L’impact: une nouvelle dimension qui s’impose aux investisseurs

Jean-Philippe Donge, Banque de Luxembourg Investments

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La notion d’impact peine à se généraliser au-delà de certaines sphères d’investisseurs avertis. Elle a cependant un rôle indéniable à jouer dans la construction d’un portefeuille face à des enjeux environnementaux et sociaux majeurs actuels.

Alors que le risque est une notion maintenant bien ancrée dans les pratiques de gestion, la notion d’impact peine à se généraliser au-delà de certaines sphères d’investisseurs avertis; elle a cependant un rôle indéniable à jouer dans la construction d’un portefeuille face à des enjeux environnementaux et sociaux majeurs actuels.

«Le risque et l’incertitude font partie intégrante de l’activité humaine depuis ses débuts, mais ils n’ont pas toujours été qualifiés comme tels. Pendant la majeure partie de l’histoire, les événements aux conséquences négatives étaient attribués à la providence divine ou au surnaturel. Dans ces circonstances, les réponses apportées face à ces risques étaient la prière, le sacrifice (souvent d’innocents) et l’acceptation du sort, quel qu’il fusse, qui nous était réservé. Si les dieux intervenaient en notre faveur, nous obtenions des résultats positifs et s’ils ne le faisaient pas, nous souffrions; le sacrifice, quant à lui, devait apaiser les esprits qui étaient à l’origine des mauvais résultats. Aucune mesure de risque n’était donc considérée comme nécessaire, car tout ce qui arrivait était prédestiné et régi par des forces indépendantes de notre volonté.»

Une situation emprunte de dichotomie

En l’espace d’une semaine j’ai eu l’opportunité de participer à un séminaire sur l’impact investing ainsi qu’à une conférence sur l’état du marché de la dette des pays émergents.

Durant cette semaine, j’ai été frappé de voir à quel point le monde des investisseurs à impact (fondations, family offices, congrégations religieuses, milieu académique…, que j’appellerai «le Monde 1» pour les besoins de l’analyse) et celui des investisseurs plus traditionnels auquel j’appartiens (appelons-le «le Monde 2»), semblaient totalement dissociés l’un de l’autre pour ne pas dire s’ignorer. Alors que les premiers évoquaient l’irrémédiable entrée de l’humanité dans la décennie décisive pour limiter autant que possible les changements climatiques, les seconds continuaient à rechercher les meilleures valorisations relatives sur le marché de la dette des pays émergents. Quelques jours plus tard, dans le cadre d’une rencontre avec différents gérants et conseillers issus du monde de l’assurance ou de la sélection de fonds, je discutais de la manière d’aborder les questions de durabilité et d’impact en tant qu’investisseurs. Et là encore, je n’ai pu que constater la difficulté d’associer favorablement les concepts d’impact et d’investissement ou plutôt, d’impact et de performance (ou rendement attendu).

Les Objectifs de développement durables des Nations unies2 et surtout leur mise en forme dans une méthodologie d’investissement ne semblent pas encore aller de soi pour beaucoup d’entre nous qui appartenons au Monde 2. Même des gérants expérimentés ne conçoivent toujours que difficilement le fait d’associer ces deux notions. Le rendement attendu d’un placement comparé à telle alternative ou à telle autre demeure encore trop souvent le principal élément de réflexion.

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