Le retour des rescapés

Yves Hulmann

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Lentement mais sûrement, les titres des compagnies aériennes, tours opérateurs et exploitants de chaînes d’hôtels redressent la barre.

S’il est un sujet incontournable en cette fin du mois de mars, c’est bien celui de savoir ce qu’il sera possible de faire, ou non, durant les vacances de Pâques - et, encore plus, au cours de l’été prochain. Avec l’arrivée du printemps, compagnies aériennes, tours opérateurs et autres plateformes de réservation en ligne redoublent d’efforts pour nous rendre attentifs à toutes les offres à prix cassés et autres occasions uniques à saisir pour l’été et l’automne prochain.

Sur les marchés, les entreprises liées au transport aérien et au secteur des loisirs - des branches vouées aux gémonies tout au long de 2020 – retrouvent peu à peu les faveurs des investisseurs. En milieu de semaine dernière, Ryanair s’est montrée optimiste pour l’été prochain, la compagnie aérienne irlandaise prévoyant de tourner à environ 80% de ses capacités entre juillet et septembre. Et même si le leader du secteur anticipe toujours une gigantesque perte estimée entre 850 et 950 millions d’euros pour l’exercice 2020-2021, les investisseurs ne font pas la fine bouche. L’action, en hausse de 4% depuis le début de l’année, vaut désormais à nouveau davantage qu’en janvier 2020, avant la survenance de la crise sanitaire. 

Flughafen Zürich table sur un retour à la normale… en 2025 seulement.
Une prudence qui a néanmoins suffi à rassurer les investisseurs.

Même si les analystes restent généralement prudents au sujet des compagnies aériennes, cela n’a pas empêché plusieurs de ces titres de rebondir. L’action de Lufthansa, propriétaire de Swiss, a par exemple regagné 8% depuis le début de l’année. La confiance revient aussi du côté des entreprises qui dépendent fortement du secteur aérien mais qui n’ont pas la chance de profiter des aides publiques mises à disposition par certains pays pour sauver leurs compagnies aériennes. Ainsi, à la mi-mars, Flughafen Zürich, l’exploitant de l’aéroport zurichois, a publié une perte nette de 69 millions de francs pour l’exercice 2020, contre 309 millions de bénéfices un an auparavant. Prudent au sujet de ses perspectives, l’exploitant du plus grand aéroport de Suisse a indiqué s’attendre à un retour à la normale… en 2025 seulement. Un message qui a néanmoins suffi à rassurer les investisseurs: le titre a clôturé en nette hausse le jour de la publication de ses chiffres. 

Egalement très durement affecté par la pandémie, Dufry, l’exploitant bâlois de boutiques hors-taxes dans les aéroports, fait aussi partie des titres qui retrouvent peu à peu les faveurs des investisseurs. Depuis début janvier, son titre a regagné plus de 13%, gagnant même jusqu’à 20% par moment. Même tendance chez Valora, dont le titre s’inscrit en hausse de 22% cette année. L’exploitant de kiosques, qui est aussi propriétaire des Caffè Spectacolo et de la marque ok, s’est pourtant montré prudent pour la suite, s’abstenant de formuler des prévisions pour le reste de l’année lors de la publication de ses résultats.

Les chaînes d’hôtel et autres plateformes de réservation en ligne bénéficient
déjà largement des anticipations de sortie de crise grâce aux vaccins.

Pour compléter le tableau, les chaînes d’hôtel et autres plateformes de réservation en ligne bénéficient aussi déjà largement des anticipations de sortie de crise grâce à la généralisation des vaccins. Depuis début janvier, l’action d’AirBnB, la plus grande plateforme de réservation en ligne d’appartements, a regagné plus de 20%, après s’être même appréciée de 40% à la mi-mars. Le titre de Booking.com avait déjà fortement rebondi l’automne dernier. L’action du groupe français Accor s’inscrit, lui, en hausse de 9% depuis début janvier, après avoir gagné par moment jusqu’à 17% à la mi-mars.

Mais attention toutefois à ne pas céder à l’euphorie. Le retour à la normale pourrait nécessiter plus de temps qu’escompté l’automne dernier. La sortie de crise est un parcours qui reste semé d’embûches, comme le montrent les retards pris par les campagnes de vaccination en Europe ou les nombreux rebondissements au sujet de l’utilisation du vaccin d’AstraZeneca. Ces difficultés n’ont pas échappé aux investisseurs. Après avoir régulièrement progressé jusqu’à la mi-mars, les titres d’une vingtaine de sociétés susceptibles de profiter de la détente attendue de la crise sanitaire, regroupées au sein d’un «recovery basket» consacré à ce secteur, ont perdu de leur élan ces derniers jours. Les incertitudes quant à l’évolution de la situation incitent les investisseurs à la prudence envers les titres liés au transport aérien, au tourisme ou à l’industrie du loisir. «Une hirondelle ne fait pas le printemps», ne manque pas de rappeler un proverbe de circonstance.

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