Depuis le point bas atteint sur la plupart des marchés financiers en mars cette année, on a pu observer un rebond significatif de l’ensemble des classes d’actifs sur fond d’assouplissements monétaire et de déficits budgétaires historiques. Le mécanisme habituel de dépréciation de la monnaie en cas d’impression monétaire ne fonctionne pas car toutes les banques centrales procèdent de la sorte. En conséquence, les grandes monnaies ne varient que très peu les unes par rapport aux autres. S’il est un marché historique où l’on peut observer cette dépréciation monétaire, c’est sur le marché de l’or car malgré tous leurs efforts, ni gouvernements ni banques centrales ne sont capables de fabriquer de l’or à volonté. D’ailleurs, c’est bien cette caractéristique qui a permis au métal jaune de traverser les siècles voyant tout un tas de monnaies monter puis redescendre.

Après une baisse régulière et orchestrée du bilan de la Fed, aux US, entre début 2018 et septembre 2019, la Fed avait redémarré l’expansion de son bilan dès septembre 2019 avec une accélération notable à la suite de la crise du COVID-19. Il est intéressant d’observer que le point bas sur l’or a été atteint en septembre 2019 avec depuis une accélération très notable du prix passant de 1’200 dollars à 2’040 dollars en l’espace d’un an à peine. Ce phénomène a été similaire sur l’argent qui se comporte plus ou moins comme l’or avec un béta supérieur à 1,0x. Ces niveaux atteints dépassent les plus hauts de 2011 et la hausse des prix commence tout juste à avoir une forme parabolique. Historiquement, cela a ouvert des périodes de hausses vertigineuses et assez rapides. Comme les banques centrales et les gouvernements ne sont pas près de refermer le robinet, toutes les conditions (fondamentales et techniques) semblent réunies pour un grand feu d’artifice dans les mois et années à venir.

Dans ce contexte-là, il est intéressant de revisiter certaines théories qui affirment que le Bitcoin serait le nouvel or digital. En effet si c’est le cas, compte tenu de la taille relative du marché de l’or par rapport à celle du Bitcoin, un phénomène de rareté pourrait propulser encore plus violemment ce nouveau marché. Les réserves mondiales de l’or sont estimées aux alentours de 180’000 tonnes ce qui donne une market cap à près de 12 trilliards de dollars. En comparaison, le marché du BTC n’est que de 220 milliards de dollars à ce jour, soit près de 54 fois plus petit.

Les analogies sont assez frappantes quand on y regarde de très près:

1. Production limitée de nouveaux BTC, par construction du protocole et donc un phénomène de rareté. Suite au halving de mai, ce phénomène a encore été accentué.
2. Possibilité de transferts de valeur indépendamment des monnaies en circulation. A cet égard, le BTC est même beaucoup plus adapté pour cela dans notre ère digitale.
3. Capacité de réserve de valeur par stockage notamment sur des «cold wallets» ce qui rend ce stockage extrêmement sécurisé. Cependant, l’or reste plus attrayant d’un point de vue stabilité de cette valeur.
4. Usage «industriel» du BTC pour faire tourner un certain nombre de processus impliquant la Blockchain chez de grandes entreprises, notamment en finance.

Compte tenu de ce qui est expliqué précédemment, il n’est pas étonnant qu’un modèle de valorisation de «Stock to flow» utilsé dans le cadre des métaux précieux, donne un facteur explicatif supérieur à 90% depuis une dizaine d’année sur le BTC. 

Dans ce contexte incertain et compte tenu de l’absence d’opportunités évidentes, se positionner sur le marché du BTC en complément de celui de l’or pourrait apporter une contribution très fortement positive à un portefeuille diversifié. Si l’on observe les volumes sur le CME où des futures sur BTC s’échangent entre investisseurs majoritairement professionnels, on constate une accélération des volumes d’échanges sur cette première moitié d’année, dans la lignée de 2019. En juillet, on a connu plusieurs journées à plus de 1 milliard de dollars d’échanges. Depuis le début d’année, ce marché est également en hausse de plus de 60% vs un peu plus de 30% «seulement» sur le marché de l’or.