Impact du Covid sur le marché du Bitcoin?

Stéphane Ifrah, Napoleon Group

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Chronique blockchain. Le BTC est né lors de la précédente crise financière. La crise actuelle lui permettra de passer à l’adolescence avant de devenir adulte.

Si on prend le point haut des marchés actions comme référence pour la prise de conscience de la crise sanitaire que nous traversons, à savoir le 19 février, le marché du BTC est revenu sur ses niveaux. Il est en effet passé de 9600 dollars à 4000 dollars en intraday le 13 mars et évolue quasiment sur ses plus hauts de l’année. Pour rappel, le BTC avait clôturé sur 7208 dollars fin 2019, ce qui en fait un des meilleurs actifs depuis le début de l’année, en hausse de plus de 30%. Pour rappel la semaine du 13 mars, tous les actifs sans exception, y compris l’or et les obligations d’états, avaient très fortement corrigés (-10% sur l’or et +90 bps sur le 10 ans US) sous l’effet d’appels de marge massifs et généralisés. Malgré leur remontée fulgurante, les marchés actions restent environ 10% plus bas que leurs points hauts. On voit donc bien ici l’effet décorrélant de cette nouvelle classe d’actif combiné à une performance très alléchante.

Si on s’intéresse à la demande sous-jacente, on s’aperçoit qu’elle n’émane plus principalement que du grand public mais aussi d’acteurs plus institutionnels. C’est le début de la maturité pour ce marché prometteur. On a d’abord eu les Futures sur le CME (Chicago Mercantile Exchange), le plus gros exchange de dérivés au monde, qui ont permis aux acteurs traditionnels de s’exposer (à la hausse comme à la baisse) sur cet actif, sans les problématiques de conservation qui restent un vrai casse tète compte tenu de l’exception de ce sous-jacent. En effet, la blockchain est en quelque sorte son propre dépositaire et à ce titre a du mal à rentrer dans les circuits classiques que ce soient des régulateurs ou bien des opérateurs. Après des mois de mars et d’avril avec de faibles volumes (légèrement supérieurs à 200 millions de USD / jour, les volumes ont quasiment doublé en mai avec les prix qui sont entièrement revenus sur leurs niveaux précédents.

L’âge de la clandestinité est derrière nous avec de plus
en plus de régulation autour de ces nouveaux actifs.

Début mai, un poids lourd de l’industrie financière, Paul Tudor, a déclaré qu’un investissement dans le BTC pourrait constituer un des meilleurs hedge contre l’inflation à venir. En effet, compte tenu de l’impact du Covid sur nos économies et sur le budget des états, il parait difficilement concevable qu’on en sorte indemne. Les banques centrales, sont les seules entités capables de faire le tampon en faisant tourner la planche à billets. Un autre poids lourd de l’industrie, WisdomTree a lancé son ETP sur le Bitcoin, sur le modèle de Coinshares, la référence historique en la matière. Grayscale fait également état de collecte record en ce début d’année de la part d’investisseurs qu’ils qualifient d’institutionnels. Afin de couvrir ces souscriptions, Grayscale se retrouve être l’acteur qui rachète le plus de BTC actuellement avec un montant de 150% des BTC fraichement minés depuis le halving entre le 12 et le 18 mai. Fidelity opère depuis plusieurs mois la fonction de dépositaire pour le compte d’acteurs institutionnels sur le BTC. Et enfin, Renaissance, le hedge fund le plus profitable de ces 30 dernières années a publiquement déclaré son intérêt pour le BTC fin avril.

Dans un monde où l’incertitude est très importante, où les perspectives de croissance sont relativement sombres, où les besoins de performance sont criant compte tenu des promesses délivrées par un certain nombre d’acteurs pourra-t-on ignorer cette nouvelle classe d’actif très prometteuse très longtemps? L’âge de la clandestinité est derrière nous avec de plus en plus de régulation autour de ces nouveaux actifs, de moins en moins d’activité sulfureuse et de plus en plus de professionnalisme de la part de l’ensemble des acteurs de la chaine de valeur. Ces quelques acteurs de renom ne s’y trompent pas et d’autres acteurs émergents comme votre humble serviteur ont déjà franchi le pas. De toute crise émergent des opportunités. Le BTC est né lors de la précédente crise financière. La crise actuelle lui permettra, à n’en pas douter, de passer à l’adolescence avant un jour de devenir adulte.

 

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