L'IFC et Amundi ont publié la 7e édition de leur rapport sur les obligations vertes dans les marchés émergents, alors que les émissions mondiales d'obligations (GSSS) ont atteint un niveau record de plus de 1000 milliards de dollars.
Amundi, premier gestionnaire d'actifs européen*, et IFC, membre du Groupe de la Banque mondiale, ont publié leur rapport annuel sur les obligations vertes dans les marchés émergents. Les obligations vertes, sociales, durables et liées au développement durable (GSSS) constituent une classe d'actifs relativement récente, apparue il y a un peu plus de dix ans avec les premières transactions sur les obligations vertes.
Au moment de la rédaction de ce rapport (avril 2025), l'économie mondiale est confrontée à une incertitude accrue, ce qui rend difficile toute prévision concernant les émissions de GSSS à court terme sur les marchés émergents. Toutefois, les facteurs sous-jacents du marché sont évidents, tels que la reprise probable des nouvelles émissions afin de refinancer environ 330 milliards de dollars d'obligations arrivant à échéance au cours des trois prochaines années. D'autre part, trois facteurs sont susceptibles de freiner les nouvelles ventes d'obligations GSSS: le ralentissement de la croissance économique mondiale, les récentes modifications réglementaires en Europe et le sentiment négatif des investisseurs à l'égard des questions environnementales, sociales et de gouvernance.
A plus long terme, les perspectives des obligations GSSS sur les marchés émergents restent solides. Les investissements annuels dans les énergies propres, qui offrent une plus grande efficacité et une sécurité d'approvisionnement, devraient doubler dans les années à venir. Cette croissance devrait être soutenue par un secteur des énergies renouvelables de plus en plus concurrentiel et par les engagements ambitieux des institutions multilatérales.
Les émissions mondiales d'obligations GSSS ont atteint 1000 milliards de dollars en 2024, un niveau record
Cette analyse montre que les émissions mondiales d'obligations GSSS ont atteint un niveau record de plus de 1 000 milliards de dollars en 2024 en valeur brute, soit une hausse de 3% par rapport à l'année précédente. Cependant, la part de cette classe d'actifs dans le total des émissions obligataires a reculé à 2,2% en 2024, contre 2,5% l'année précédente. Ce chiffre reste toutefois bien supérieur au niveau de 0,6% enregistré en 2018.
Sur les marchés émergents, les ventes d'obligations GSSS ont reculé de 14% en glissement annuel. Cette baisse s'explique en grande partie par la diminution des émissions en Chine, les emprunteurs locaux s'étant tournés vers les obligations classiques sur le marché onshore. Un autre facteur à l'origine du recul du marché a été la contraction de 23% des émissions globales de titres à revenu fixe dans les marchés émergents hors Chine, dans un contexte de ralentissement de la croissance économique en Asie et en Europe. Malgré cela, la pénétration des obligations GSSS a atteint plus de 5% dans les marchés émergents hors Chine, un nouveau record qui dépasse les taux observés en Chine et dans les marchés développés.
En termes de prix, la prime verte ou «greenium» (une décote de rendement accordée aux émetteurs d'obligations GSSS) a diminué de plus de moitié, passant de 2,5 points de base en 2023 à 1,2 point de base en 2024, selon les calculs d'Amundi. Dans les marchés émergents, le greenium a pratiquement disparu en 2024, l'offre ayant rattrapé la demande pour ce type d'actifs.
Une diversification croissante
Les émissions mondiales cumulées d'obligations GSSS entre 2018 et 2024 ont atteint environ 5100 milliards de dollars. Au cours de cette période, les émetteurs des marchés émergents ont contribué à hauteur d'environ 800 milliards de dollars, soit 16%. L'un des principaux moteurs de cette croissance est la transition énergétique, qui consiste à abandonner les énergies fossiles au profit d'énergies alternatives ou de technologies plus propres. Les investissements dans les énergies propres sur les marchés émergents ont bondi de plus de 70% depuis 2018, la Chine enregistrant à elle seule une hausse de 170%.
L'appétit des investisseurs s'est également nettement intensifié. Les fonds durables ont atteint 3600 milliards de dollars d'actifs sous gestion en 2024, contre 1400 milliards en 2018, la part des obligations dans les portefeuilles d'investissement passant à 22%. En outre, selon l'OCDE, les institutions multilatérales ont consacré 238 milliards de dollars au financement de la lutte contre le changement climatique dans les marchés émergents entre 2016 et 2022.
Yerlan Syzdykov, responsable mondial des marchés émergents chez Amundi, ajoute: «Le marché des obligations GSSS connaît une diversification importante. Si les obligations vertes ont longtemps dominé les émissions obligataires GSSS sur les marchés émergents, on observe aujourd'hui une transition croissante vers les obligations durables. Cette tendance est particulièrement marquée parmi les institutions multilatérales et, plus généralement, parmi les émetteurs hors Chine qui recherchent la flexibilité offerte par les obligations durables pour financer à la fois des projets environnementaux et sociaux.»
Depuis la fin de la pandémie de COVID-19, la demande de financement dans le domaine de la santé s'est contractée, entraînant une stabilisation des ventes d'obligations sociales. Cette classe d'actifs représente 6% de l'ensemble des émissions obligataires GSSS sur les marchés émergents entre 2022 et 2024. En revanche, les obligations liées au développement durable ont connu une forte baisse. Cela pourrait refléter les critiques croissantes à l'égard de leurs lacunes en matière de conception et de la faiblesse des sanctions qui n'incitent pas efficacement les émetteurs à respecter les objectifs de développement durable fixés dans les conditions des actifs.
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* Premier gestionnaire d'actifs européen en termes d'actifs sous gestion (AUM) et dont le siège social est situé en Europe. Source: IPE «Top 500 Asset Managers» publié en juin 2024, sur la base des actifs sous gestion au 31/12/2023