L’identification, un aspect clé pour les services financiers en ligne

Yves Hulmann

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SwissSign Group, dirigée par Markus Naef, ambitionne d’atteindre jusqu’à un million d’utilisateurs pour sa solution SwissID d’ici fin 2018.

 

Le nom de SwissSign Group reste relativement peu connu du grand public. Pourtant, près d’un Suisse sur huit pourrait, d’ici la fin de l’année, avoir recours à son système d’identification numérique, comme le souligne Markus Naef, son directeur, lors d’un entretien avec Allnews.ch. En effet, la société, dont l’origine remonte à un projet appelé Suisse ID lancé en 2008 par le Secrétariat à l’économie (SECO) visant à simplifier les procédures d’identification en ligne, s’est redéployée sous une nouvelle forme depuis un an.

En 2017, un groupe de neuf partenaires, incluant des entreprises proches de l’Etat (Swisscom, la Poste et les CFF), des banques (Credit Suisse, UBS, Raiffeisen et la Banque Cantonale de Zurich) le prestataire de services financiers SIX), et l’assureur Mobilière, ont signé un protocole d’accord («memory of understanding») encadrant la nouvelle société. Cela a débouché, en février dernier, sur la fondation de SwissSign Group. A cette occasion, huit autres sociétés ont rejoint sa base de promoteurs, principalement des assureurs (Axa, Bâloise, Helvetia, Swiss Life, Vaudoise et Zurich) et des caisses maladie (CSS et Swica). En mai, Entris Banking, un prestataire de services financiers pour le secteur bancaire, a rejoint cette structure.

Plus de quatre millions de clients devraient avoir recours
à SwissID au cours des prochaines années.
Les autorités comptent aussi parmi les utilisateurs du système

SwissSign Group entend poursuivre le développement de SwissID autour de deux axes : d’un côté, les clients individuels et, de l’autre, les autorités et les commerces. Outre les clients individuels, la société compte également parmi ses clients des autorités ainsi que diverses sociétés qui proposent des services en ligne. Dans la première catégorie, les cantons de Berne, de Fribourg, du Jura, de Neuchâtel ou de Soleure, qui utilisaient déjà l’ancienne plateforme Suisse ID, adopteront la solution rebaptisée Swiss ID. D’autres cantons comme ceux de Zoug ou de Lucerne utilisent directement la nouvelle version.

En matière de commerce électronique, SwissSign Group ambitionne d’atteindre une vingtaine d’utilisateurs d’ici le milieu de l’an prochain, comme l’explique Markus Naef. Parmi ceux-ci figurent à la fois des entreprises proches de l’Etat comme les CFF et La Poste, des assurances, des banques, des groupes de médias ou encore des sociétés actives dans les transports ou la pharma.

30'000 nouveaux utilisateurs par mois

Du côté des clients individuels, SwissSign Group estime qu’environ 30'000 personnes s’inscrivent auprès du système d’identification SwissID chaque mois. En tout, la société devrait compter entre 650'000 et 1 million d’utilisateurs d’ici fin 2018, évalue Markus Naef. A terme, plus de quatre millions de clients devraient avoir recours à SwissID au cours des prochaines années, indiquait SwissSign Group lors de sa création l’hiver dernier.

La solution permet aux utilisateurs
de définir différents degrés d’identification.

En quoi se différencie la solution proposée par Swiss Sign Group de celle d’autres systèmes d’identification numérique mis à disposition par différents prestataires privés ? Markus Naef relève plusieurs différences. Premièrement, la solution proposée par Swiss Sign Group permet aux utilisateurs de définir différents degrés d’identification adaptés en fonction de leur situation, tout en n’ayant besoin de s’enregistrer qu’une seule fois auprès de SwissID. Par exemple, lors d’échanges avec les autorités fiscales, il va de soi qu’un utilisateur va s’identifier sous son propre nom et avec son identité complète, incluant son nom, son âge et son adresse. En revanche, si l’utilisateur veut rédiger un commentaire sur un site Internet qui requiert une identification de la part de ses utilisateurs, un pseudo peut suffire. «Notre principe est de rester économe en matière d’utilisation des données. Selon cette approche, une entreprise commerciale n’obtient que l’accès aux données absolument nécessaires à propos de ses clients qui s’enregistrent à l’aide de Swiss ID», explique le directeur. Comment définir ce qui est nécessaire et ce qui ne l’est pas? Et de citer l’exemple suivant: «Un client qui commande des boissons alcoolisées via un magasin en ligne doit prouver qu’il est âgé d’au moins dix-huit ans. Son profil sur Swiss ID permet de le vérifier. En revanche, l’échoppe en ligne n’obtiendra pas sa date d’anniversaire – qui pourrait être utilisée pour lui proposer une offre spéciale – ni d’autres informations qui pourraient être exploitées par le commerçant», illustre le directeur de SwissSign Group. SwissID a l’avantage de permettre aux utilisateurs de s’identifier à l’aide d’un seul système dans toutes sortes de situations. Dans le commerce électronique, on estime en effet qu’environ 40% des clients abandonnent la partie en cours de route dès qu’ils rencontrent des difficultés lors du processus d’inscription sur un site. Et une proportion identique renonce aussi à un achat si une difficulté survient au moment du paiement.

La protection des données, un enjeu toujours plus sensible

Deuxièmement, il faut tenir compte des aspects liés à la protection des données. Markus Naef évoque plusieurs différences entre la solution de SwissID et le « social login » proposé par les géants du net, qui permettent déjà de s’enregistrer sur toutes sortes de sites avec un seul identifiant. Si, en surface, l’utilisateur ne perçoit que peu de différences entre les deux approches, ce qui se passe en arrière-plan est toutefois très distinct. «Avec SwissID, les données restent en Suisse. De plus, nous n’utilisons pas les données conservées dans un but commercial. Nous ne faisons pas de «profiling» sur la base des données obtenues. Par exemple, nous ne cherchons pas à analyser où la personne se trouve quand elle utilise notre solution, ni à quelle vitesse elle se déplace, afin de lui pouvoir lui proposer ensuite des offres commerciales ciblées», explique Markus Naef. S’y ajoutent bien entendu aussi différentes considérations en matière de sécurité. «En utilisant SwissID pour s’enregistrer sur un site, les possibilités de fraudes sont massivement réduites», souligne-t-il.

Les petits établissements sont souvent plus réactifs

Quel est l’intérêt du secteur financier pour la solution proposée par SwissID? Pour Markus Naef, les aspects liés à la simplification des procédures d’identification et à la sécurité sont encore plus cruciaux dans ce secteur. «Simplifier les procédures d’identification, tout en assurant un haut degré de sécurité, est particulièrement important dans les services financiers étant donné qu’il s’agit de l’argent du client. Si vous ne parvenez pas à effectuer un achat sur une plateforme d’e-commerce, vous pouvez toujours aller acheter le produit ailleurs. Si vous n’avez pas accès à votre compte, cela affectera l’ensemble de votre vie quotidienne», illustre-t-il. De manière générale, il observe que ce sont souvent les petits établissements qui évoluent le plus rapidement dans ce domaine et qui sont prêts à adopter rapidement de nouvelles solutions en matière d’identification.