Selon Patrice Gautry, chef économiste d’UBP, la Chine évoluera de manière toujours plus autonome. L’inflation est un facteur de volatilité à surveiller.
Sans surprise, 2021 sera une année de reprise. Mais à quel rythme? Parmi les nombreuses présentations consacrées aux perspectives des marchés pour l’an prochain, l’Union Bancaire Privée (UBP) a évalué deux scénarios: l’un intégrant déjà l’impact de l’arrivée des vaccins, l’autre non. «Avec les vaccins, on changera de paradigme», a souligné Patrice Gautry, chef économiste d’UBP lors d’une vidéo-conférence à propos des perspectives d’investissement pour 2021.
L’écart entre le scénario avec vaccins et celui sans est plus marqué dans les pays développés que dans les pays émergents. Dans les pays développés, la croissance du produit intérieur brut (PIB) devrait atteindre les 4,2% en 2021 d’après le scénario ne tenant pas compte de l’effet des vaccins mais elle grimpera à 5,6% en tenant compte de l’arrivée des vaccins. Parmi les pays émergents, cette différence est un peu moins marquée avec des taux de croissance atteignant respectivement 5,5% (sans) et 6,2% (avec). Si dans le scénario hors vaccins, le PIB devrait croître de 4,4% aussi bien aux Etats-Unis que dans la zone euro, sa progression devrait dépasser les 6% des deux côtés de l’Atlantique en tenant compte de l’impact des vaccins.
jouera un rôle clé pour la croissance attendue l’an prochain.
En Chine, où l’économie devrait achever l’année en cours avec une croissance positive de 2,1%, l’écart entre les deux scénarios est un peu moins prononcé: sans vaccin, le PIB devrait croître de 8% et il s’accélérerait à 9% en tenant compte de ceux-ci. Suite à la crise du COVID-19 et en raison de son différend commercial avec les Etats-Unis en 2018 et 2019, la Chine a choisi la voie de l’autonomie, observe UBP. «La Chine est un moteur autonome, tant en ce qui concerne l’activité industrielle que la consommation», estime Patrice Gautry.
Aux Etats-Unis et en Europe, l’ampleur des plans de relance jouera un rôle clé pour la croissance attendue l’an prochain. Aux Etats-Unis, les Républicains empêcheront certainement qu’un plan de soutien aille au-delà des 1’000 milliards de dollars, anticipe le chef économiste. Il compte néanmoins sur la nomination de Janet Yellen en tant que future Secrétaire d’Etat au Trésor pour faciliter les négociations. «La personnalité consensuelle de Janet Yellen aidera à trouver un compromis», anticipe-t-il.
Quant à l’Europe, l’adoption et la mise en œuvre du plan de soutien (Recovery Fund) négocié dans l’UE aura aussi un impact important sur la relance. A cet égard, la logique du «Whatever it takes», la célèbre formule de Mario Draghi, s’applique toujours plus aussi à la politique budgétaire. Avec quelles conséquences en matière d’endettement? Pour Patrice Gautry, il faudra certainement une génération avant que l’on ne revienne à des niveaux d’endettement similaires à ceux d’avant la crise. Parmi les paramètres à surveiller l’an prochain, les investisseurs devront être attentifs aussi à l’inflation, qui évoluera en hausse mais de façon volatile.
devraient redevenir positives l’an prochain.
S’agissant des actions, les révisions des bénéfices devraient redevenir positives l’an prochain. En revanche, Patrice Gautry ne s’attend pas à une nouvelle expansion des multiples mais table sur une stabilisation des bénéfices à même de soutenir les cours. Pour le chef économiste d’UBP, le net rebond des marchés des actions, portés en 2020 par les valeurs technologiques ou les biotechnologies, ne doit pas faire oublier les «opportunités de croissance séculaire» qui existent autour de thèmes comme l’intelligence artificielle, les logiciels loués en tant que services, le changement climatique et les placements durables, la télémédecine, la fintech ou l’essor de l’économie domestique chinoise.
Du côté des marchés des devises, UBP estime que la tendance baissière du dollar devrait se poursuivre l’an prochain, «voire s’accentuer encore en 2021», prévient l’établissement. Le marché baissier que connaît actuellement le billet vert devrait profiter à l’euro, au franc suisse ainsi qu’au dollar australien, canadien ou néo-zélandais. L’or devrait aussi bénéficier de la faiblesse continue du billet vert. Le métal précieux offre aussi encore un potentiel de hausse si l’inflation remonte.
Le bitcoin, qui a connu un rebond spectaculaire au cours des derniers mois, peut-il être considéré comme une alternative à l’or? Aux yeux de Patrice Gautry, le bitcoin reste avant tout «un produit financier hautement spéculatif». Cette monnaie électronique ne peut pas être considérée comme une devise. Selon le chef économiste d’UBP, le bitcoin évolue davantage en miroir du dollar mais non pas en fonction du cours de l’or.