L’investissement socialement responsable avec les ETF

Salima Barragan

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Selon François Millet (Lyxor AM), «Dans le cadre des fonds indiciels ESG, les données représentent un enjeu majeur».

Récemment, un dossier sur la gestion passive publié sur Allnews, constatait que, durant ces dernières années, la frontière entre gestion active et passive s’est estompée. Les émetteurs d’ETF ont étoffé leur gamme de produits et s’attaquent désormais aussi aux solutions ISR (Investissement Socialement Responsable). Eclairage avec François Millet, responsable du développement des produits ETF chez Lyxor Asset Management.

Une gestion engagée

Le marché européen des ETF pèse 660 milliards d’euros, moins de 1% se rapporte aux ETF ESG (incluant les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) mais leur croissance est plus forte. Parmi les plus anciens, un ETF sur le thème de l’eau, lancé par Lyxor, le pionner de la gestion indicielle en Europe, remonte à une dizaine d’années. D’autre part «La pratique actionnariale de produits indiciels requiert un travail identique à celle des fonds actifs », explique François Millet. Par exemple, pour ses ETF, pourvoyeurs de droits de vote, Lyxor Asset Management exerce aussi activement son rôle d’actionnaire. «Nous jouons d’autant plus le rôle d’engagement d’actionnaire que l’on ne peut se séparer des actions de l’indice», explique-t-il. Dans ce sens, l’émetteur a défini une politique de vote et engage le dialogue avec les dirigeants des sociétés cotées. 

Des offres ciblées

Liquides, faciles d’accès mais surtout pratiquant des commissions de gestion réduites, les ETF devraient vite se populariser auprès des investisseurs privés de plus en plus sensibles à la finance durable. Lyxor leur propose des ETF à thématiques ESG. Ils visent des objectifs spécifiques d’investissement sur des problématiques sociales ou environnementales. Récemment, Lyxor a lancé un fonds sur le thème du gender equality (égalité homme -femme au travail – réservé à des investisseurs qualifiés), qui plaide pour un meilleur équilibre dans les entreprises. «Dans ces produits thématiques, le sujet n’est pas le rating global», souligne François Millet. Mais pour être irréprochable face aux risques de greenwashing ambiants, il faut pouvoir justifier de la crédibilité des produits en s’entourant des meilleurs. Dans ce sens, Lyxor a fait approuver le premier ETF européen d’obligations vertes - dédié à la lutte climatique – sélectionnées par la CBI (Climate Bonds Initiative). «Nous nous organisons pour faire labelliser nos produits», souligne le responsable. 

La déviation par rapport à l’indice de marché peut être importante selon les produits. «Il y a un arbitrage entre la pureté du thème et la déviation du benchmark classique», explique François Millet. «Par exemple, les actions américaines sont mal notées sur les critères de gender equality, mais nous essayons de canaliser l’écart par rapport à l’indice de marché avec la mise en place de caps et de floors», rajoute-t-il.

«L’approche best in class sur les trend leaders est un levier économique.»

A l’attention des investisseurs institutionnels (et qualifiés), contraints à se conformer à leur indice de référence, l’approche best in class semble la plus appropriée. Lyxor axe son offre sur les ETF broad ESG dont l’originalité est de tenir compte du trend d’amélioration du rating ESG des sociétés. 

Pour ces ETF, Lyxor s’appuie sur l’expertise de MSCI qui sélectionne les trend leaders en privilégiant les sociétés qui déploient des efforts pour faire progresser leur rating ESG. Par ce processus dynamique, les sociétés choisies sont celles dont l’impact est le plus significatif. «L’approche best in class sur les trend leaders est un levier économique et nous n’investissons pas dans les autres titres», précise François Millet.

Les ONG au service de la finance

Un fond indiciel comprenant souvent une grande quantité de titres, la fiabilité des données ESG est primordiale. «Les données représentent un enjeu majeur», souligne François Millet. Pour s’assurer de la conformité de leurs critères ESG, Lyxor s’est alliée avec des partenaires, comme des bureaux de recherche et notations extra-financière, ou des ONG collectant ces données et cherchant à faire émerger des standards. «Des structures comme Equileap sur l’égalité homme-femme ont à la fois la passion et la connaissance», illustre-il.

Pour l’heure actuelle, l’investissement à impact est encore associé aux investissements non listés en bourse à l’instar du private equity ou de la dette privée. Les principes de base de l’investissement à impact, à savoir l’intentionnalité, ou volonté d’apporter un bénéfice à la société, l’additionnalité qu’apporte le projet, et la mesurabilité de l’impact, peuvent aussi s’appliquer à des degrés divers aux titres cotés. «Les actifs listés apportent d’autres bénéfices comme le facteur d’échelle et la liquidité», estime François Millet qui souhaite rendre ce type d’investissement accessible au plus grand nombre à travers des ETF. «L’impact total, c’est la richesse de l’impact multipliée par la taille de l’investissement», assure-t-il. La mesurabilité de l’impact reste le plus grand défi auquel l’industrie doit faire face, mais là encore l’amélioration de l’information par les sociétés et le traitement des données apporteront les solutions.

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