Journée de l’eau: un nageur suisse défie Vladimir Poutine

Pascal Dudle & Matthias Fawer, Vontobel Asset Management

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L’accès à l’eau potable qui est une priorité parmi les objectifs de développement durable le devient aussi pour l’investissement d’impact.

Le nageur de l'extrême Ernst Bromeis. ©Keystone

On a pu voir des images du président russe torse nu à cheval ou pratiquant la pêche sous-marine à la poursuite d’un insaisissable brochet dans le sud-est de la Sibérie. Vladimir Poutine se voit aujourd’hui défié par un adversaire improbable: Ernst Bromeis, nageur de l’extrême et «ambassadeur de l'eau», a l'intention de traverser le lac Baïkal sur toute sa longueur, soit de parcourir environ 800 kilomètres pour sensibiliser le public à l’importance de l’eau. 

Durant des siècles, le lac Baïkal, qui représente la plus grande réserve d'eau douce liquide à la surface de terre, a été épargné de toute emprise de la civilisation, à l'exception du Transsibérien qui longe sa rive sud. Le omoul, salmonidé typique de ce lac, y a prospéré en dépit de sa réputation de spécialité locale très prisée, jusqu’au jour où, suite à la détérioration de son habitat, il est apparu sur la liste des espèces en voie de disparition. En cause, la pollution et des algues devenues envahissantes.  

La descente du Rhin à la nage: un jeu d’enfant

En Sibérie, Ernst Bromeis prévoit de nager sans bateau d’accompagnement et ne sera suivi à terre que par une équipe réduite. Le défi est d’une tout autre envergure que ceux qu’il a déjà relevés jusqu’à présent, comme la traversée des plus grands lacs de Suisse ou la descente du Rhin sur plus de 1’200 kilomètres. En se plongeant dans cette immense étendue d’eau que représente le lac Baïkal, l’athlète aura à affronter des températures qui, même en été, dépassent rarement les 12 degrés Celsius, bref de quoi donner le frisson aux sportifs comme aux défenseurs de l’environnement.

L’ONU a consacré l’un de ses objectifs
de développement durable à l’eau, son accès étant une priorité absolue.

Ce 22 mars, déclaré Journée mondiale l’eau par l’Organisation des Nations Unies (ONU), représente une bonne occasion pour réfléchir plus en profondeur au message que cherche à véhiculer le nageur. L’ONU a consacré l’un de ses objectifs de développement durable (ODD) à l’eau1, son accès étant une priorité absolue. En effet, en 2015, 29% de la population mondiale n'était pas encore approvisionnée en eau potable et 61% ne disposaient de services d'assainissement fiables. Pour réduire ces proportions de manière significative d’ici 2030 comme le veulent les ODD, des investissements considérables seront nécessaires, tant pour lutter contre la pollution que pour construire les infrastructures nécessaires au transport et au traitement de l’eau.

Sans les entreprises qui le soutiennent, Ernst Bromeis n’aurait pas pu relever le défi qu’il s’est lancé. De même, les objectifs de l’ONU dans le domaine de l’eau ne pourront être atteints qu’avec la mise à disposition de produits et services innovants par les entreprises du secteur de la «cleantech». Parmi elles, China Everbright est spécialisée dans le recyclage des déchets, la fourniture d’eau et les énergies renouvelables. Elle a récemment publié un document intitulé «Ecology and Environment for a Beautiful China» qui indique certainement qu’elle est prête pour le programme d’investissement du gouvernement chinois, prévu dans le cadre du plan quinquennal, et qui porte sur plus de 100 milliards de dollars qui seront affectés dans des projets de traitement des eaux usées jusqu’en 2020. Beijing Enterprises, qui également active dans le traitement des eaux usées, pourrait aussi bénéficier de ce programme.

L’effort de dépollution ne peut pas être supporté par les seuls gouvernements,
l’investissement privé a également un rôle à jouer.

L’effort de dépollution ne peut pas être supporté par les seuls gouvernements, l’investissement privé a également un rôle à jouer. En Asie comme en Afrique, l’eau du robinet étant fréquemment impropre à la consommation, les ménages doivent recourir à l’eau en bouteille. Un fabricant de filtres tels que l’entreprise A.O. Smith, également active dans la production de chauffe-eau et de chaudières pour le marché américain, pourrait bénéficier de cette demande croissante dans les zones urbaines exposées. Ses dispositifs, qui peuvent être installés sous un évier, sont en effet beaucoup moins onéreux que l’eau en bouteille qui, sur les marchés émergents, coûte en moyenne de dix dollars par semaine et par ménage.

Les entreprises de ce type peuvent représenter des valeurs intéressantes pour n’importe quel fonds investi en actions, mais elles sont particulièrement bien adaptées à l’investissement d’impact. Nous avons pu constater à maintes reprises que les investisseurs sensibles à l’aspect durabilité ne recherchent pas seulement la performance financière. Ils souhaitent également que leurs investissements procurent des avantages non monétaires, en l’occurrence un accès facilité à l’eau potable. 

1 The Sustainable Development Goals Report 2018, Goal 6: Clean water and sanitation
 

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