Les taux redeviennent la source de risque

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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L’une des raisons de l’anxiété croissante du marché tient au fait que les rendements du Trésor ont rarement été suivis d’aussi près par autant de monde.

Les périodes où les rendements des bons du Trésor se transforment en source de risque pour les marchés financiers peuvent s’avérer inconfortables. Des ruptures se produisent dans les corrélations habituelles, entraînant de situations indésirables pour les investisseurs. Heureusement, les phases de volatilité accrue ne durent généralement pas mais peuvent être assez brutales. Les investisseurs doivent donc s’attendre à une certaine volatilité, en espérant qu’ils disposent de liquidités suffisantes pour saisir les opportunités à venir. 

Le marché nous semble bien préparé pour acheter à la baisse en raison du volume important de liquidités inutilisées, mais chacun sait que l’appétit des investisseurs peut s’amenuiser très rapidement si le marché devient difficile à déchiffrer. C’est ce qui pourrait nous attendre au T4, mais y voyons également une occasion d’entreprendre des améliorations au sein des portefeuilles.

La rapidité de la hausse des taux longs US a déstabilisé les investisseurs qui craignent désormais d’autres mouvements aussi brusques.
Pourquoi les taux sont-il un risque?

L’une des raisons de l’anxiété croissante du marché tient au fait que les rendements du Trésor ont rarement été suivis d’aussi près par autant de monde. Le phénomène qui a déclenché la vague d’incertitude actuelle est une simple hausse de 20 points de base sur le rendement à 10 ans, de 1,3% à 1,50% la semaine dernière. D’un point de vue global, une variation de 20 points de base ne représente pas beaucoup; mais comme pourcentage du rendement actuel total, il s’agit d’une progression importante qui, dans les faits, annule plus d’une année de rendement sur le titre. 

De plus, la rapidité de cette hausse a déstabilisé les investisseurs qui craignent désormais d’autres mouvements aussi brusques. Si le rendement évolue vers 1,75% d’ici la fin de l’année, le marché pourra digérer une progression régulière, mais si le rendement à 10 ans atteint 1,60% à la fin de l’année et 1,70% la semaine suivante, il faudra s’attendre à quelques turbulences alors que nous approchons du mois le plus volatil du calendrier. 

L’inflation va-t-elle persister?

Au T1, les investisseurs ont été alarmés par le déploiement rapide du vaccin (en particulier aux USA), qui a soutenu une croissance économique exceptionnelle au deuxième semestre.  Cette fois-ci, nous sommes confrontés pour plusieurs raisons à un ralentissement de la croissance, bien qu’il survienne depuis des niveaux élevés. Mais le marché s’attend clairement à ce que l’inflation persiste plus longtemps que ne l’affirment les responsables de la Fed. 

Pour le moment, le scénario inflationniste l’emporte sur le message de «ralentissement de la croissance».

Dans le même temps, la Fed paraît presque décidée à commencer le processus de réduction de ses achats d’actifs à l’issue de sa réunion de novembre. En outre, si la grande majorité des économistes prévoient une hausse des rendements d’ici la fin de l’année, les investisseurs ne sont pas aussi pleinement positionnés dans cette optique qu’ils ne l’étaient à la fin du T1. La base courte du marché n’étant pas encore totalement positionnée, les rendements devraient donc encore grimper à mesure que les signes d’une inflation durable se préciseront au T4.

Des semaines turbulentes en perspective

En résumé, pour le moment au moins, le scénario inflationniste l’emporte sur le message de «ralentissement de la croissance». Pour que la pression actuelle sur les rendements se relâche, cette dynamique forte devra s’inverser. Si ce n’est pas le cas, la base courte créera des acheteurs comme au T2, mais cela ne devrait pas arriver avant que les rendements soient un peu plus hauts.

En conséquence, nous pourrions faire face à quelques turbulences saisonnières au moins pour les prochaines semaines.

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