Les investisseurs devraient examiner leur portefeuille plus souvent qu’avant la pandémie. Au cours de cette période, la faible volatilité des données économiques avait favorisé une longue période de hausse des marchés actions et obligations.
Chaque année, au début du deuxième trimestre, le Fonds monétaire international publie ses perspectives pour l’économie mondiale. Indéniablement, c’est dans un contexte de fortes turbulences que des milliers de dirigeants politiques, de banquiers centraux, de journalistes et de représentants du secteur privé se sont réunis pour la réunion de printemps à Washington.
La mauvaise nouvelle est que, dans ce contexte historique, la dynamique économique mondiale reste relativement faible, les pressions inflationnistes persistent et la marge de manœuvre en matière de baisse des taux d’intérêt limitée. Cependant, il peut y avoir des raisons d’être optimiste car la conjoncture mondiale montre des signes de reprise, l’inflation diminue et le tournant des taux d’intérêt se profile, même aux États-Unis. Mais dans l’ensemble, les conditions économiques restent instables, marquées par des changements structurels tels que la formation de blocs géoéconomiques, la diminution de la population active, la transition vers une économie à faible teneur en carbone et la disruption numérique.
Quelles seront les implications de cette situation générale à un horizon stratégique de placement de capitaux de plusieurs années?
Premièrement, les investisseurs devraient consulter leur portefeuille plus souvent qu’avant la pandémie. À cette époque, des données économiques relativement peu volatiles avaient favorisé un marché haussier de longue durée pour les actions et les obligations (l’ère de la «Grande modération»). L’approche traditionnelle de construction de portefeuille dite «Belle au bois dormant», qui consiste à «investir et oublier», n’est pas adaptée à un monde plus volatil. Une approche plus dynamique est au contraire nécessaire.
Deuxièmement, en termes d’univers d’investissement, des allocations concentrées et corrélées aux indices actions et obligations peuvent limiter la performance et la résilience des portefeuilles. En fonction de leur profil de risque, les investisseurs devraient envisager d’utiliser des positions stratégiques plus granulaires - par exemple dans toutes les régions, mais également d’ajouter des investissements non cotés sur les marchés privés pour rendre leurs portefeuilles plus résilients.
Pour la première fois depuis quatre ou cinq ans, nous surpondérons stratégiquement les actions des marchés émergents et les obligations des pays développés. La différence de prime de risque entre les actions des marchés émergents et développés atteint son plus haut niveau depuis près de quatre ans. Cette prime est un indicateur de la rémunération supplémentaire que les investisseurs reçoivent pour le risque de détenir des actions par rapport aux liquidités. Dans ce contexte, il vaut la peine d’adopter une approche sélective au sein du même segment. Les pays émergents comme le Mexique, l’Inde et l’Arabie Saoudite profitent des changements mentionnés ci-dessus et jouent de plus en plus le rôle de partenaires commerciaux entre les deux blocs.
En ce qui concerne les obligations d’État, les taux d’intérêt structurellement plus élevés ont conduit à une renaissance du rôle du «revenu» dans les portefeuilles. En plus des opportunités offertes par les obligations à court terme des pays industrialisés, les obligations à long terme telles que les gilts britanniques sont désormais devenues plus attractives. La persistance de la hausse des prix renforce notre préférence stratégique pour les obligations protégées contre l’inflation.