La Fed joue à nouveau avec les marchés

Axel Botte, Ostrum AM

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Le retour des petites phrases des banquiers centraux pour réajuster les attentes du marché après un mois de performance exceptionnelle.

©Keystone

Les marchés financiers ont connu un mois de novembre historique. Le S&P 500 a rebondi de près de 10%, tandis que les marchés obligataires mondiaux ont progressé de 5% - la meilleure performance mensuelle depuis 2008, au plus fort de la crise financière. La désinflation s'accélère et nourrit l'attente d'une baisse des taux d'intérêt à partir du deuxième trimestre. La Fed, qui pensait début novembre que la hausse des taux d'intérêt à long terme entre août et octobre réduirait la nécessité d'agir sur les fed funds, est désormais confrontée au problème inverse.

Les conditions financières se sont énormément détendues grâce à la baisse conjointe des taux d'intérêt, des spreads de crédit et du dollar, ainsi qu'à la forte reprise des actions. La volatilité des actions reste très faible, avec moins de 13% sur le VIX américain. Le T-Note semble s'être établi dans une fourchette de 4,25 à 5%. Le Bund (2,45%) suit le même mouvement, alors qu'une décision de la BCE sur le PEPP se profile. Les spreads restent bien orientés avec une nette tendance à la compression et donc à la surperformance du high yield. Les taux japonais affichent une volatilité rare. Le JGB à 10 ans oscille autour de 0,70%. Le dollar s'est stabilisé cette semaine. L'euro s'échange à 1,09 dollar, tandis que la prolongation du statu quo de la RBNZ a soutenu le dollar néo-zélandais.

La période de silence imposée avant le FOMC du 13 décembre approche

La Fed semble contrainte de jouer à nouveau les «petites phrases» pour réajuster les attentes du marché. La période de silence imposée avant le FOMC du 13 décembre approche. John Williams et Mary Daly, deux des colombes habituelles de la Fed, se sont empressés de réitérer la nécessité de maintenir une politique restrictive, atténuant les commentaires précédents de Christopher Waller. Ces interventions verbales semblent maintenir le 10 ans américain entre 4,25% et 5%. Jerome Powell a abondé dans ce sens vendredi, jugeant que l'inflation n'était pas encore au rendez-vous. La décision de l'Opep de réduire ses quotas fait peser le risque d'un rebond des prix de l'énergie au premier semestre 2024.

Sur le plan économique, la consommation privée a ralenti en octobre, mais devrait croître d'environ 2,3% au 4ème trimestre. L'investissement productif semble être orienté à la hausse et le soutien public se poursuit. Toutefois, les stocks et le commerce extérieur devraient apporter une contribution négative. Dans la zone euro, comme pour la Fed, les déclarations des banquiers centraux se multiplient et le débat sur le PEPP refait surface. Parallèlement, la désinflation rapide vers 2,4 % en novembre a conduit à anticiper des baisses de taux dès le mois d'avril. L'inflation sous-jacente est passée sous la barre des 4% (3,6%). Compte tenu de la hausse des salaires (4,7% au troisième trimestre), le pouvoir d'achat des ménages de la zone euro s'améliore au tournant de 2024.

L'allocation classique 60/40 bénéficie pleinement de la désinflation accélérée

Sur les marchés financiers, l'allocation classique 60/40 bénéficie pleinement de la désinflation accélérée par la baisse du prix du pétrole brut. La baisse des taux d'intérêt à long terme améliore les valorisations boursières, notamment pour les valeurs de croissance. Le Nasdaq s'est envolé de 11% en novembre. Les obligations mondiales ont gagné 5%, leur meilleure performance mensuelle depuis l'effondrement financier de 2008. Sur les bons du Trésor, le T-note à 2 ans se négocie autour de 4,70% après une baisse hebdomadaire de 25 points de base. La pentification de la courbe des bons du Trésor reprend avec les attentes d'assouplissement monétaire. La situation est similaire pour le Bund. Les acteurs du marché s'interrogent sur l'engagement des banquiers centraux à maintenir une politique restrictive alors que l'inflation se rapproche de la sacro-sainte barre des 2%. Les spreads souverains sont stables à des niveaux réduits d'environ 56 points de base sur l'OAT 10 ans et 175 points de base sur le BTP italien.

Le marché du crédit s’est resserré dans le sillage des indices de CDS. L’iTraxx IG se négocie à environ 70 points de base, tandis que le Crossover a chuté de plus de 100 points de base par rapport à son pic d'octobre. Les trois quarts des transactions primaires effectuées au cours du mois dernier se négocient désormais à des spreads plus serrés.

L’ajustement du dollar est le corollaire habituel de l’augmentation des risques Les actions ont bondi de 7 à 11% pour les principaux indices. A l'instar du crédit, les flux se sont redressés. L'Euro Stoxx 50 se situe dans le haut de sa fourchette 2023. L'espoir d'un soulagement compense donc tous les autres risques.

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