Les notations ESG ont-elles vraiment du sens?

Andrew Cave, Baillie Gifford

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Les agences de notation doivent relever des défis de taille et savent parfaitement quels aspects leurs ratings couvrent réellement.

De nombreux investisseurs sont convaincus que la durabilité des entreprises (ESG) a une importance majeure pour les rendements à long terme. En toute logique, les caisses de pension et d’autres investisseurs cherchent donc un moyen fiable d'évaluer les performances d'une entreprise à l’aune des critères ESG. Cependant, les notations ESG tels que nous les connaissons actuellement ne sont pas la solution, cela pour trois raisons.

La grande diversité des thèmes ESG constitue le premier obstacle méthodique. Par exemple, quel est le poids accordé aux droits des salariés et aux impacts environnementaux par rapport aux dispositions en matière de gouvernance et à la politique fiscale? Lorsque des thèmes aussi différents sont agrégés dans une seule notation, le danger est grand que d’importants aspects sous-jacents soient occultés.

La deuxième question est de savoir comment évaluer une entreprise du point de vue de l’utilité de ses produits et de l’impact de ses activités commerciales sur les humains et l'environnement. La réponse sera toujours subjective et contestable. Les agences de notation ont donc tendance à n'identifier que les risques ESG. Toutefois, une analyse ESG globale d'une entreprise doit également prendre en compte les avantages ESG, par exemple en quantifiant la contribution sociale de son modèle d’affaire.

Des entreprises solides sont exclues du pool toujours plus large
de capitaux investis selon les principes du développement durable.

Le troisième défi découle du manque d’homogénéité des rapports présentés par les entreprises et des ressources limitées des agences de notation par rapport au nombre d'entreprises qu'elles évaluent. En conséquence, les entreprises sont souvent classées non pas tant en fonction de leurs performances et de leur impact réel, mais plutôt en fonction de la manière dont elles se présentent au public et donc, si elles cochent les bonnes cases ou pas.

Pour être équitable: les agences de notation doivent relever des défis de taille et savent parfaitement quels aspects leurs ratings couvrent réellement. D'autres en revanche considèrent les notations ESG axées sur le risque comme un indicateur direct de la durabilité et utilisent des données agrégées pour «noter» des fonds de placement. Ces notations sont encore davantage faussées par le fait que nul ne tente d’évaluer les personnes ou les processus qui se cachent derrière des différents fonds. Du point de vue de la qualité des investissements responsables ou durables, il serait pourtant tout aussi important de creuser ces domaines que de chercher à savoir comment l’entreprise travaille.

Quelles sont les conséquences? Des entreprises solides sont exclues du pool toujours plus large de capitaux investis selon les principes du développement durable. Les investisseurs doivent se passer du rendement qu'ils auraient pu obtenir en investissant dans des entreprises durables en pleine croissance. Et la société est perdante parce que l'accent excessif mis sur le risque décourage les investissements dans des firmes qui pourraient justement apporter une solution à un certain nombre de problèmes sociaux et environnementaux urgents.

Que doivent donc faire les investisseurs pour intégrer des considérations de durabilité dans leur processus décisionnel?

  1. Pour toutes les raisons précitées, prenez les notations ESG actuelles pour ce qu'elles sont, c’est-à-dire des indicateurs de risque ESG.
  2. Prenez conscience que les risques ESG ne représentent, dans le meilleur des cas, que la moitié de la réponse.
  3. Faites la part des choses et efforcez-vous de trouver par vous-même les meilleurs fonds d'investissement durable.

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