Le monde à l'orée de la stagnation

Salima Barragan

2 minutes de lecture

Les pays développés sont plus vulnérables à la récession que les régions émergentes estime Alejandra Grindal économiste en chef pour Ned Davis Research.

Les indicateurs avancés de l’activité industrielle pour le mois de juillet ne sont guère réjouissants. Le PMI global composite de 50,9 a touché son niveau le plus bas depuis juin 2020, alors que les mesures pour contrer la pandémie avaient gelé des pans entiers de l’économie. En outre, le PMI des pays développés est passé pour la première fois en deux ans sous le seuil des 50 points, ce qui indique une contraction de la croissance. «Cette dernière lecture des PMI, dans un contexte d’inflation, est à la limite de la stagnation», prévient Alejandra Grindal, économiste chez BCA.

Les Etats-Unis sont mitigés alors que l'Europe s'effondre

L'indice PMI composite de la zone euro a plongé en territoire de contraction pour la première fois depuis le mois de février 2021. La baisse de la production manufacturière, qui a atteint son niveau le plus bas depuis mai 2020, en constitue le principal moteur. Près des trois quarts des économies en Europe ont signalé des retournements dans le secteur manufacturier; une situation plus revue depuis le confinement de 2020. En revanche, l'indice PMI des services qui a également décliné, reste en territoire d'expansion. «Les données PMI de juillet ont déclenché deux indicateurs supplémentaires dans notre Rapport de surveillance de la zone euro. Parce que la majorité d'entre eux étant désormais en territoire négatif, la récession semble très probable à court terme», explique Alejandra Grindal.

De l’autre côté de l’Atlantique, le S&P Global Composite PMI a plongé de 4,6 points à 47,7, ce qui représente également le plus bas niveau depuis le mois de mai 2020, en raison d'une contraction de l'activité dans les l'activité des services et de l'industrie manufacturière. Étrangement, les indices ISM ont toutefois continué à afficher une croissance ferme, pointant un développement plus rapide du secteur des services. «Alors que l'ISM est généralement plus élevé que l'indice S&P Global, des divergences aussi importantes n'ont été observées que lors du début de la crise du COVID, reflétant vraisemblablement un certain biais et des distorsions dans la base d'enquête. Cependant, les lectures mitigées sont souvent indicatrices de points de retournement, et compte tenu de l'environnement actuel, il est probable que l'économie américaine continue de ralentir», analyse-t-elle.

Le coût de la vie se modère

En revanche, les dernières données sur l’inflation indiquent clairement que les pressions sur les prix continuent de s’atténuer, bien qu’elles restent à un niveau historiquement significatif. «L'indice composite mondial des prix des intrants a baissé pour le troisième mois consécutif, pour atteindre 67,7, son plus bas niveau depuis cinq mois», précise Alejandra Grindal.

L'indice des prix à la production s’est replié davantage, tombant à 58,1, ce qui constitue son plancher sur les 10 derniers mois. «Si cela est de bon augure pour les acheteurs finaux, l'absence de ralentissement similaire du coût des intrants, qui a laissé la différence l'écart entre les deux indices de prix a atteint un niveau record, comprime les marges des entreprises», note l’économiste. La croissance des prix et des coûts dans les secteurs des services et industriel a également diminué. Toutefois, les prix ont reflué plus rapidement dans l'industrie manufacturière, reflétant l'évolution de la demande des consommateurs.

L'indice des prix à la production des économies développées a dégringolé de près de huit points depuis son sommet d'avril. «C’était pendant les premiers blocages du COVID en 2020 que l'indice avait chuté aussi vite. Cela suggère fortement que l'inflation de l'indice des prix à la consommation va diminuer sur le court terme», commente-t-elle. La croissance des prix sur les marchés émergents, dont le pic a été atteint en 2021, continue également de ralentir.

A lire aussi...