Banques centrales, qu’en attendre? Quatre membres de l'Association des Stratégistes d'Investissement de Genève (ISAG) répondent.
Le risque principal est d’agir trop, trop vite, ou trop peu et trop tard. En de communiquer trop, ou pas assez.
Nous prévoyons une hausse de plus en 2018 et deux en 2019, donc des niveaux de taux «fed funds» à 2,25% en 2018 et 2,75% en 2019, pour la fourchette haute. Rappelons-nous qu’au moment de la Grande dépression, deux erreurs ont été commises: l’absence de liquidité du système financier et le relèvement trop prématuré des taux. Aujourd’hui, les banques centrales ont décidé de ne pas commettre encore une fois la première d’où l’existence des programmes de rachats de titre, et ils vont faire en sorte de ne pas réitérer la seconde.
La BCE a déjà annoncé ces intentions: plus d’achats de titres à partir de janvier 2019 et pas de hausse de taux avant septembre 2019. Par ailleurs, la politique de taux de la BCE est davantage contrainte à la hausse, en raison du niveau de dette de certains pays-membres qu’elle ne l’est à la baisse par le fait que les taux sont déjà bas. Dans ce contexte, l’outil par excellence reste le programme d’achats de titres qui pourrait permettre de surmonter cette difficulté potentielle. Les taux directeurs sont destinés à rester durablement bas par rapport aux niveaux historiques en raison du poids de la dette.
Ils sont les stabilisateurs de la politique monétaire, ce qui n’est pas toute l’économie et cela mérite d’être dit haut et fort car il y a des attentes démesurées sur ce que la politique monétaire peut accomplir. La politique monétaire est comme l’essence de la voiture, indispensable mais sans effet sur la taille du moteur. Pour augmenter les chevaux du moteur, il faut que les gouvernements agissent, mènent une bonne politique fiscale, et mettent en place des réformes structurelles. En somme, la politique économique est composée de deux parties distinctes mais interdépendantes, toutes deux nécessaires, mais aucune d’elles n’est suffisante sans l’autre.
Le risque principal est d’agir trop, trop vite, ou trop peu et trop tard. En outre, elles risquent de communiquer trop, ou pas assez. Il faut également souligner qu’il y a des moments où les acteurs des marchés financiers n’entendent pas les messages, même s’ils sont bien articulés. Il y a donc un risque d’impuissance face à certains évènements. Mario Draghi a souvent parlé de l’«angst» de la semaine dans les marchés, illustrant peut être sa propre frustration. Dans l’ensemble, il faut reconnaître que sans les banques centrales, la crise de 2008 aurait pu ressembler davantage à la Grande dépression. Aujourd’hui, avec des gouvernements inactifs ou «économiquement incompétents», le risque de revivre une telle crise est croissant.
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