Les start-up doivent continuer à être des moteurs d'innovation

Tillmann Lang, Yova

2 minutes de lecture

A l’heure de la crise du Covid, comment les start-up suisses gèrent-elles cette période et quel est le soutien dont elles ont besoin?

Pour réussir à créer une start-up, il faut être capable de faire face au quotidien aux difficultés et aux revers. La crise du Covid a accru ces défis pour les start-ups d'une part, mais elle a d’autre part également créé de nouvelles opportunités.

Les ressources financières sont avant tout primordiales - dans une crise comme celle-ci, elles sont encore plus cruciales. La Confédération et les cantons ont rapidement introduit des mesures dans ce domaine, mais elles n'aident pas vraiment les jeunes entreprises, ce pour deux raisons:

  1. De nombreuses mesures ne peuvent tout simplement pas être utilisées par les entreprises en démarrage. Il s'agit, par exemple, des aides aux petites et moyennes entreprises. Les jeunes pousses sont exclues de cette catégorie car elles ne disposent généralement pas encore des revenus nécessaires pour y prétendre.
  2. De plus, les subventions spécifiques aux start-up sont des prêts pour lesquels l'État et/ou le canton se portent partiellement garants. Dans certains cantons comme à Zurich, la garantie n'est que partiellement assurée, ce qui signifie que seules les jeunes entreprises très solides financièrement peuvent obtenir le prêt. Et par nature, les jeunes entreprises ne sont que très peu à être solides financièrement.

C'est pourquoi ce système n’est simplement pas applicable aux start-up. Si ces dernières obtiennent un prêt, il s’avèrera pour eux une charge considérable à long terme. Les prêts existants découragent les nouveaux investisseurs. Des améliorations sont donc nécessaires si la Suisse veut maintenir la compétitivité de son grand écosystème de start-up, il faut agir de toute urgence.

Les start-up actives dans le digital pourraient bénéficier de la crise plus largement,
car beaucoup de gens passent énormément temps en ligne en ce moment.
Le rôle important des entreprises établies

Si la Suisse souhaite conserver son statut de centre d'innovation sur la scène des start-up, il faudra aussi penser à soutenir leurs entreprises en période de crise de manière plus constructive. Pour le reste de l'économie, la Suisse se distingue déjà largement à cet égard. Les entreprises établies peuvent donc jouer un rôle important. Elles doivent continuer à travailler avec les start-ups, même si cela peut signifier pour elles qu’il faudra être un peu plus sélectifs en cette période difficile. Il faut à tout prix empêcher un arrêt de l'innovation. Toutes les jeunes entreprises ont besoin de clients qui sont prêts à essayer de nouvelles inventions et à investir dans des solutions innovantes.

Il est donc important de continuer à promouvoir les conditions-cadres. L'une de nos forces en Suisse est d'attirer les talents. La Crypto Valley et la scène crypto ont jusqu'à présent réussi à le faire. Elle a également fait de la Suisse un lieu encore plus attrayant pour les jeunes entreprises internationales. Le pays est en bonne position. La crise du covid offre une opportunité d'améliorer encore cette place.

Le numérique, un atout majeur

Les start-up actives dans le digital pourraient bénéficier de la crise plus largement, car beaucoup de gens passent énormément temps en ligne en ce moment. À l'heure actuelle, les start-up qui offrent un service que les gens utilisent quel que soit le contexte économique est plus à leur avantage. Quant aux start-up qui utilisent des modèles d'abonnement, où les clients ne doivent pas être constamment être motivés pour acheter, elles s’en sortent encore mieux.

Celles actives dans des besoins considérés un peu plus comme un luxe, soit en excluant la première nécessité, auront peut-être plus de difficultés. Par exemple, on a vu récemment Airbnb qui a dû licencier une grande partie de ses employés. Il en va de même pour les sociétés de TravelTech qui ont acquis une réputation internationale dans le domaine de la technologie des voyages, mais qui souffrent aujourd'hui de restrictions en la matière.

Les périodes de crise permettent de se recentrer sur l'essentiel

En temps de crise, le comportement des consommateurs change également. Nous avons constaté que beaucoup de gens réfléchissent à ce qui est vraiment important pour eux. Certains sont notamment plus motivés à devenir des investisseurs d'impact. Par exemple, la plupart de nos nouveaux clients ont décidé d'investir dans des entreprises qui permettent d’avancer dans la lutte contre la maladie. Mais nos autres thèmes, tels que le changement climatique ou l'égalité des sexes, sont également très demandés. Les jeunes en particulier se tournent vers Robo-Advisor en tant que gestionnaire d'actifs digitaux et entrent ainsi pour la première fois sur le marché des investissements en actions. Le durable n'est pas une tendance. Il s'agit d'un changement majeur dans la façon dont les gens veulent vivre et dont ils prennent des décisions. Et la pandémie du Covid n’est en rien responsable de ce tournant important.

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