La spirale inflationniste remet en question la sécurité des retraites

Communiqué, Natixis Investment Managers

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Selon l’enquête de Natixis IM, 2022 pourrait être l’une des pires années pour prendre sa retraite.

  • La 10e édition du Global Retirement Index (GRI) de Natixis Investment Managers (Natixis IM) révèle que 2022 pourrait être l’une des pires années pour prendre sa retraite, en raison des conditions de marché durement marquées par l’inflation.
  • La Norvège occupe la 1ère place du classement, suivie de la Suisse et de l'Islande. Le Luxembourg et la République tchèque figurent pour la première fois parmi les dix premiers du classement, au détriment de l'Allemagne et du Canada.
  • La Suisse reste en 2e position malgré un score plus faible en 2022, avec une note globale de 80% contre 81% en 2021 et 85% en 2012.
  • L'Irlande a réalisé les progrès les plus importants au cours de la dernière décennie, passant de la 38e place en 2012 à la 4e en 2022 dans le classement GRI.

Selon le Global Retirement Index (GRI) 2022 de Natixis IM, les retraites dans le monde sont soumises à une pression croissante en raison de l’impact qu’ont l'inflation, un environnement de marché volatil et des taux d'intérêt bas.

Le GRI, qui en est cette année à sa 10e édition, est un indice conçu pour déterminer la sécurité des retraites, pays par pays, en combinant des indicateurs clés essentiels à une retraite sûre et confortable. L’indice révèle que 2022 pourrait être l'une des pires années pour prendre sa retraite, les retraités risquant non seulement de prélever leur revenu de retraite sur une réserve d'actifs déjà épuisée, mais aussi de devoir prendre des risques plus élevés dans leurs investissements.

Ainsi, 18 indices de performance regroupés en quatre catégories couvrant les aspects clés du bien-être à la retraite composent le GRI: les moyens matériels nécessaires pour vivre confortablement; l'accès à des services financiers de qualité pour aider à préserver la valeur de l'épargne et à maximiser les revenus; l'accès à des services médicaux de qualité; et un environnement sain et sûr.

Malgré un contexte difficile, la Suisse reste 2e cette année avec une note globale légèrement inférieure à celle de l'année dernière, passant de 81% en 2021 à 80% en 2022. Pour les quatre catégories d'indices, le pays se maintient à un niveau stable:

  • 2e pour les finances à la retraite (2e en 2021, et 1er en 2012);
  • 4e pour la santé (5e en 2021, et 9e en 2012);
  • 5e pour la qualité de vie (4e en 2021; 1ère en 2012);
  • 14e pour le bien-être matériel (14e en 2021 et 8e en 2012).

La note de la Suisse se dégrade le plus fortement dans la catégorie du bien-être matériel, qui se classe 14e, passant de 75% en 2021 à 69% en 2022. Cette baisse est principalement due à des scores plus faibles pour les sous-catégories d'égalité des revenus et d'emploi. En revanche, la santé, qui occupe la 4e place, n'a cessé de s'améliorer au fil des ans, passant de 85% en 2012 à 88% en 2021 et 90% en 2022. La Suisse figure sur la deuxième marche du podium pour les sous-catégories d'espérance de vie et de dépenses de santé par habitant parmi tous les pays du GRI.

L'inflation: une menace immédiate pour la sécurité des retraites?

Au cours de la majeure partie de la dernière décennie, l'inflation a été exceptionnellement faible. Ainsi, entre 2012 et 2020, celle-ci n'a été en moyenne que de 1,76% pour les pays membres de l’OCDE, contre 9,6% en mai 2022 lors du pic d’inflation.

La vitesse à laquelle les prix ont augmenté oblige à repenser les principes fondamentaux de la planification de la retraite. Les hausses significatives des prix du pétrole, des denrées alimentaires et du logement réduisent le pouvoir d'achat des retraités et constituent une leçon économique fondamentale pour ceux qui planifient leur retraite.

En outre, les professionnels de la finance du monde entier affirment que la sous-évaluation de l'impact de l'inflation est la principale erreur des investisseurs lorsqu’ils planifient leur retraite.

«Le niveau actuel d’inflation, qui bat le record des 40 dernières années, couplé au phénomène démographique de vieillissement de la population, crée de grandes tensions sur les retraites. Par conséquent, les retraités auront de plus en plus de mal à planifier leur vie sur la base des revenus qu’ils pourront tirer de leur épargne tout en s’assurant que ceux-ci dureront le restant de leur existence. Or l’année 2022 nous a montré que les marchés actions ne fonctionnent pas dans le vide. Des mauvaises surprises économiques telles qu'un pic inflationniste, une croissance lente et une récession peuvent entraîner une baisse rapide des marchés, compliquant encore davantage la capacité des retraités à préserver leur capital tout en percevant un revenu.» a déclaré Sophie Courmont, Managing Director et responsable pour la Suisse romande, Israël et Monaco chez Natixis IM.

