Banques centrales, qu’en attendre? Quatre membres de l'Association des Stratégistes d'Investissement de Genève (ISAG) répondent.
Dans un contexte de quasi-plein emploi et de normalisation de l’inflation aux Etats-Unis, la Réserve Fédérale américaine n’a aucune raison de dévier de son rythme trimestriel de hausse des taux. Il devrait donc y avoir encore 2 hausses de taux cette année, une en septembre, et une dernière en décembre, pour ancrer le taux directeur dans une fourchette de 2,25%-2,5%.
Ce rythme de hausse des taux une fois par trimestre devrait se poursuivre dans la première moitié de 2019 pour s’interrompre lorsque les taux atteindront la fourchette de 3,0%-3,5%, ce que nous considérons être le pic du cycle de resserrement.
2018 marquera la fin des achats d’actifs par le BCE et 2019 celle des taux négatifs.
Les conditions économiques en zone Euro ne justifient plus une politique monétaire de gestion de crise. Le chômage est en baisse, la croissance soutenue au-dessus des 2%, et l’inflation sous-jacente se normalise au-dessus des 1,0%.
Il est certainement trop tôt pour que la Banque Centrale Européenne se lance dans un véritable cycle de hausse de taux, ce sera peut-être l’histoire de 2020. Mais fin 2019, avec une première étape en septembre puis une seconde en décembre, la BCE devrait être en mesure de ramener son taux de dépôt de -0,4% à 0,0%.
Les banques centrales agissent dans le respect de leur mandat quiest la stabilité des prix, et le plein emploi pour l’une d’entre elle.
Lorsque l’emploi s’améliore et les prix montent, ne serait-ce que très graduellement, les banques centrales n’ont d’autre choix que de normaliser leurs politiques monétaires.
C’est en ce sens qu’elles assurent leur rôle de stabilisateur. On ne peut aujourd’hui reprocher aux banques centrales de normaliser leurs politiques monétaires. Elles le font en cohérence avec des conditions économiques qui ne sont plus des conditions de crise. Ceci étant dit, si des facteurs exogènes ou endogènes avaient le potentiel de détériorer ces mêmes conditions économiques, les banques centrales réagiraient en conséquence.
Depuis le milieu des années 1980, les grandes corrections boursières ont toutes été précédées de taux réels américains* ayant atteint des niveaux trop élevés que l’on pourrait qualifier de restrictifs.
Aujourd’hui, les taux directeurs réels américains sont proches de zéro, ce que l’on peut difficilement qualifié de prohibitif. Un danger serait donc de voir les taux réels américains 1% ou 2% au-dessus des niveaux actuels ce qui mettrait certainement en danger l’expansion économique et boursière en cours.