Les titres à revenu fixe en 2024: les chances et les risques

Boutaina Deixonne, AXA Investment Managers

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Les marchés des obligations sont actuellement tiraillés entre les opportunités de rendement élevé et les risques d’inflation.

Photo de Sammie Chaffin sur Unsplash

Dans un environnement marqué par une grande volatilité, le choix de la bonne échéance est essentiel pour assurer le succès. En termes de taux d’intérêt, les scénarios de type «higher for longer» doivent être envisagés. Dans la perspective de l’année 2024, les titres à revenu fixe continuent toutefois d’offrir des opportunités d’investissement intéressantes.

Pour les marchés obligataires, l’année écoulée s’est avérée difficile, et ce, dans le monde entier. Les investisseurs sont certes habitués à une forte volatilité sur les marchés des actions, mais des rendements de moins 10% sur les titres à revenu fixe sont malgré tout chose rare. Entre-temps, la volatilité des marchés s’est éloignée de ses valeurs de pointe, mais demeure néanmoins à un niveau élevé.

Par ailleurs, il n’est pas tout à fait clair si la volatilité inflationniste a réellement diminué: on peut s’attendre à ce que le renchérissement continue de baisser au cours des prochains mois, mais la hausse des prix du pétrole et de l’énergie engendrée par la situation de l’offre pourrait occasionner des contretemps. Ceux-ci pourraient, à leur tour, inciter les banques centrales - qui restent actuellement dans l’expectative - à effectuer de nouveaux relèvements de taux. Pour ce qui est des perspectives de récession, la dynamique économique devrait sans doute perdre de son élan.

Qu’est-ce que cela signifie pour les marchés obligataires?

Les obligations offrent actuellement un rendement attrayant de près de 5% pour des échéances inférieures à cinq ans, ce qui au cours des dix dernières années n’a jamais été le cas sur le marché de l’euro. Par le passé, il y a eu des entreprises qui émettaient des obligations à 0 pour cent ; maintenant, les titres de qualité (c'est-à-dire de type «investment grade») rapportent en moyenne autour de 4% et les obligations à haut rendement environ 6 à 7%.

Dans la catégorie investment grade, il convient de privilégier les entreprises qui présentent une bonne marge Ebitda, des flux de trésorerie élevés, des liquidités satisfaisantes et un endettement modéré. A l’heure actuelle, ce sont des facteurs que l’on trouve fréquemment réunis. Au vu de rendements aussi alléchants, rien d’étonnant à ce que la demande soit forte. La situation ne changera probablement guère durant les douze prochains mois.

Obligations à haut rendement: attention à leur durée

Le segment du haut rendement se distingue nettement de celui de l’investment grade. En 2023, les obligations à haut rendement ont présenté une performance exceptionnelle jusqu’à présent, car l’environnement macroéconomique s’est avéré plus favorable que ce qu’il laissait présager en début d’année.

Malheureusement, ce n’est pas aux afflux de fonds dans les obligations à haut rendement qu’est due cette bonne performance, mais plutôt à une offre insuffisante. Les investisseurs commencent à s’interroger sur l’impact qu’auront l’augmentation des taux de défaut et la croissance plus faible sur les petites entreprises dont la marge de manœuvre est déjà réduite.

Les taux de défaillance ont augmenté, mais restent inférieurs à la moyenne historique. Il faut toutefois s’attendre à une nouvelle hausse dans ce domaine. Dans ce contexte, il reste possible d’identifier du potentiel dans les stratégies impliquant des obligations à haut rendement et à courte échéance. En même temps, on observe encore une forte demande de produits d’investissement à échéance fixe.

Les ETF conviennent-ils aux portefeuilles axés sur les titres à revenu fixe?

Les flux nets vers les ETF (ou «trackers») à revenu fixe sont passés d’une part de 23% des volumes de fonds, en 2021, à 32% en 2022. Cela reflète la tendance des quatre dernières années, une période durant laquelle le volume des ETF à revenu fixe a presque doublé. Il est probable que cette tendance de forte croissance se poursuivra. Certains investisseurs ne sont cependant pas conscients du fait que les ETF peuvent leur procurer un accès à des engagements à revenu fixe.

Les ETF gérés activement constituent en effet une possibilité intéressante de profiter indirectement des rendements attrayants des marchés obligataires. De telles stratégies actives d’ETF offrent les avantages d’une enveloppe ETF (ou «wrapper»), tout en permettant, précisément grâce à une gestion active, de cibler des secteurs prometteurs.

L’aspect de la durabilité et l’analyse du crédit revêtent une importance capitale

Il existe des produits d’investissement qui intègrent aussi des principes de durabilité à leur stratégie d’investissement. Ceux-ci comprennent notamment des critères d’exclusion, un alignement sur les objectifs climatiques de l’accord de Paris - c’est-à-dire la réduction significative de l’intensité carbone des entreprises - ou la prise en compte concrète d’autres objectifs sociaux et de développement.

En plus de ces choix sélectifs, les analyses de crédit devraient porter sur l’ensemble de l’univers d’investissement, en accordant une attention particulière à l’aspect du risque financier et à une gestion disciplinée des risques. Le dialogue direct avec les entreprises dans lesquelles on investit permet de comprendre leur stratégie commerciale et d’évaluer les risques d’ordre ESG.

En résumé: alors qu’une hausse de l’inflation représente encore un risque important pour les marchés, les obligations offrent actuellement des rendements attrayants, et un grand nombre de stratégies proposent des solutions intéressantes pour les investisseurs. En 2024, les placements à taux fixe devraient donc continuer d’offrir des opportunités qui valent la peine d’être prises en considération.

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