La BCE pourrait être tentée de réduire son soutien plus vite que prévu

John Plassard, Consultant pour Mirabaud Securities chez Cambridge Securities

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Mario Draghi était très attendu hier sur plusieurs sujets. Synthèse et analyse des annonces globalement constructives.

La Banque centrale européenne tenait hier sa première réunion monétaire de l’année. Le président Mario Draghi était très attendu sur plusieurs sujets et notamment celui de la vigueur de l’euro.

Les faits

A l'issue de la réunion du conseil des gouverneurs, la BCE a indiqué qu'elle laissait son principal taux de refinancement à 0% et son taux de rémunération des dépôts à -0,40%, soit le niveau auquel ils se trouvent depuis mars 2016. Comme en décembre, la BCE a précisé dans son communiqué que les taux resteront à leurs niveaux actuels sur une période prolongée, et bien au-delà de l'horizon fixé pour les achats nets d'actifs. Le programme de rachats d'actifs de la BCE se poursuivra au rythme de 30 milliards d'euros par mois jusqu'en septembre 2018. Le communiqué de la banque centrale indique toujours que si les perspectives deviennent moins favorables ou si les conditions financières ne permettent plus de nouvelles avancées vers un ajustement durable de l'évolution de l'inflation, le conseil des gouverneurs se tient prêt à accroître le volume et/ou à allonger la durée du programme.

L’Euro

C’était l’une des questions sur laquelle le président de la BCE était le plus attendu. Ce dernier a affirmé que dans ce contexte, la récente volatilité sur le marché des changes était une source d'incertitude qui demandait d'être examinée au regard de ses possibles implications sur les perspectives à moyen et long terme pour la stabilité des prix (il est actuellement trop tôt pour évaluer si des effets de contagion sont déjà à l'œuvre et quelle sera l'ampleur de cette contagion). Mario Draghi a cependant réaffirmé que son institution n’avait pas un objectif précis de taux de change et qu’une dévaluation compétitive à des fins concurrentielles était à exclure…

L’inflation

Principal mandat de la BCE, (la faiblesse de) l’inflation a été, tout au long de 2017, un réel sujet d’inquiétude. La confiance semble revenue en début d’année puisque Mario Draghi a affirmé que la solide dynamique cyclique, la réduction en cours des capacités inutilisées et l'augmentation de l'utilisation des capacités renforçaient encore la confiance de la BCE dans la convergence à venir de l'inflation vers son objectif d'une inflation inférieure à mais proche de 2%.
Concernant l’inflation sous-jacente, les mesures de l'inflation sous-jacente demeureraient contenues, en partie en raison de facteurs spéciaux, et doivent encore montrer des signes convaincants d'une tendance haussière durable.

La croissance

Concernant la vigueur économique, la BCE partage notre vision d’une amélioration progressive de la croissance en zone euro. Les informations qui parviennent à l’institution de Frankfurt confirment en effet un rythme solide d'expansion économique, qui a accéléré plus que prévu au deuxième semestre 2017.

La nécessité d’un coussin

Mario Draghi a répété, si besoin était, qu’un ample degré de stimulation monétaire restait nécessaire pour que les pressions inflationnistes sous-jacentes continuent à s'affirmer et soutiennent les évolutions de l'inflation publiée à moyen terme.

Réaction
  • Euro/Dollar: forte hausse.
  • Rendement du Bund: hausse.
  • Euro Stoxx 50: baisse.
Synthèse

Retour de la croissance, de la confiance et de l’inflation en zone euro, il n’en fallait pas plus pour que l’euro/dollar franchise le seuil psychologique des 1,25. Si globalement la conférence de presse a été constructive, on peut réellement se demander si la BCE ne sera pas tentée de réduire son soutien à l’économie plus rapidement que prévu. Aucune hausse de taux en 2018 n’est cependant à prévoir.

 

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