Le dernier cri sur les marchés financiers

Thomas Meier, MainFirst Asset Management

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Pantalons pattes d’éléphant et jeans délavés: autrefois au sommet de la mode, ils sont aujourd’hui oubliés, tout comme les grands conglomérats.

Qui ne se souvient pas des erreurs vestimentaires de sa jeunesse? Le monde de la mode évolue sans cesse, et tout le monde est à la recherche du dernier cri. Ce phénomène, bien présent dans notre quotidien, existe aussi sur les marchés financiers. Il ne s’agit pas ici de tendances de mode dans le secteur des investissements, mais des préférences saisonnières des investisseurs en matière de structuration des entreprises. Là aussi, on observe des changements réguliers, bien que les cycles soient plus longs que ceux des défilés à Paris ou à Milan.

Dans les années 1960 et 1970, les entreprises à large spectre, organisées en conglomérats, étaient très prisées. Grâce à leur portefeuille diversifié d’activités, elles pouvaient absorber les cycles conjoncturels et sectoriels. En somme, une préférence pour des «supertankers» capables de naviguer sur des eaux agitées. L’exemple classique est le conglomérat américain ITT, qui, dans les années 1960 et 1970, investissait dans des domaines aussi variés que l’électronique, les assurances, l’hôtellerie, la location de voitures et les pièces automobiles.

La prudence qui a suivi la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt pourrait s’atténuer avec une reprise économique.

Dans les années 1980, sous la pression des «raiders» et des junk bonds, les entreprises ont commencé à se recentrer, bien qu’un grand nombre d’entre elles soient restées diversifiées. Des géants comme Siemens en Europe ou General Electric, leader mondial en capitalisation boursière autour de l’an 2000, en sont des exemples. General Electric offrait alors des produits aussi divers que des turbines d’avion, des appareils électroménagers, des médias et des services financiers.

Spin-off et introductions en Bourse: baromètres de tendance

Depuis la crise financière mondiale de 2008, le goût des investisseurs a radicalement changé. Les conglomérats largement diversifiés ont été relégués au placard. Les investisseurs préfèrent désormais des «hors-bords» rapides et agiles. Les spin-off, les cessions d’activités ou les introductions en bourse sont devenus le dernier cri.

Les investisseurs institutionnels et activistes privilégient les entreprises focalisées sur leurs activités principales, à qui ils attribuent une meilleure valorisation. La fameuse décote des conglomérats tend à disparaître à long terme. Ainsi, des entreprises scindées, comme certaines branches de General Electric, rencontrent aujourd’hui du succès en bourse. En Europe, cette tendance à la concentration sur les activités principales est également marquée: Siemens avec Energy et Healthineers, Novartis avec Sandoz ou encore ABB avec Accelleron en sont des exemples.

Et après? Le cycle de la mode continue

Ce «phénomène de mode» devrait se poursuivre encore longtemps. Les dirigeants de conglomérats comme Bayer, BASF, DHL ou OC Oerlikon devront régulièrement répondre aux questions critiques des investisseurs. Seules des synergies intersectorielles et des valorisations attractives permettront de contrecarrer durablement cette tendance.

La prudence qui a suivi la guerre en Ukraine et la hausse des taux d’intérêt pourrait s’atténuer avec une reprise économique. On peut s’attendre à une augmentation des transactions sur les marchés financiers : fusions-acquisitions, introductions en bourse par des fonds de capital-investissement, mais aussi spin-off et IPO partielles resteront en vogue.

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