Le début d’une nouvelle ère

Salima Barragan

2 minutes de lecture

La FinTech n’est pas un effet de mode, mais une tendance inscrite sur le long terme.

Jeroen van Oerle et Patrick Lemmens.

C’est dans les locaux de la start-up suisse Fusion que Robeco présente son nouveau fond dédié à la FinTech. La digitalisation du secteur financier représente un marché de 2 milliards de personnes. Face à l’émergence de cette tendance, le fonds Robeco Global FinTech Equity s’inscrit dans la continuité de la société de gestion de Rotterdam qui dispose d’une solide expertise sur les fonds constitués de valeurs financières.  La FinTech englobe les activités de banque et assurance, de négoce électronique, de transferts et paiements, de gestion de portefeuilles, de finance personnelle, de sécurité et de «big data». L’univers d’investissement du fonds couvre la globalité de l’écosystème contrairement aux ETFs qui ne se concentrent que sur un segment du marché.

«La digitalisation du secteur financier représente
un marché de 2 milliards de personnes.»

Patrick Lemmens, un spécialiste des valeurs financières et Jeroen Van Oerle, un analyste de tendance technologique, gèrent le fonds en binôme. Ils recherchent la meilleure composition possible selon 3 types de sociétés afin de constituer un portefeuille diversifié et équilibré:

  • Les sociétés «gagnantes» représentent 40% du fonds. Il s’agit de grandes capitalisations boursières, d’enseignes bien établies qui se démarquent de leurs concurrents. Leurs revenus sont stables et les valorisations sont attractives telle que TSYS, une société américaine spécialisée dans les paiements. 
  • Les sociétés de bonnes qualités facilitant la digitalisation de l’industrie financière comptent pour 34% du fonds. Leur valorisation sont plus élevées mai offrent des perspectives de croissance stable à l’instar de Cognizant, une société de services et de conseils informatiques.
  • Les sociétés challengers en forte croissance à P/E élevé. Square, à titre d’exemple, est une entreprise spécialisée dans les paiements par téléphone mobile. Elle affiche une performance de + 273% depuis novembre 2017. 26% du fonds est alloué à ce type de sociétés à fort potentiel.

Le forward P/E moyen du fonds sur 12 mois est de 20.6X les bénéfices. Malgré un biais «Large Cap», il ne suit aucun benchmark. De fait de sa création en Octobre 2017, il ne dispose pas d’un long track record. Néanmoins, Patrick Lemmens et Jeroen Van Oerle gèrent également le fonds Digital Robeco New World Financial Equities affichant un long track record de 10 ans.

«Les banques traditionnelles vont devoir travailler
avec les FinTech pour assurer leur survie.»

Plusieurs thématiques auxquelles s’intéressent les gérants ont été présentées. On retient l’arrivée de compagnies d’assurance proposant des polices contre la Cybercriminalité. «Il s’agit d’un marché porteur, car toutes les entreprises seront amenées à se protéger contre ces nouveaux fléaux» explique Jeroen Van Oerle. L’émergence des «robot-advisors» est une autre thématique qui va modifier le secteur financier. Cela permettra à des clients de taille modeste – jusqu’alors non-rentables pour les banques – d’avoir accès à davantage de services de conseil. Ces activités ouvrent la porte à un grand degré d’automatisation à faible coût ainsi qu’à une démocratisation des services de gestion.

Est-ce que la FinTech va compromettre le secteur bancaire? Pour Jeroen Van Oerle, la réponse est claire: les deux mondes – les banques traditionnelles et la FinTech – vont devoir coopérer ensemble. D’un côté, les banques traditionnelles vont devoir travailler avec les FinTech pour assurer leur survie. Et de l’autre côté, les FinTech vont devoir collaborer avec les banques qui détiennent une clientèle importante. Elles vont bénéficier des investissements IT que les banques seront amenées à faire. «Il y a beaucoup de potentiel pour la croissance et il s’agit d’un réel vecteur de profits» commente le gérant.

Ce sont de nouvelles tendances de consommation qui se dessinent. L’Asie sera le futur hub mondial de la FinTech. La Chine deviendra probablement le plus gros consommateur de FinTech. Dans ce pays, il existe déjà des plateformes digitales à l’instar de Pingan qui proposent tous types de services financiers. Pour cette raison, les gérants prévoient d’augmenter leur allocation du portefeuille (actuellement de 11%) sur cette région. Le nombre de transactions non liquides est en constante augmentation, principalement en Asie. «En Chine, le cash n’est plus roi. A Beijing, les habitants effectuent leurs achats courants en scannant un code RQ avec leur téléphone mobile» explique Jeroen Van Oerle. Grâce au taux de pénétration élevé des téléphones mobiles dans les pays asiatiques, ces nouveaux modes de paiement sont devenus une réalité quotidienne. Peut-être, d’ici quelques années, rentrerons-nous aussi dans un monde sans monnaie et sans billets?