Une vision globale du bien-être des retraités

Au niveau mondial, le classement GRI 2022 révèle que:

  • La Norvège a récupéré sa place sur la première marche du podium, après quatre ans passés à la 3e place.
  • L'Islande, qui occupait la 1 ère place depuis 2018, est tombée au 3e rang, tandis que la Suisse a conservé sa position au 2e rang.
  • Parmi les dix premiers pays viennent ensuite l'Irlande (4e), l'Australie (5e), la Nouvelle-Zélande (6e), le Luxembourg (7e), les Pays-Bas (8e), le Danemark (9e), et la République tchèque (10e).  
  • Le Luxembourg et la République tchèque sont entrés dans le top 10 pour la première fois cette année, se hissant respectivement aux 7e et 10e rangs. L'Allemagne et le Canada, qui figuraient parmi les dix premiers pays l'année dernière, sont tombés respectivement aux 11e et 15e rangs du GRI de cette année.
  • Les pays figurant parmi les dix premiers obtiennent généralement de très bons résultats dans les quatre catégories. La Norvège et l'Islande sont les deux seuls pays se classant parmi les dix premiers dans les quatre catégories.
Les dix ans du GRI: mêmes problèmes, nouveaux risques

Il y a dix ans, les risques pour la sécurité des retraites dans le monde étaient les suivants: vieillissement des populations, insuffisance du financement des retraites et contexte économique incertain. Si ces problèmes fondamentaux restent les mêmes dix ans plus tard, les performances des pays ont considérablement évolué.

Ainsi, l'Irlande a enregistré la plus forte progression dans le classement du GRI au cours de la dernière décennie, passant de la 38e place en 2012 à la 4e place en 2022. Les catégories «Finances» et «Qualité de vie» ont été les principaux moteurs de cette performance, l’Irlande se classant désormais aux 7e et 12e rangs, respectivement, dans ces deux catégories.

La Nouvelle-Zélande a gagné 28 places, passant de 34e à la 6e position. Sur les dix dernières années, la Nouvelle-Zélande a réalisé les progrès les plus importants dans la catégorie «Santé». Le pays avait le deuxième plus faible score pour cette catégorie en 2012, avec de mauvaises performances dans les indicateurs de dépenses de santé. Depuis lors, la Nouvelle-Zélande a progressé de 26 places pour atteindre la 16e place cette année.

L'avenir: une situation de plus en plus difficile pour les retraites

L'OCDE prévoit que la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans passera de 17% en 2019 à 27% en 2050, ce qui aura pour effet d'accroître la pression sur les retraites et d'exercer des pressions supplémentaires sur les systèmes médicaux et de soins de longue durée.

Même les régions dont la population est jeune pourraient bientôt être confrontées à des difficultés, car l'amélioration de la nutrition, des soins et des facteurs environnementaux contribuent à la longévité et les faibles taux de natalité entraînent un vieillissement de la population mondiale. C'est le cas en Chine et en Amérique latine en 2022.

Le vieillissement de la population offre des choix limités aux politiques, d'autant plus que les prestations de retraite et de santé devront rivaliser avec la nécessité de rembourser la dette publique, qui a explosé pour atteindre 226 000 milliards de dollars dans les économies avancées en 2020. Pour combler le déficit de financement, les responsables politiques devront peut-être choisir l'une des options suivantes, qui ne sont pas populaires auprès des électeurs: augmenter l'impôt sur le revenu, relever l'âge de la retraite ou réduire les prestations.

«Même si la Suisse est restée au fil des ans l'un des pays les plus performants en matière de retraite, les inquiétudes se multiplient et les tensions sur les systèmes de retraite sont de plus en plus visibles. Pour les institutions, le vieillissement rapide des populations mettra à l'épreuve les limites des systèmes de retraite et des prestations publiques. C'est exactement ce qui est en jeu dans le prochain référendum sur l'AVS21 en Suisse. Le secteur financier doit promouvoir l'accès à un instrument d'épargne-retraite approprié, incluant des critères ESG, combiné à des incitations à épargner. Une bonne retraite et la possibilité pour les individus de vivre dignement après leurs années de travail sont des questions essentielles pour la société.» a ajouté Sophie Courmont.

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