Leçon inaugurale

Salima Barragan

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L’Uni de Genève cherche à comprendre la philanthropie par le prisme des neurosciences.

Rationnel et égoïste: le portrait de l’homo oeconomicus dressé pas les économistes classiques est remis en question par la théorie comportementale. Quelles sont les motivations et les mécanismes de décision des philanthropes? Afin d’étudier ces questions, l’Université de Genève a ouvert cette année une chaire de philanthropie comportementale sponsorisée par les Fondations Edmond de Rothschild. Lors de la leçon inaugurale, le Professeur Giuseppe Ugazio (titulaire de la chaire) a introduit cette toute nouvelle discipline dans laquelle psychologie, neurologie et théories économiques se confondent.

Leçon 1: compromis entre argent et valeurs morales

Selon la théorie comportementale, l’homo oeconomicus baserait ses décisions non seulement sur des calculs économiques mais également sur ses émotions et ses valeurs morales. Mais l’acte de donner en lui-même ne dépend pas que des valeurs morales: des mécanismes de décision complexes sont également impliqués. Bien évidemment, nous ne pouvons actualiser une valeur morale de la même façon que les flux d’un actif financier. Dès lors, quels sont ces mécanismes de prise de décision? Selon le Professeur Ugazio, les valeurs morales poussent à donner mais, ontrairement à la pure générosité, la philanthropie établit aussi un compromis entre la valeur de l’argent et le bien-être social. D’où l’ambition pour ce docteur en philosophie et en neuro-économie de comprendre comment les considérations morales influencent la valeur que l’on donne à l’argent.

Leçon 2: implication de diverses zones cérébrales

L’être humain dispose de plusieurs zones cérébrales, fruits de l’évolution complexe de son cerveau reptilien. Pour effectuer ses recherches sur les mécanismes de prises de décision, le professeur Giuseppe Ugazio a distingué les diverses régions cérébrales impliquées lors des calculs financiers de celles engagées dans les pensées liées aux valeurs morales comme l’altruisme et l’empathie. Sans surprise, les simulations ont prouvé que les zones neuronales engagés lors de ces diverses tâches sont différentes.

Si différents circuits neuronaux sont impliqués, comment le cerveau gère-t-il un compromis entre calcul financier et considération morale? Selon une hypothèse de la théorie neuronale, la valorisation de l’argent et des biens matériels implique un système de représentation spécifique. Par exemple: arbitrer entre 100 francs aujourd’hui ou 110 francs dans un an. Mais dans le cas de valeurs morales non quantifiables, le processus n'est pas applicable.

En revanche, cet ancien chercheur à l’Université d’Harvard suggère que la hiérarchisation des valeurs morales suit un processus de réflexion délibéré. Et la probabilité des mérites, qui rappelle un peu la théorie des jeux, est au cœur de cette réflexion. Par exemple, est-il préférable de sauver une personne ou d’en soigner dix?

Afin de faciliter les processus de donation, le professeur Ugazio tente d’identifier les différents profils philanthropiques de la même façon qu’il existe en investissement divers profils de risque.

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