Le retour des actions à dividendes

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Les actions à dividendes offrent un double avantage: des revenus réguliers et une participation au potentiel de croissance des entreprises, à condition de bien choisir.


La situation actuelle des marchés financiers se caractérise par une incertitude persistante: croissance économique atone, inflation tenace, tensions géopolitiques, cycles de taux en transition. Pour les investisseurs, il devient de plus en plus difficile d’éviter la volatilité ambiante. Dans ce contexte, une réponse efficace consiste à diversifier largement son portefeuille: par zones géographiques, devises, secteurs et styles d’investissement. Et au sein de cette approche, les actions à dividendes s’imposent comme une solution robuste et pertinente.

Une stratégie de dividendes consiste à sélectionner des entreprises versant des dividendes supérieurs à la moyenne du marché. L’objectif n’est pas simplement de générer un revenu, mais de construire une source de performance équilibrée entre flux de dividendes réguliers et potentiel de valorisation à long terme.

En Suisse, les actions à dividende élevé se trouvent surtout dans la finance, l’industrie et la santé. Zurich Insurance (4,9%) et Swiss Life (4,3%) dominent le secteur financier. Dans l’industrie, les rendements sont plus modérés: Sulzer (2,8%), Acceleron (2,6%), SFS (2,1%), VAT (2,0%) et ABB (1,9%). Novartis offre 3,8% dans la santé. Nestlé affiche 3,5% dans la consommation de base, Swiss Prime Site 3,0% dans l’immobilier, et Givaudan (1,7%) et Sika (1,6%) complètent les matériaux. Les meilleurs rendements restent concentrés dans les secteurs défensifs et assurantiels.
Contrairement aux idées reçues, une stratégie centrée sur les dividendes ne sacrifie pas la performance. Selon les données de MSCI, la performance annualisée du MSCI World High Dividend Yield est très proche de celle du MSCI World sur les 26 dernières années. La différence principale réside dans la contribution des revenus: dans une stratégie dividende, les versements réguliers représentent une part plus importante de la performance totale, réduisant la dépendance aux seuls mouvements de cours.

Mais toutes les entreprises à hauts dividendes ne se valent pas. Certaines peuvent afficher un rendement élevé simplement parce que leur cours de Bourse a chuté – souvent le symptôme de perspectives dégradées. Une stratégie sérieuse se concentre donc sur des sociétés affichant à la fois un rendement attractif et une capacité démontrée à maintenir, voire augmenter, leurs dividendes dans le temps. Ce sont ces critères de stabilité et de qualité qui différencient les approches opportunistes des stratégies durables.

Les portefeuilles dividendes présentent aussi des spécificités sectorielles et géographiques intéressantes. Là où le MSCI World est aujourd’hui largement dominé par les géants technologiques américains, une stratégie à dividendes surpondère les secteurs européens à forte génération de trésorerie: finance, industrie, consommation de base. Cette diversification structurelle renforce la résilience du portefeuille en réduisant la dépendance à quelques méga-cap américaines.

Par ailleurs, les actions à dividendes deviennent particulièrement attractives dans un environnement de taux d’intérêt faibles ou en baisse. Aujourd’hui, le taux directeur de la BCE s’élève à 2,25% et devrait être abaissé prochainement. Les obligations souveraines à court terme, comme les Bunds allemands à 2 ans, offrent un rendement inférieur à 2%. Dans ce contexte, un dividende annualisé de 3% est non seulement compétitif, mais il offre aussi un potentiel de revalorisation absent dans les actifs obligataires traditionnels.

Les actions à dividendes offrent ainsi un double avantage: des revenus réguliers (idéal pour les investisseurs à la recherche de rendement dans un environnement incertain) et une participation au potentiel de croissance des entreprises, à condition de bien choisir. Les entreprises qui maintiennent ou augmentent régulièrement leur dividende tendent à surperformer à long terme, car elles témoignent d’une discipline financière, d’un cash-flow robuste et d’une gouvernance de qualité.

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