L'invasion de l'Ukraine est source de volatilité, la Fed maintient le cap

Scott Glasser, Clearbridge Investments

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L'Europe subit de plein fouet l'invasion avec des coûts énergétiques plus élevés pour les consommateurs et des sanctions qui pèsent sur la croissance européenne.

  • Les invasions militaires ont de tout temps créé des baisses sur le marché des actions, et les actions américaines sont devenues de plus en plus volatiles au cours de ces derniers jours. Les actions des secteurs de l'énergie et de la défense, directement touchées par le conflit entre la Russie et l'Ukraine, ont jusqu'à présent résisté à la pression.
  • Les risques d'inflation étant encore plus orientés à la hausse en raison de la flambée des prix des matières premières liée au conflit, la Réserve fédérale (Fed) ne devrait pas s'écarter sensiblement des prévisions du marché en matière de hausse des taux. 
  • L'Europe subit le plus gros de l'impact initial de l'invasion, la hausse des coûts de l'énergie pénalisant les consommateurs et le niveau des sanctions faisant pression sur la croissance européenne, avec un effet de contagion sur les perspectives de croissance aux Etats-Unis. Ces turbulences pourraient inciter la Banque centrale européenne (BCE) à se montrer plus accomodante.

D'un point de vue macroéconomique, la guerre en Ukraine va probablement amplifier l'inflation mondiale et les problèmes de chaîne d'approvisionnement. Les marchandises et les matériaux qui sortent d'Ukraine et de Russie seront interrompus et pourraient accentuer les problèmes de chaîne d'approvisionnement auxquels sont confrontées de nombreuses entreprises pour certaines matières premières, comme l'acier pour les automobiles. Les hausses des prix du gaz naturel et du pétrole auront un effet important sur l'inflation globale aux États-Unis et un impact mineur sur l'inflation de base. 

L'invasion pose de nouvelles contraintes d'approvisionnement en énergie

Les risques d'inflation étant orientés à la hausse, la Fed ne s'écartera probablement pas de manière significative de l'évaluation des hausses de taux par le marché dans cette situation.  Actuellement, le marché anticipe 5,9 hausses de taux pour 2022. Nous avons été plus pessimistes que le consensus et continuons de penser que la Fed va légèrement réduire les attentes. Il est important de noter que la Fed accorde plus d'importance à l'inflation de base hors alimentation et énergie, de sorte que la hausse des coûts des matières premières ne devrait pas influencer les décideurs politiques de manière «significative». La situation en Ukraine pourrait toutefois créer un scénario de taux plus modéré pour la BCE. 

Les actions des secteurs de l'énergie et de la défense ont résisté à la baisse jeudi dernier, car les perspectives à court terme de ces deux secteurs seront probablement directement affectées par le conflit. L'invasion de l'Ukraine intervient à un moment très défavorable pour l'économie mondiale, alors que les prix du pétrole se dirigeaient déjà vers une fourchette de 70 à 80 dollars le baril en raison d'une reprise de la demande et d'une offre insuffisante. L'industrie pétrolière mondiale a trop peu investi dans la capacité de production au cours des dernières années et a donc du mal à réagir en augmentant le nombre de barils pour faire face à la hausse des prix. Les grandes nations productrices de pétrole au sein de l'Opep+ avaient déjà du mal à respecter leurs quotas de production.

La Russie fournit 10% du pétrole brut mondial et 30 à 40% des besoins en gaz naturel de l'Europe.

Cela dit, les prix du Brent pourraient rester élevés dans la fourchette de plus de 100 dollars le baril jusqu'à ce que ce conflit soit résolu, étant donné que d'éventuelles sanctions énergétiques contre la Russie ou des interruptions potentielles des oléoducs en raison du conflit pourraient entraîner des ruptures d'approvisionnement. La Russie fournit 10% du pétrole brut mondial et 30 à 40% des besoins en gaz naturel de l'Europe. 

Avant le conflit en Ukraine, les niveaux de stockage de gaz naturel en Europe étaient déjà bien inférieurs à la normale et l'approvisionnement du continent par la Russie a déjà baissé d'environ 40% par rapport à 2021. Tout autre impact potentiel sur l'approvisionnement pourrait faire grimper les prix du gaz naturel en Europe bien au-delà des niveaux de plus de 30 dollars par millier de pieds cubes observés aujourd'hui. Cela démontre la nécessité pour les pays européens de s'engager dans une visibilité d'approvisionnement à long terme avec des projets de gaz naturel liquide provenant de l'étranger.

Les marchés européens subissent le plus gros de l'impact initial, étant donné les gros titres sur la «guerre en Europe» et l'impact immédiat sur l’économie.  Les contrats à terme sur le gaz naturel ont bondi de 40%, la promesse de l'Allemagne de ne pas certifier le gazoduc Nord Stream 2 ayant accentué la pression sur un continent déjà ébranlé par l'inflation des produits de base. La hausse des coûts de l'énergie, qui nuit aux consommateurs, et le niveau des sanctions russes auront un effet sur la croissance européenne et affecteront les perspectives de croissance aux Etats-Unis.

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