Les petites capitalisations globales, une carte à jouer en 2023

Yves Hulmann

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Selon Moz Afzal d’EFG, les small caps ont l’avantage de pouvoir s’adapter plus rapidement aux changements de l’environnement économique que les grandes sociétés.

L’inflation finira par s’affaiblir au cours de 2023 mais il faudra aussi tenir compte d’une croissance globale plus modeste. «Après les fortes fluctuations des taux de croissance économique durant la pandémie et la période qui a suivi, 2023 sera l'année du retour à la réalité», anticipe EFG International dans un document consacré aux perspectives pour 2023. Pour l’année qui vient de débuter, les économistes d’EFG anticipent une décélération graduelle des taux d’inflation qui, après le pic atteint au quatrième trimestre 2022, devraient revenir à des niveaux plus proches de ceux de 2021. Aux Etats-Unis, la hausse de l’inflation des prix à la consommation (en comparaison annuelle) devrait décélérer à 3,5% en fin d’année 2023, après un pic à plus de 9% en milieu d’année 2022. Le renchérissement devrait se limiter à 1,5% dans la zone euro à fin 2023, après avoir dépassé les 10% à fin 2022, tandis que l’indice aussi retomber aux environs de 3% au Royaume-Uni d’ici décembre prochain. Ce recul sera rendu possible grâce aux effets de base, à savoir une comparaison favorable avec les mois correspondant de l’an précédent. «Dans l’ensemble, l’optimisme (déplacé) à propos d’une inflation plus basse en 2022 devrait être justifié au fur et à mesure que l’on progressera dans l’année 2023», écrit EFG dans ses perspectives pour 2023.

Croissance atone attendue aux Etats-Unis et dans la zone euro

Selon EFG, les investisseurs devront aussi «revenir à la réalité» en ce qui concerne leurs attentes pour les taux de croissance des principales économies mondiales. Aux Etats-Unis, le produit intérieur brut (PIB) ne devrait progresser que de 0,5% en 2023 (après un taux de 2,1% estimé pour 2022), soit un niveau largement inférieur au potentiel à long terme de la première économie mondiale évalué à 1,8% par an.

Les économies de la zone euro devraient même afficher une croissance nulle en 2023 (après 3,2% en 2022), soit un niveau très en deçà de leur potentiel de long terme (1,2%). En comparaison, l’économie helvétique devrait nettement mieux résister cette année, avec une croissance attendue à 1% pour l’ensemble de 2023 (après 2,2% en 2022), soit un niveau pas si éloigné de son potentiel de long terme (1,5%). Evoluant à contre-courant, la Chine devrait, elle, profiter de la réouverture de son économie après la pandémie, avec un taux de croissance de 4,9% attendu en 2023 (3,3% en 2022), soit davantage que son potentiel de long terme estimé à 4,5% par EFG.

Un parallèle intéressant peut être établi avec les années 1970, une période qui avait été marquée par deux chocs pétroliers ainsi que des taux d'intérêt et une inflation élevés.
Inflation: un repli encore insuffisant

Les économistes d’EFG restent prudents quant aux conséquences que le ralentissement attendu de l’inflation devrait avoir sur l’action des banques centrales. Même si les pressions inflationnistes s’atténueront au fil de l’année, il ne faut pas s’attendre à un changement de cap immédiat du côté des banques centrales. «Le ralentissement de l’inflation sous-jacente aux Etats-Unis en novembre, observé pour le second mois consécutif, constitue un bon signe en vue de la prochaine réunion du comité de politique monétaire du FOMC mais cela ne sera peut-être pas jugé suffisant par la Réserve fédérale», considère Stefan Gerlach, chef économiste chez EFG. En outre, «les données économiques ont parfois évolué de façon erratique ces derniers mois», a-t-il rappelé lors d’une conférence téléphonique consacrée aux perspectives en décembre dernier.

Une capacité d’adaptation plus rapide aux variations de la conjoncture

Dans ce contexte, quels sont les secteurs ou thèmes d’investissement qui méritent d’être suivis en particulier cette année? S’agissant des actions, l’établissement évoque deux catégories de titres qui offrent un potentiel intéressant cette année. En effet, les petites capitalisations regroupées dans l’indice MSCI World Small Cap Stocks ont souvent dégagé de meilleures performances que les grandes capitalisations lorsque les marchés se sont ressaisis après une période de forte correction des marchés. Cela a notamment été le cas en 2003 et en 2009. La banque évoque différents facteurs qui parlent en faveur des petites capitalisations, notamment la grande flexibilité dont ces sociétés font preuve. Les petites capitalisations sont généralement capables de s’adapter plus rapidement que les grandes entreprises à l'évolution de la conjoncture économique, leur valorisation est attrayante par rapport aux grandes capitalisations et elles ont aussi tendance à surperformer les grandes capitalisations sur le long terme. Cela n’a toutefois justement pas été le cas au cours des 5 à 10 dernières années, ce qui créée un potentiel de rattrapage.

Des similarités avec les années 1970

Selon EFG, un parallèle intéressant peut être établi avec les années 1970, une période qui avait été marquée par deux chocs pétroliers ainsi que des taux d'intérêt et une inflation élevés. A cette période, les grandes capitalisations américaines ont essentiellement évolué latéralement, tandis que les petites capitalisations se sont, elles, mieux comportées.

Autre argument mentionné: la tendance mondiale récente en faveur des styles d'investissement passifs a eu pour effet de favoriser les actions des sociétés affichant une grande capitalisation. «Un retour vers des stratégies d'investissement plus actives et la reconnaissance de la valeur qui existe dans le secteur des petites capitalisations suite à leur récente sous-performance devraient créer un environnement propice à une meilleure performance des petites capitalisations en 2023», poursuit EFG dans ses prévisions. A la question de savoir si la Suisse inclut aussi de telles entreprises, Mozamil Afzal, Global Chief Investment Officer chez EFG, estime que la bourse helvétique comprend de nombreuses petites capitalisations qui réunissent ces caractéristiques.  

Rattrapage attendu dans la consommation discrétionnaire

Autre thématique à suivre dans le domaine des actions: les titres des sociétés liées à la consommation globale. EFG s’attend à ce que les pressions sur les dépenses de consommation s'atténuent au fil de 2023. L'inflation commencera à diminuer et, avec elle, la pression sur les coûts de l’emprunt. Les consommateurs seront prêts à puiser davantage dans l'excédent d’épargne qu’ils ont pu constituer pendant la pandémie, en premier lieu aux Etats-Unis mais aussi dans la zone euro et en Chine. De plus, la croissance des salaires devrait rester résiliente, en particulier dans les secteurs qui manquent cruellement de main-d'œuvre, comme l'industrie hôtelière par exemple. Au final, «il y a toujours de grandes quantités d’épargne qui ont été accumulées durant la pandémie. Cela donne beaucoup de possibilités aux consommateurs de pouvoir dépenser une partie de l’argent ainsi épargné, ce qui profitera aussi aux entreprises actives dans les biens de consommation», estime Mozamil Afzal.

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