Entre taux bas, transposition de Bâle 3, stress test ou encore concurrence accrue, le secteur va être particulièrement animé. Tour d’horizon.
Le secteur bancaire se prépare à une année 2020 épineuse, la persistance des taux d’intérêt très bas et la conjoncture économique incertaine assombrissant l’horizon. En pleine transformation pour s’adapter à la révolution numérique, les banques sont également confrontées à une concurrence accrue.
Voici encore un an, nombre d’acteurs financiers espéraient que la Banque centrale européenne remonte progressivement les taux d’intérêt en Europe. Or dans un contexte de multiplication des incertitudes, l’institution monétaire de Francfort a décidé de reporter ce resserrement et s’est remise à déverser des montagnes d’argent frais sur le système financier pour soutenir l’économie.
Cette politique s’avère coûteuse pour les banques, pénalisées par un taux négatif appliqué sur leurs dépôts de liquidités excédentaires auprès de la BCE, même si ce mécanisme a été assoupli en septembre. Cela entame aussi la rentabilité de leur activité de prêt en réduisant chaque fois davantage la marge entre le taux d’intérêt auquel les établissements bancaires prêtent et celui auquel ils se refinancent.
Les conséquences de cette situation, appelée encore à durer cette année, deviennent très concrètes, comme par exemple en Allemagne la taxation des dépôts de clients particuliers à partir d’un certain seuil. Dernière illustration en date en France: la dépréciation annoncée mardi de LCL, banque de détail de Crédit Agricole SA, à hauteur de 600 millions d’euros qui affectera le résultat net du groupe bancaire.
Les banques européennes multiplient les mises en garde contre les dernières modalités d’un vaste éventail de réformes, dites «Bâle 3», engagées après la crise financière de 2008-2009 et négociées au niveau international.
Le dernier volet, fruit d’un accord entre superviseurs et banquiers centraux internationaux signé en décembre 2017, vise à définir certaines règles de calcul des risques présents dans les bilans des banques et à réduire les disparités en la matière d’un établissement ou d’un pays à l’autre.
Des négociations doivent s’ouvrir d’ici à mi-2020 pour transposer cet accord dans le droit européen. Mais, depuis octobre, la Fédération bancaire européenne mène un lobbying contre sa transposition en l’état, celle-ci pouvant désavantager les établissements européens par rapport aux américains avec des exigences en capital trop importantes.
Dans la ligne des exercices précédents, les autorités européennes mèneront l’an prochain une série de tests pour mesurer la résistance des établissements bancaires européens face à divers types de chocs.
Le lancement de ce nouvel exercice est prévu pour janvier 2020 et les résultats seront publiés fin juillet. L’attention sera portée sur différents risques susceptibles de peser sur la solvabilité: risque de crédit, risque de marché, risque de contrepartie et risque opérationnel.
En parallèle, la France mènera en 2020 un test de résistance financière pour évaluer la capacité des grands groupes bancaires et d’assurances à faire face au risque climatique.
2019 a été une année noire pour l’emploi bancaire en Europe avec plus de 50'000 suppressions de postes annoncées par la plupart des grands groupes.
Principales raisons de ces réductions? Un contexte difficile pour le secteur bancaire confronté aux taux bas rognant sur ses marges, des tensions politico-commerciales provoquant une volatilité sur les activités de marché, des clients privilégiant les services en ligne aux visites en agence, ainsi qu’une concurrence accrue de nouveaux acteurs technologiques.
Cette combinaison de facteurs a conduit les banques, ces dernières années, à réduire la voilure tant en nombre d’agences que d’employés pour maintenir leur rentabilité.
La tendance n’est pas près de s’inverser, comme le mentionnait récemment Jean-Pierre Mustier, patron de la banque italienne Unicredit, qui va supprimer 8.000 postes d’ici 2023. «Il faut s’attendre à des réductions» d’emploi en Europe, soulignait-il, évoquant également une croissance molle sur le continent.
En 2020, le géant britannique HSBC pourrait être l’un des premiers groupes bancaires à sabrer dans ses effectifs. Selon le Financial Times, la banque envisage de supprimer 10.000 postes en vue de réduire ses coûts.
Les établissements financiers continueront à scruter les incursions des géants de la tech dans leur secteur.
Si jusqu’à présent, les Alibaba, Tencent et autres Amazon ne concurrencent pas directement banques ou assurances traditionnelles, en Europe, leur irruption dans la finance n’en donne pas moins le tournis.
Tout dernièrement, le groupe Uber a dévoilé les contours d’Uber Money, nouvelle branche dédiée aux services financiers, qui doit notamment développer un «portefeuille numérique», quand Google se prépare à lancer l’an prochain une offre de compte courant, en partenariat avec Citigroup, avec potentiellement à la clé des millions d’utilisateurs dans le monde.