- Plus de la moitié d’entre eux (56%) estime que les politiques tarifaires créent les conditions d’un redémarrage de la croissance européenne.
- Les valeurs de la défense (47%) sont considérées comme les plus prometteuses, dans un contexte redevenu favorable aux actions européennes.
À la suite de l’annonce par le président américain Donald Trump d’une politique tarifaire dite du «jour de la libération», un net changement de perception se dessine en faveur de l’Europe. 71% des experts marchés interrogés au sein de Natixis Investment Managers (Natixis IM) et de ses sociétés de gestion affiliées estiment désormais que l’Europe surperformera les États-Unis en 2025.
Comme chaque année, le Center for Investor Insight de Natixis IM interroge une trentaine de ses experts marchés, stratégistes, gérants de portefeuille, analystes et économistes, issus de Natixis IM et de ses sociétés de gestion affiliées. En 2025, les conclusions traduisent un net regain de confiance envers l’Europe. En effet, plus d’un tiers d’entre eux (38%) anticipe qu’il s’agira du marché le plus performant au second semestre 2025, contre seulement 3% l’année précédente.
Des conditions de marché qui penchent en faveur de l’Europe
Bien que près de 9 répondants sur 10 (88%) considèrent que les tensions tarifaires vont perdurer, 56% jugent que ces politiques créent un terrain favorable au rebond économique du Vieux Continent. Interrogés sur le thème de fin d’année qu’ils jugent le plus probable, 74% des experts optent pour «les marchés hors États-Unis surperforment», contre 26% qui prévoient une surperformance américaine. Par ailleurs, trois quarts (74%) anticipent un renforcement de l’euro d’ici fin 2025.
La persistance des tensions géopolitiques et des incertitudes commerciales incite l’Europe à renforcer ses investissements, notamment dans la défense et les infrastructures. Ce mouvement soutient des secteurs comme les banques et les valeurs de la défense. Près de 6 experts marchés sur 10 (59%) estiment que les valeurs de défense profiteront de l’augmentation des dépenses militaires mondiales, un sentiment particulièrement prononcé en Europe (77%) par rapport aux États-Unis (48%).
La volatilité et l’inflation continuent d’alimenter l’incertitude
Malgré cet optimisme européen, les experts demeurent vigilants face à plusieurs menaces pesant sur les marchés dans les six mois à venir. Les principaux vents contraires évoqués sont: la géopolitique (53%), l’emploi (59%), la consommation des ménages (79%) et le risque de guerre commerciale (65%). En comparaison, seuls deux catalyseurs ressortent: les politiques des banques centrales (62%) et les résultats des entreprises (47%).
Sur le plan macroéconomique, les experts accordent plus d’importance aux dynamiques politiques qu’aux politiques économiques. Le principal risque cité est la tourmente sur les marchés obligataires américains, jugée préoccupante (niveau moyen ou élevé) par 85% des répondants. Deux tiers des experts européens (62%) estiment d’ailleurs que les bons du Trésor américain ne constituent plus une valeur refuge fiable, contre seulement 24% aux États-Unis.
L’inflation reste le deuxième grand sujet d’inquiétude: 79% des répondants la classent parmi les risques majeurs. Toutefois, 76% considèrent que les effets inflationnistes des droits de douane seront transitoires, contre 24% qui craignent une reprise durable de l’inflation.
La volatilité sur les marchés est une source d’opportunités
La volatilité persistante reste un sujet de préoccupation. 71% des experts prévoient qu’elle restera élevée sur les marchés actions, et 68% pensent de même pour les marchés obligataires. Malgré cela, 71% des experts interrogés affirment trouver activement des opportunités dans la volatilité des actions, et 74% dans celle des obligations. D’autres choisissent toutefois de rester en retrait: 29% sur les actions et 26% sur les obligations.
Pour les six mois à venir, les valeurs de défense arrivent en tête des opportunités perçues, citées par 47% des répondants. Aux États-Unis, le secteur technologique reste privilégié, 35% anticipant un regain de dynamisme au second semestre.
La gestion active continue d’apporter de la valeur dans l’univers obligataire
Les experts misent de plus en plus sur les obligations pour le second semestre 2025. 44% les considèrent comme un levier de rendement et de revenu, mais 68% insistent sur le rôle clé de la gestion active dans la création de valeur.
Sur le marché américain, les obligations investment grade suscitent plus d’intérêt chez les européens (54%) que chez leurs homologues américains (24%), ce qui reflète aussi une anticipation plus marquée des défauts de crédit auprès des répondants américains (48%), contre 15% pour les européens.
En Europe, la dette d’Etat core (29%) et le crédit investment grade (29%) dominent les choix. On observe aussi une nette préférence en Europe pour les maturités courtes (69%, contre 57% aux États-Unis), tandis que les investisseurs américains se tournent davantage vers les longues maturités européennes. Les principaux risques perçus d’une guerre commerciale pour le second semestre concernent les obligations souveraines américaines longues (41%) et les obligations à haut rendement ou à taux flottant en Europe (35%).
«Cash is king?» Pas toujours!
Au cours des dernières année, la hausse des taux d’intérêt a récemment incité de nombreux investisseurs à se replier vers la liquidité, perçue comme plus sûre que les actions ou les obligations. Mais les experts de Natixis IM mettent en garde: la liquidité ne tient pas toujours ses promesses, surtout dans un contexte de pression sur le dollar américain.
Pour 41% des experts interrogés, la principale menace liée à la détention de liquidité est la dépréciation de la monnaie. Pour 38%, les opportunités de rendement sont plus attractives ailleurs. Enfin, 35% estiment que les taux de rémunération de la liquidité ne permettent pas d’atteindre des objectifs de long terme.
L’impact de l’intelligence artificielle ne sera pas uniquement positif
Alors que l’intelligence artificielle (IA) transforme notre quotidien, ses effets sur la finance à horizon 2 à 5 ans interrogent les experts. Les bénéfices sont multiples: 88% estiment qu’elle ouvrira de nouvelles opportunités, 79% qu’elle permettra de détecter des risques invisibles jusqu’alors, et 79% qu’elle accélérera le day trading. Mais les craintes demeurent: 94% redoutent une augmentation des fraudes, 71% estiment que les investissements dans l’IA prendront du temps avant de porter leurs fruits et 21% craignent qu’elle menace leur propre emploi.
L’IA pourrait aussi contribuer à améliorer la transparence ESG, un potentiel souligné par 44% des répondants. Plus largement, 41% prévoient une poursuite de l’essor de l’investissement à impact, et 56% pensent que les véritables leaders de l’investissement durable vont s’imposer dans les années à venir.
Le rapport complet de l’enquête est disponible ici.