Les Suisses surestiment leur situation financière

Emmanuel Garessus

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Surprise, 80% des sondés prévoient une amélioration de leur situation financière, selon le baromètre de VZ.

©Keystone

Les autorités ne parlent que de crise et de nécessaire sobriété, mais les citoyens restent très optimistes sur leur situation financière. Les perceptions des citoyens sont-elles éloignées de la réalité? Le sondage effectué par le conseiller financier VZ auprès de 700 personnes pour son 4e baromètre de la prévoyance, publié en août, révèle une situation contrastée.

Les rentes se rétrécissent comme une peau de chagrin. En 2002, pour un homme de 55 ans, au bénéfice d’un salaire brut de 120’000 francs, pouvait espérer une rente totale (AVS et 2e pilier) de 74’920 francs à la retraite. En 2022, un homme de 55 ans ne peut espérer que 59’280 francs. La chute de la rente projetée s’élève à 20,9%, estime VZ.

L’impact de l’AVS sur la rente projetée est inverse à celui de la caisse de pension. Depuis 2002, la rente AVS a augmenté de 16% alors que celle du 2e pilier a diminué de 39% pour l’exemple ci-dessus (les statistiques des rentes AVS sont disponibles ici). Or les prestations devraient être encore plus basses à l’avenir, estime VZ. Le phénomène sera aggravé par l’inflation, selon le rapport. Car «si les rentes AVS sont indexées tous les deux ans en règle générale, la prochaine fois en 2023, celles du 2e pilier ne le sont que rarement, en fonction des décisions de chaque caisse», déclare à Allnews Roland Bron, directeur de VZ en Suisse romande.

Malgré cette érosion des rentes, quatre personnes interrogées sur cinq estiment leur situation meilleure qu’il y a un an. Un même nombre prévoit qu’elle s’améliorera «dans un futur proche». Roland Bron en déduit que «beaucoup de Suisses sont trop optimistes quant à leur situation financière à la retraite». Il observe que s’il y a 20 ans les discussions avec les clients intégraient souvent une pré-retraite à 60 ans, un tel scénario est aujourd’hui impossible en dehors des cas d’héritage conséquent.

Risque maximum pour les hauts salaires

Plus les salaires sont élevés et plus la rente projetée diminue. En 2021, la rente totale d’un homme de 65 ans gagnant 100’000 francs par an représentait 54% du dernier salaire, contre 62% en 2002. Pour un revenu de 150’000 francs, elle est passée de 58 à 45%. Par contre pour un revenu de 50’000 francs, elle est presque restée stable, selon VZ.

«Les hauts revenus souffrent plus que proportionnellement des exigences légales en matière de 2e pilier», note Roland Bron. Pour les personnes ayant un revenu allant jusqu’à 86’040 francs par an (part obligatoire LPP), l’institution de prévoyance se doit de respecter le taux de conversion légal de 6,8%. Par contre, pour les bénéficiaires de revenus supérieurs, la partie de leur salaire qui dépasse 86 040 francs est soumise aux décisions de la caisse de pension concernant le taux de conversion (partie surobligatoire), laquelle pratique généralement un taux de conversion très inférieure à 6,8%.

La confiance envers le système de prévoyance a baissé, selon le baromètre. Ils sont 59% à penser que les rentes AVS ne seront plus aussi sûres dans 20 ans et 67,9% que la sécurité de celles des caisses de pension est insuffisante.

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