L'intelligence artificielle permettra aux sociétés de sortir leurs épingles du jeu

Neil Robson, Columbia Threadneedle Investments

2 minutes de lecture

«L’IA assoira la domination et la rentabilité supérieure de quelques leaders dans les grands secteurs d’activité», estime Neil Robson, responsable actions mondiales chez Columbia Threadneedle.

Selon la société de gestion Columbia Threadneedle Investments, les progrès de l'intelligence artificielle (IA) vont creuser un fossé encore plus large entre les gagnants et les perdants parmi les entreprises. «L’IA assoira la domination et la rentabilité supérieure de quelques leaders dans les grands secteurs d’activité», écrit Neil Robson, responsable actions mondiales chez Columbia Threadneedle et gérant du fonds Threadneedle (Lux) Global Select, dans un commentaire récent. Il s'attend à ce que les avantages concurrentiels de l'IA augmentent la concentration des rendements du capital dans les entreprises du premier décile, «ce qui concentrera les gains entre les principaux acteurs, avec à la clé un ROE durable de 30%-40%.»

Selon l'expert, cette tendance concerne aussi bien les entreprises de type ‘growth’ (de croissance) que celles de type value (de valeur). Les sociétés de valeur ont tendance à profiter de la croissance cyclique, tandis que les sociétés de croissance ont tendance à profiter de la croissance structurelle. «Sur le plan de l’investissement de croissance ou de valeur, le message à retenir est que nous assistons à un changement sous-jacent et que de nombreuses entreprises subiront l’effet inverse: leurs modèles économiques risquent d’être sérieusement mis à mal», écrit Robson. «Un nombre très élevé de sociétés souffrent de problèmes très marqués. D’ici à 10 ans, existeront-elles encore?»

L'un des principaux avantages de l'IA dans de nombreux secteurs sera la capacité à générer des gains d'efficacité et de productivité. Des gains de productivité relativement faibles pourraient entraîner des augmentations beaucoup plus importantes du rendement du capital - en particulier dans les secteurs industriels à forte intensité capitalistique. Robson cite l'exemple des usines de fabrication de semi-conducteurs qui sont déjà fortement automatisées. Il calcule: «Un gain de 2%-3% dans la production d’une usine est probablement équivalent à la différence entre générer un rendement proche de 20% du capital investi et parvenir à 30%. Les gains pourraient être d’une telle ampleur.»

Robson suggère que la deuxième grande source de gains offerts par l’IA réside dans la possibilité de l’utiliser pour accélérer la croissance du chiffre d’affaires, en mettant au point de nouveaux produits et services à partir des données que les sociétés détiennent, génèrent et, dans certains cas, achètent pour renforcer leurs ressources propres.

Columbia Threadneedle voit des possibilités d'application de l'intelligence artificielle partout. «Chacun des titres d’un portefeuille sera touché d’une façon ou d’une autre», écrit Robson. Les gagnants les plus évidents, selon l'expert, sont les oligopoles qui dominent l'informatique en nuage - avec Amazon et Microsoft en tête, suivis de Google. Les principaux fournisseurs de matériel informatique sont également bien positionnés, par exemple l'américain NVIDIA. L'entreprise californienne produit des jeux de puces programmables qui sont utilisés pour l'apprentissage automatique. En outre, Robson est convaincu que les leaders actuels dans des domaines comme l’automatisation industrielle (par exemple, le japonais Keyence) ou le séquençage génétique (comme l’américain Illumina) pourront utiliser l’IA pour renforcer leurs avantages concurrentiels existants.

Pour les investisseurs, la difficulté reste la même: déterminer quelles sociétés disposent des avantages concurrentiels les plus solides et sont les mieux positionnées pour profiter des dynamiques à l’œuvre dans leur secteur. «L’identification des fournisseurs de données, des fournisseurs d’outils et des géants technologiques qui seront les gagnants évidents grâce à l’IA est facile», affirme Robson. «Mais quand on applique cela à différents secteurs, les choses se compliquent nettement. Qui sera le meilleur dans la banque? Faut-il parier sur les banques existantes ou sur un acteur extérieur au secteur? Il incombe donc aux investisseurs d’engager le dialogue avec les sociétés afin de comprendre ce qu’elles font réellement.»