La nécessaire consolidation de l’économie verte

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management Suisse

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Les investissements dans les énergies renouvelables devraient être de 1’000 à 2’000 milliards de dollars par an d’ici 2030.

Nul besoin de souligner l’engouement des investisseurs pour l’économie verte si l’on considère les records de collecte nette et de performance battus par les fonds négociés en bourse (ETF) sur ce thème. Si le marché anticipe déjà que les thématiques environnementales seront gagnantes à moyen ou long terme, cela passera nécessairement par une consolidation entre acteurs du secteur, tant les investissements à venir s’annoncent importants.

Investissements colossaux

Environnement ne rime plus seulement avec idéologie mais aussi avec réalisme économique. L’Union européenne l’a bien compris en mettant une partie de son plan de relance et de son budget annuel au service de la lutte contre le réchauffement climatique. Joe Biden, le candidat démocrate à la présidence des Etats-Unis, n’est pas non plus en reste, avec un ambitieux plan de développement des énergies propres. Mais tout ne pourra pas venir des gouvernements. Les entreprises vont devoir investir et les attentes sont colossales. D’après certains analystes, les énergies renouvelables devraient représenter 25% des dépenses de Capex en 2021, soit plus que les traditionnelles pétrolières. Globalement, il est attendu que les investissements soient de l’ordre de 1’000 à 2’000 milliards de dollars par an d’ici 2030.

Consolidation attendue

Nécessaire et attendue, la consolidation du secteur a déjà commencé. Véolia Environnement a ouvert le bal des fusions-acquisitions en annonçant son intention d’acquérir son concurrent français Suez en commençant par reprendre sa partie détenue par Engie. Sans préjuger des bienfaits de cette opération en particulier, notamment sur le marché français, il est fort probable qu’elle en appellera d’autres.

Le secteur de l’hydrogène est un candidat naturel
à une consolidation par de potentielles fusions transfrontalières.

Par exemple, le secteur de l’hydrogène est un candidat naturel à une consolidation par de potentielles fusions transfrontalières. En effet, le développement de l’hydrogène comme énergie propre est un point clé du projet de Joe Biden, mais également du «Green Deal» européen et du plan de relance français qui y consacrera 2 milliards d’euros.

Si de nombreux obstacles ont été levés pour permettre l’utilisation d’hydrogène comme carburant pour se déplacer, la production de ce gaz crée encore beaucoup de gaz carbonique (CO2), un comble pour une énergie qui ne rejette que de l’eau quand elle est utilisée. Les investissements nécessaires pour réaliser de l’hydrogène vert (peu producteur de CO2) ou bleu (sans production de CO2) sont importants et impliqueront des co-investissements ou des fusions pour atteindre la taille critique. Air Products, le spécialiste américain de l’hydrogène l’a bien compris en lançant une co-entreprise avec le saoudien Qudra Energy dans le but de devenir le leader de l’hydrogène bleu.

Une nécessité économique et géopolitique

La capacité de production d’un hydrogène peu ou non polluant sera nécessaire à de grands acteurs des transports tels qu’Airbus qui a annoncé son intention de développer un avion à hydrogène d’ici 2035. Cela souligne l’aspect stratégique d’une telle source d’énergie au vu des opportunités qu’elle pourrait offrir. La consolidation de l’économie verte sera donc une nécessité non seulement économique mais aussi potentiellement géopolitique dans les années à venir. 

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