Une saison des résultats incertaine

Arthur Jurus, ODDO BHF

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Les marchés devraient traverser une phase de volatilité accrue, où des opportunités pourraient toutefois émerger.

Les investisseurs abordent la saison des résultats du premier trimestre 2025 avec une attention soutenue. Ces publications couvrent en effet les premiers mois du second mandat du président américain Donald Trump, marqué par un net durcissement de la politique commerciale des Etats-Unis. Cette nouvelle donne alimente l’incertitude économique et pèse sur la lisibilité des perspectives de marché.

Les premières tendances observées sont néanmoins nuancées. En Europe, de nombreuses entreprises ont surpris positivement. Les résultats de groupes comme Deutsche Bank ou Cap Gemini ont dépassé les attentes et soutenu les marchés boursiers. Aux Etats-Unis, la dynamique est également encourageante en surface. Selon Factset, plus d’un tiers des entreprises du S&P 500 ont déjà publié leurs résultats, et près de trois quarts d’entre elles ont affiché un bénéfice par action supérieur aux prévisions, souvent prudentes.

Certaines grandes capitalisations du secteur technologique ont concentré l’attention. Amazon, Apple, Meta et Microsoft ont déjà communiqué. Amazon, malgré un bénéfice par action supérieur aux attentes, a vu son titre reculer, les investisseurs ayant sanctionné des perspectives prudentes. Apple a, quant à lui, annoncé que les hausses de droits de douane pourraient entraîner une hausse des coûts de 900 millions de dollars. Le groupe a parallèlement réduit son programme de rachat d’actions, ce qui a pesé sur son action. A l’inverse, Microsoft a rassuré avec des résultats solides portés par le cloud, tandis qu'Alphabet a vu ses revenus progresser de 15% et son bénéfice net de 46%, sans toutefois déclencher l'enthousiasme des marchés.

Ces résultats mitigés s’inscrivent dans un contexte économique global fragilisé. En avril, l’administration américaine a drastiquement relevé les droits de douane, portant le taux effectif à 23%, contre seulement 2,3% fin 2024. Ce relèvement, le plus significatif depuis la Seconde Guerre mondiale à un choc fiscal de 730 milliards de dollars, soit 2,4% du PIB des Etats-Unis. L’impact sur l’économie mondiale est inévitable. Le FMI a d’ailleurs revu à la baisse ses prévisions de croissance: de 2,7% à 1,8% pour les Etats-Unis, de 4,6% à 4,0% pour la Chine, et de 3,3% à 2,8% pour le monde. Seule la zone euro semble relativement épargnée, avec une prévision passant modestement de 1,0% à 0,8%.

Cette nouvelle donne commerciale bouleverse l’équilibre des chaînes de valeur mondiales et la planification des entreprises. Apple, fortement exposé à la Chine, illustre cette vulnérabilité. D’autres entreprises réagissent. IBM, par exemple, a annoncé un plan d’investissement de 150 milliards de dollars aux États-Unis pour renforcer ses capacités locales.

Les indicateurs avancés confirment par ailleurs un ralentissement économique. La dernière enquête PMI a mis en évidence un repli marqué des perspectives de production, en particulier dans les services, traditionnellement plus résilients. Les entreprises anticipent des mois plus difficiles. La révision à la baisse des estimations de bénéfices est significative: pour 2025, elles ont été réduites de 3,1% aux Etats-Unis et de 2,5% en zone euro. Certaines entreprises, comme Schneider Electric, ont déjà abaissé leurs prévisions de marge pour l’année.

Dans ce climat incertain, les marchés devraient traverser une phase de volatilité accrue. Toutefois, des opportunités pourraient émerger. La stratégie consiste à adopter une approche sélective, en privilégiant les phases de repli pour renforcer progressivement l’exposition aux actions.

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