Jusqu’ici, tout va bien

Stéphanie de Torquat, SILEX

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Croissance robuste et désinflation soutenue ne sont pas compatibles. Nous pensons que la Fed privilégiera la désinflation.

Ce début d’année est marqué par une perception très positive de l’environnement de la part des marchés, qui en profitent pour récupérer une partie des pertes subies l’année dernière.

En effet, nous nous trouvons actuellement dans cette période de transition un peu particulière entre l’inflation très forte que nous avons connue en 2022 et un ralentissement économique qui devrait prendre de l’ampleur en dernière partie d’année, voire début 2024.

Cette période est caractérisée par une forme d’accalmie: désinflation en marche, approche de la fin du cycle de resserrement monétaire des banques centrales, et données économiques toujours résilientes puisque les conditions financières restrictives n’ont pas encore totalement fait effet.

Cette période est également celle où une polarisation se crée entre ceux qui anticipent un atterrissage en douceur de l’économie américaine, c’est-à-dire une baisse non-douloureuse de l’inflation sans ralentissement économique notoire, et ceux qui pensent qu’une récession à terme sera difficile à éviter.

L’histoire tend à prouver qu’un atterrissage en douceur est extrêmement rare, et inédit après un resserrement monétaire si agressif et des points hauts d’inflation si élevés.

En attendant le verdict, les marchés profitent de ces conditions favorables avec une hausse généralisée des actifs, les plus risqués bénéficiant le plus.

Il est tout à fait possible que cet environnement se prolonge encore quelques mois.

Aux États-Unis, l’atténuation des pressions inflationnistes, un marché de l’emploi historiquement robuste, et un excès d’épargne lié au Covid pas encore totalement épuisé soutiennent la consommation à court terme et n’indiquent pas l’imminence d’une récession.

En revanche, cette économie toujours très résiliente, couplée à une Réserve Fédérale américaine (Fed) déterminée à ne pas répéter certaines erreurs du passé l’ayant conduite à ne pas en faire assez en termes de resserrement monétaire, implique que les conditions pourraient rester encore particulièrement restrictives pendant une période prolongée.

Il est peu probable que l’économie résiste éternellement à de telles contraintes. Malheureusement, doser le ralentissement est une mission ardue. Depuis de tels niveaux de surchauffe, l’issue tend à être binaire: soit l’économie résiste, soit elle craque. Un taux de chômage qui ne monte «que de 1%» depuis les points bas du cycle, comme évoqué par Jérôme Powell, le patron de la Fed, est sans précédent historique. L’histoire tend d’ailleurs à prouver qu’un atterrissage en douceur est extrêmement rare, et inédit après un resserrement monétaire si agressif et des points hauts d’inflation si élevés.

Les indicateurs avancés pointent d’ailleurs vers des conditions récessives aux États-Unis en fin d’année, ou début d’année prochaine.

Nous traversons en cette première partie d’année la période du cycle de marché la plus difficile à naviguer, alors que les investisseurs hésitent entre «acheter» une économie qui résiste, ou «vendre» une récession qui se profile.
Profiter des embellies est certes bienvenu, mais nous mettons en garde contre une complaisance extrême, et nous continuons à penser que prudence et vigilance restent de mise jusqu’à ce que les effets restrictifs de la politique monétaire aient totalement et visiblement affecté l’économie réelle.

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