19 et essaye d’évaluer, avec raison, les potentielles conséquences qu’auront les mesures de confinement adoptées par certains gouvernements sur la croissance mondiale, essayons de prendre un peu de hauteur, de ne pas céder totalement à la panique ambiante et de se projeter dans quelques mois.

récession à court terme anticipée

En se propageant au monde entier, il est désormais certain que l’ensemble de l’économie va être impactée et que cela créera, dans certains pays d’Europe tout du moins, une récession à court terme. Ceci, le marché l’a, semble-t-il, anticipé ces derniers jours, puisqu’on connait actuellement une baisse dont l’ampleur et la rapidité n’avait plus été vécue depuis 2008. Sur le marché suisse, certains titres ont perdu, en l’espace de quelques jours, plus de 30%, effaçant ainsi plusieurs années de hausse. Paroxysme de cette situation, UBS était en début de semaine à son plus bas niveau depuis 1990 et Crédit Suisse se traite à un niveau bien inférieur à celui de son entrée en bourse en 1989. Même si elles en ont payé le plus lourd tribut, ce massacre n’a bien sûr pas été circonscrit aux seules valeurs bancaires, la baisse ayant entraîné dans son sillage tout type de société, cyclique ou défensive, croissance ou «value», petite comme grande. Celles liées au tourisme ont sans surprise été les plus fortement impactées, avec une baisse de 60% pour le spécialiste du commerce hors taxe Dufry et de 40% pour l’aéroport de Zurich.

Pour l’instant, aucune entreprise suisse n’a revu drastiquement
à la baisse ses attentes bénéficiaires pour l’année en cours.

Comme à chaque fois que le marché décroche de manière sévère, les investisseurs ayant un horizon-temps raisonnable et aimant les sociétés de qualité, devraient considérer ces moments comme d’excellentes opportunités d’accumuler des positions qui, il y a quelques temps encore, pouvaient sembler trop chères.  Car certes, la situation inquiète et aura un impact à court terme sur les résultats de pratiquement toutes les sociétés du marché suisse – baisse de la demande, problème d’approvisionnement, retard dans les chaînes de production, manque de trésorerie pour les plus fragiles – mais la très grande majorité d’entre elles absorberont ce choc et d’ici quelques mois il ne sera plus visible. Il est d’ailleurs très étonnant de comparer l’hystérie collective qui a cours sur les marchés avec le discours plutôt mesuré de la part des chefs d’entreprise des sociétés helvétiques rencontrés lors des rares «roadshows» maintenus pour la publication de leurs chiffres annuels. Ce qui bien évidemment ressort c’est le manque de visibilité, mais pour l’instant, aucune n’a revu drastiquement à la baisse ses attentes bénéficiaires pour l’année en cours. Les plus pessimistes et les plus exposés à la Chine et au tourisme ont bien entendu annoncé des résultats légèrement modifiés, comme Logitech ou SFS, la grande majorité s’est abstenue de donner des chiffres pour l’instant étant donné l’incertitude et les plus optimistes les maintiennent quant à elles, comme Belimo ou Geberit. Le risque à ce stade est bien entendu que dans quelques mois les entreprises fassent toutes des avertissements sur bénéfices ou que les plus fragiles ne fassent carrément faillite.

Des groupes comme Lindt, Belimo, Emmi ou encore Geberit sont suffisamment
solides pour absorber cette crise et même en sortir renforcés.
Mais alors, que faire dans un tel marché?

Pour autant qu’on ait un horizon-temps d’investissement suffisamment long, il faut se concentrer sur des sociétés de qualité, présentant un bilan sain, générant un important free cash-flow, dont les résultats seront peu impactés par le COVID-19, qui ont des qualités défensives, sont leaders dans des marchés de niche et qui, en plus, ont annoncé une hausse de leur dividende. Je pense notamment à des entreprises comme Lindt, Belimo, Emmi ou encore Geberit. Toutes ces sociétés sont suffisamment solides pour absorber cette crise et même en sortir renforcées.

Bien sûr, il faut un peu de courage pour acheter quand tout le monde cherche à vendre mais soyons contrariant et confiant dans la capacité des dirigeants de ces entreprises à traverser une nouvelle crise sans mettre en danger leur force et leur compétitivité.

A lire aussi...