Les détenteurs d'obligations Tesla dans le dur

Mark Holman, TwentyFour Asset Management

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Nous avons suivi l’actualité vrombissante de Tesla avec intérêt et curiosité, mais heureusement pas en tant qu'investisseurs.

Comme beaucoup d'entre vous, nous avons suivi les derniers développements de l'histoire de Tesla avec intérêt et curiosité, mais heureusement pas en tant qu'investisseurs...

Selon toute vraisemblance, il sera pratiquement impossible pour Elon Musk de réunir les fonds nécessaires à la privatisation de Tesla en suivant les voies normales. Ajouter encore de la dette sur le dos du constructeur déjà déficitaire est tout simplement inimaginable pour un créancier. Les besoins de Tesla en matière de financement pour se privatiser dépasse de loin la tolérance au risque des investisseurs qui financent généralement ce type d'opérations. D'où la curiosité des observateurs, et l'enquête lancée par la SEC.

Pour rappel, la note de Moody's pour les obligations Tesla est Caa1 avec une perspective négative. Les obligations à 5,3% émises l'été dernier n'ont jamais été négociées au-dessus du pair et se situent aujourd'hui à un prix au comptant d'environ 87, ce qui implique un rendement de 7,75% jusqu'à l'échéance en 2025. Augmenter la dette à des rendements encore plus élevés nécessiterait une solide génération de flux de trésorerie pour assurer le service de cette dette, et Tesla est loin d'y parvenir - confirmant qu'une opération impliquant davantage d'endettement serait très difficile à mener à bien.

La privatisation ne ferait qu'irriter davantage les détenteurs d'obligations.

De plus, les investisseurs de crédit sont généralement rassurés par la rigueur et la transparence nécessaires à la gestion d'une société cotée, de sorte que la privatisation ne ferait qu'irriter davantage les détenteurs d'obligations. Réaliser le rêve de Tesla n'est pas un risque que les investisseurs obligataires voudront prendre, alors que, étant donné le potentiel de hausse, les détenteurs d'actions pourraient bien réfléchir différemment. Elon Musk a beaucoup d'adeptes fidèles, ce qui pourrait lui permettre de convaincre un nombre important d'investisseurs de détenir les actions d'une entité non cotée, mais que vont devenir les détenteurs d'obligations?

Les obligations seraient-elles simplement transférées dans la nouvelle structure? S'il n'y a pas techniquement de changement de contrôle, ce qui nécessiterait un nouvel actionnaire majoritaire, il n'y a pas d'obligation légale de racheter les obligations avant l'échéance. Cela pourrait être le scénario catastrophe pour les détenteurs d'obligations et nous nous attendons à ce que les prix chutent fortement en conséquence.

S'appuyer sur les rêves dans le monde obligataire
n'est généralement pas une stratégie payante.

Par contre, si un changement de contrôle venait à se produire, les détenteurs d'obligations auraient le droit de recevoir 101,00 de façon à ce que l'opération soit acceptée. Un scénario de rêve! Mais s'appuyer sur les rêves dans le monde obligataire n'est généralement pas une stratégie payante. Et puis, il y a toute une série d'autres situations où l'actionnariat change, sans qu'il n'y ait d'actionnaire majoritaire. Les nouveaux actionnaires peuvent alors, par exemple, vouloir assainir la dette, avec une offre inférieure à la valeur nominale des obligations.

Privatiser Tesla serait une opération extraordinaire et cela impliquerait une grande transformation de l'actionnariat. Sans garantie quant au résultat. Est-ce probable? Vraisemblablement pas, mais une chose est sure: il est presque certain que le voyage des détenteurs d'obligations pourrait bien s'avérer des plus mouvementés.

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