Les smart cities, championnes de la gestion des crises sanitaires

Salima Barragan

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Contrairement aux idées reçues, les zones les plus peuplées ne sont pas les plus vulnérables aux pandémies.

Dans une série de trois articles intitulés Des villes (suffisamment) intelligentes1, nous avions abordés les nouveaux défis des métropoles - tels la mobilité, l’inclusion sociale et le respect de l’environnement - en omettant toutefois la sécurité sanitaire. Or, les smart cities ont démontré une bien meilleure gestion de la pandémie que les villes traditionnelles. Ce qui n’est pas étonnant, car le big data est au cœur de leur architecture.

Dans la cité portuaire de Singapour qui recense plus de cinq millions d’habitants, le COVID-19 s’est faiblement propagé et le nombre de décès liés au virus se situe en-dessous du seuil de vingt-cinq personnes2. Son excellent système de santé explique en partie son taux de mortalité très bas. Mais c’est surtout sa capacité à gérer le big data qui a protégé sa population.

La vitesse du temps de réaction des villes est essentielle pour contrer une pandémie. «Les smart cities sont plus susceptibles d'avoir les outils, les données et les analyses de données nécessaires pour agir rapidement car le suivi, la localisation et la surveillance des activités dans ces villes sont des facteurs clés de réussite», expliquait Lukas Neckermann, fondateur de Neckermann Strategic Advisors, au cours d’une conférence organisée par Lyxor pour lancer une série d’ETFs thématiques sur les mégatendances de demain3.

D’ici 2024, l’usage en temps réel du big data
devrait augmenter de 63%.

D’ailleurs, Singapour mais Taipei également, n’en étaient pas à leur première expérience en matière d’épidémie. «L’expertise acquise durant le SRAS a probablement aidé les deux villes asiatiques à agir rapidement, de manière décisive et efficace pendant la crise.  Leur capacité à mettre en place des contrôles à l'arrivée et des vérifications de température, ainsi qu'à appliquer la recherche des contacts rapidement a permis de maintenir le taux de mortalité de Taïwan à un faible niveau. Et alors que d'autres pays débattent encore du système à utiliser, l'application de recherche des contacts de Singapour a été conçue et déployée dès le mois de mars», poursuit le spécialiste en urbanisation.

La crise du COVID-19 pourrait ainsi inciter d’autres métropoles à recourir davantage au big data. «Les villes considérées comme intelligentes sont plus susceptibles de disposer d'un plan de préparation, d'un plan de résilience ou d'un centre d'opérations connecté à un certain nombre de sources de données – capteurs, caméras et autres senseurs», explique Lukas Neckermann. Taipei avait érigé de véritables centres de contrôle pour traquer la propagation du COVID-19.

D’ici 2024, l’usage en temps réel du big data devrait augmenter de 63%. Mais la généralisation de l’utilisation des données, notamment dans le cas des applications de traçage numérique utilisées en Corée du Sud et à Singapour, et qui arriveront prochainement en Europe et en Suisse, pourrait aussi ouvrir la porte à certains abus. Les solutions technologiques ne suffisent pas à rendre une ville smart. Ce sont les hommes qui la rendent intelligente. Dans ce sens, les villes et leurs habitants devront s’accorder, avec une vision et des objectifs communs, pour réussir à se développer et à surmonter les prochaines pandémies sans tomber dans les excès permis par la technologique.

 

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