Janvier 2024 a vu l’arrivée des ETFs spot Bitcoin, des produits financiers disponibles en bourse répliquant le cours de Bitcoin, basés sur des réserves un pour un en Bitcoin. Ces produits ont connu un énorme succès, et ont battu des records de volumes et d’entrées nettes sur le marché des ETFs. Ce succès traduit une reconnaissance des produits crypto par le monde institutionnel, et leur donne en quelque sorte leurs lettres de noblesse.
Ainsi, Morgan Stanley est le dernier acteur à autoriser ses courtiers à investir sur ces ETFs.
Après ce succès, Blackrock et les autres gestionnaires d’ETFs Bitcoin ont rapidement proposé de nouveaux produits, cette fois basés sur Ethereum, le deuxième actif en termes de valorisation sur le marché crypto, et le premier en termes d’utilisation. Pour rappel, Bitcoin représente aujourd’hui plus de 55% de la valorisation totale du marché, et Ethereum 15%. C’est donc la suite naturelle de la stratégie autour des ETFs pour ces entreprises.
Pourtant, créer un ETF sur Ethereum a été plus problématique que sur Bitcoin. La SEC a longtemps considéré Ethereum comme une valeur mobilière, qui devrait être soumise à une réglementation beaucoup plus stricte que Bitcoin. Et la capacité d’Ethereum à faire du staking, qui rapporte des fonds supplémentaires aux investisseurs qui en valident les transactions, a longtemps conforté le gendarme américain dans son opinion sur ce crypto-actif.
Quelques jours avant la décision finale de la SEC, Bloomberg ne donnait donc qu’une probabilité d’acceptation de ces nouveaux outils à 25%. Ce fut donc une surprise pour le marché dans son ensemble que la SEC accepte leur création. Une fois cette barrière dépassée, ce sont huit ETFs spot Ethereum qui se sont alignés pour être tradés à partir du 23 juillet.
L’intérêt des investisseurs a été moins grand que pour Bitcoin. Si la première semaine a vu des entrées nettes de près d’un milliard de dollars, c’est surtout parce que le fonds Grayscale, qui auparavant était le seul outil pour que les institutionnels puissent s’exposer à Ethereum, a subi des sorties sensiblement équivalentes. La raison de ce transfert de masse est à chercher dans les frais de fonctionnement : près de 2,5% pour Grayscale, contre moins de 1% pour les nouveaux ETFs disponibles.
Cet état de fait reflète la prépondérance de Bitcoin sur le marché crypto. Hors l’actif dominant, il y a encore peu de connaissance du sujet et Ethereum en pâtit, malgré son attractivité technologique. D’ailleurs Blackrock a d’ores-et-déjà annoncé qu’il ne considérait à l’heure actuelle pas ajouter de nouveaux ETFs relatifs aux crypto-actifs à son portefeuille.
Le succès des ETFs Bitcoin n’a donc pour le moment pas rejailli sur ceux basés sur Ethereum. A mesure que le marché mûrit, cet état de fait pourrait changer, et nous ne serions pas étonnés que des ETFs basés sur des paniers de cryptos fassent leur apparition dans un futur proche.