L'or a retrouvé tout son lustre

Philippe G. Müller & Bert Jansen, UBS

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L'or s'avère une couverture appréciable contre l'inflation et peut constituer un placement à long terme intéressant pour les investisseurs en quête d’actifs réels.

©Keystone

La récente remontée du prix de l'or a ravivé l'intérêt des investisseurs: il s'est apprécié de 5% (en dollars) le mois dernier, soit 17% depuis le début de l'année. En euros, il a progressé de 21% – presque un record historique –, surperformant largement les actions de la zone euro, les obligations souveraines de la zone euro ainsi que les liquidités en euros.

Le coût d’opportunité de l’or

Ces dernières années, le coût d'opportunité de la détention du métal jaune a été un facteur déterminant. En effet, il y a une étroite corrélation inversée entre le cours de l'or et le rendement des obligations américaines.

Sur les 25 dernières années, l'or s'est apprécié
à un rythme annuel composé (TCAC) de 4,9%.

En tant qu'investisseur en actions, on a toujours du mal à investir massivement dans l'or. Car c'est un actif improductif – son utilisation industrielle et esthétique est limitée – qui ne génère aucun revenu: seul l'espoir que quelqu'un le paiera plus cher ultérieurement le rend séduisant. Ce n'est pas comme une action qui, le plus souvent, verse des dividendes ou réalise des bénéfices.

Mais si l’on définit l'investissement comme le fait de renoncer à consommer aujourd'hui afin de pouvoir consommer davantage plus tard, alors oui – l'or a bien performé, même si les investisseurs ont payé de leur patience (son cours reste inférieur de 20% à son sommet de 1920 dollars l'once il y a huit ans). 

L’or a gagné en pouvoir d’achat

Sur les 25 dernières années, l'or s'est apprécié à un rythme annuel composé (TCAC) de 4,9%, soit plus de deux fois l'augmentation des prix à la consommation aux États-Unis (2,2%). Sur les 50 dernières années, le TCAC de l'or est de 7%, un chiffre impressionnant et bien supérieur aux 4% de l'inflation américaine. Ainsi, sur ces deux périodes, le métal jaune a gagné en pouvoir d'achat.

L'or est un investissement plus risqué et plus volatil
depuis que le président Richard Nixon a abandonné l'étalon-or en 1971.

Cette performance fait toutefois piètre figure par rapport au rendement total des actions américaines, dont le TCAC sur les 25 dernières années est de 9% (dividendes compris). Même les actions européennes ont surperformé l'or, avec un TCAC de 6,7% sur 25 ans.

De plus, l'or est un investissement plus risqué et plus volatil depuis que le président Richard Nixon a abandonné l'étalon-or en 1971: la volatilité moyenne des rendements de l'or sur cinq ans – 21% – dépasse largement celle de l'indice S&P 500 (15%).

L’or: une alternative au cash?

Aussi, bien que l'or se soit affirmé comme une couverture appréciable contre l'inflation, et un bon facteur de diversification du fait de sa très faible corrélation avec les actions, il reste un actif qui ne donnera jamais de rendement. 

Les politiques monétaires excessivement accommodantes
impliquent un risque d'inflation accru à moyen et à long terme.

Il peut toutefois être considéré comme une alternative intéressante à la «monnaie papier», à rendement nul ou négatif, dont la valeur dépend de l'humeur des banques centrales. Leurs politiques monétaires excessivement accommodantes impliquent un risque d'inflation accru à moyen et à long terme.

L'or peut aider à protéger les investisseurs des péripéties géopolitiques, des déceptions macroéconomiques et des brusques variations des bénéfices des entreprises (qui accentuent la volatilité des marchés). 

Intéressant sur le long terme

Bien que l'or ait été moins régulier que les bons du Trésor US comme atténuateur des risques de marché baissier, il peut constituer un placement de long terme intéressant pour les investisseurs appréciant les actifs réels et capables d'encaisser les fluctuations de son cours.

 

Warren Buffet à propos de l’or
«L'or sort de la terre en Afrique, ou ailleurs. Ensuite, on le fond, on creuse un autre trou, on l'enterre de nouveau et on paie des gens pour qu'ils le surveillent. Il n'a aucune utilité concrète. Si les Martiens nous observent, ils n'y comprendraient rien.»

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