Le consommateur français va-t-il se réveiller en 2020?

Bruno Cavalier, ODDO BHF

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Une peur panique avait saisi les ménages français fin 2018 à mesure que s’étendait le mouvement des «gilets jaunes».

Manifestation à Paris contre la réforme des retraites, janvier 2020. ©Keystone

Les Français débordent-ils d’anxiété comme les éditorialistes ne cessent de nous le répéter en cette période où il n’est question que de réforme des retraites, de grèves et de manifestations? Sont-ils confiants dans leur capacité de dépense et leur situation financière future comme le dit l’enquête mensuelle de l’institut de statistiques? Au-delà de la perception, il y a des éléments objectifs à rappeler. Le chômage baisse depuis 2016. L’inflation est basse. Les choix budgétaires ont été recalibrés en réponse aux «gilets jaunes» pour soutenir le revenu disponible. Tout cela est normalement propice à un affermissement de la consommation.

Les perturbations du climat social peuvent affecter transitoirement quelques secteurs
mais ne laisse jamais une trace durable sur l’emploi ou la croissance.

Une peur panique avait saisi les ménages français fin 2018 à mesure que s’étendait le mouvement des «gilets jaunes». En deux mois, les intentions de dépenses en biens durables étaient tombées presque au même niveau de faiblesse qu’à la fin 2008, soit le pire moment de la crise financière. La réaction était exagérée mais elle s’est corrigée (graphique de gauche ci-dessous). Depuis quelques semaines, le climat social est à nouveau assez dégradé, avec des transports publics mis à l’arrêt ou largement réduits pour marquer l’opposition des syndicats à la réforme des retraites. Ce type de perturbations peut affecter transitoirement quelques secteurs mais ne laisse jamais une trace durable sur l’emploi ou la croissance. Ce n’est pas ça qui mettra l’économie par terre.

Les déterminants classiques
de la consommation apparaissent positifs.

Quelle est la situation des ménages? L’année 2019 aura été marquée par une certaine faiblesse de la consommation, inférieure d’un point à la hausse du pouvoir d’achat, mais aussi par une reprise des dépenses d’investissement-logement. C’est là plutôt un signe d’optimisme. En somme, les ménages ont pour l’instant épargné ce qu’ils avaient reçu au titre des mesures de soutien à leur revenu. Sauf à penser que le niveau désiré d’épargne s’est accru de manière structurelle, les dépenses des ménages sont amenées à s’affermir au fil du temps. Les déterminants classiques de la consommation apparaissent positifs. Après la crise des «gilets jaunes», le gouvernement a acté que ses objectifs initiaux de réduction du déficit public étaient décalés. Il ne va pas changer de direction et monter les impôts alors qu’Emmanuel Macron est entré dans sa deuxième moitié de mandat. De plus, les conditions du marché du travail restent très favorables (graphique de droite ci-dessous). Le rythme des créations d’emploi est fort, plus de 250’000 par an depuis 2016. Sans doute va-t-il ralentir, mais il serait suffisant pour prolonger la baisse du chômage. L’INSEE et la Banque de France conviennent de ce point, malgré leurs prévisions conservatrices. La consommation devrait accélérer en 2020.

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