L'escalade tarifaire de Trump fragilise les marchés

Axel Botte, Ostrum AM

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Les manœuvres du président américain alimentent l'incertitude économique et renforcent la quête de valeurs refuges comme l'or.

©Keystone

 

Donald Trump n’envisage pas d’autre politique qu’une escalade tarifaire mortifère. Il semble que l’administration américaine n’ait tiré aucune leçon de l’expérience post-Covid et de la criticité de la fiabilité des chaines d’approvisionnement. La mise en œuvre des droits de douane sur l’acier et l’aluminium a une nouvelle fois pesé sur les marchés d’actions. En outre, malgré la stabilisation du Bund autour de 2,90%, la concurrence des taux élevés engendre un début de tensions des spreads de crédit ou, plus encore du high yield. Le dollar rebondit sous la menace de nouveaux tarifs de 200% sur les vins européens.

Dans ce contexte, la confiance des ménages plonge en mars selon l’enquête de l’Université du Michigan. Les anticipations d’inflation sont au plus haut (4,9% à 1 an). La baisse de l’inflation (2,8% en février) est due à la faiblesse des tarifs aériens et des loisirs qui réagissent à la prudence du consommateur.

En zone euro, la production industrielle s’améliore en janvier (+0,8%) mais la conjoncture reste fragile. L’inflation allemande a été révisée en baisse à 2,6% en février, ce qui pourrait préfigurer un arrondi baissier sur l’inflation de la zone euro. La Banque centrale européenne reste encline à alléger sa politique, anticipant une baisse de l’inflation salariale, et, par conséquent, une modération des prix des services.

Tensions économiques et réactions des marchés

Sur les marchés financiers, après le Krach du Bund vers 2,90% la semaine passée, les rendements se stabilisent sur ces niveaux élevés. La nouvelle d’un accord entre le SPD et les verts sur le contenu des dépenses d’infrastructures a brièvement ravivé les tensions sur le 10 ans avant que la publication de la confiance des ménages américains n’inverse la tendance. La pentification de la courbe continue notamment sur le 10-30 ans, sans préjudice aux spreads souverains pour le moment. L’OAT1 à 10 ans par rapport au Bund s’est resserrée sous 70pb en amont de la décision de Fitch (inchangée).

Par ailleurs, les primes à l’émission de l’ordre de 8pb sur les Greece Government Bonds 15 et 30 ans ont également attiré une demande sans précédent. La syndication d’un emprunt à 10 ans de l’UE a rencontré une forte demande, d’autant qu’un contrat à terme sur la dette supranationale pourrait être lancé prochainement.

Aux Etats-Unis, le T-note oscille autour de 4,30% balloté entre la bonne surprise sur l’indice des prix à la consommation et l’incertitude politique. La tendance à la pentification est moins forte qu’en zone euro.

Sur le marché du crédit, les intervenants semblent devenir plus sélectifs et les performances sont plus hétérogènes. Les 8 milliards d’euros d’émissions sont légèrement moins bien souscrits qu’au cours des dernières semaines. Les spreads sur l’investment grade en euros s’écartent de 5pb environ sur la semaine. Le high yield européen subit une première semaine de rachats (+20pb sur les notations BB-B). Le marché est vulnérable à un retournement des facteurs techniques compte tenu des niveaux de valorisations. Les spreads de crédit européen (investment grade comme high yield) s’écartent nettement moins que leurs équivalents en dollars mais l’effet taux nuance l’analyse.

Sur les marchés d’actions, la correction se poursuit aux Etats-Unis. La volatilité implicite du S&P 500 a touché un point haut au-dessus de 29%. L’Europe surperforme Wall Street dans la baisse. Les banques profitent de taux longs plus élevés. Les valeurs de défense et de télécommunications sont aussi bien orientées.

 


1 Obligations Assimilables du Trésor

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