Jour J de la Première Guerre Commerciale Mondiale

Adrian Schönauer, Geneva Swiss Bank

2 minutes de lecture

Ce matin, les premiers coups de feu de la guerre commerciale ont été tirés depuis les Etats-Unis vers la Chine.

Pour commencer, les Etats-Unis imposent des droits de 25% sur 34 milliards de dollars de marchandises chinoises, qui seront suivis des mêmes droits de douane sur 16 milliards de dollars supplémentaires d’ici deux semaines.

La Chine, qui a toujours dit clairement qu'elle ne tirerait pas le premier coup de feu, mais qu'elle riposterait immédiatement, a déclaré que ses tarifs douaniers sur les marchandises américaines, prendraient effet immédiatement après l'entrée en vigueur des droits américains, sur le même montant.

Hier soir, le président Trump a déclaré à un parterre de journalistes: «First 34, and then you have another 16 in two weeks and then as you know we have 200 billion in abeyance and then we have 300 billion in abeyance. Ok? So we have 50 plus 200 plus almost 300». Cherchez l’erreur. En 2017, les importations américaines en provenance de Chine s'élevaient «seulement» à 505 milliards de dollars, d’où l’importance du mot «almost» dans ce calcul.   

Tout a été anticipé depuis un certain temps et n'a donc pas du tout
été une surprise... contrairement au fameux 6 juin 1944.

Ce matin, le Ministère chinois du commerce a déclaré qu'il n'avait pas d'autre choix que de riposter. Toutefois, il a également déclaré que la Chine poursuivrait ses réformes internes et s'ouvrirait aux marchés mondiaux.

Cela peut sembler dramatique, mais tout a été anticipé depuis un certain temps et n'a donc pas du tout été une surprise... contrairement au fameux 6 juin 1944. Avec des marchés financiers aujourd'hui beaucoup mieux préparés que la «Wehrmacht» de l'époque, cela ne pouvait pas leur faire beaucoup de mal. En fait, cela ne les a pas touché du tout, jusqu'à présent.  

Avant l'ouverture en Europe, les futures S&P 500 se situaient à l'extrémité supérieure de la fourchette des dix derniers jours. Shanghai, Hong Kong et le Japon ont fermé en hausse de plus d’1% ce matin. Cela dit, le jour J n'est pas encore terminé, et il est encore trop tôt pour affirmer qu’il s’agit d'une de ces situations classiques de «Buy the Rumor and Sell the News». D'ici lundi, ce sera peut-être plus clair. 
 

Bien entendu, une escalade de cette guerre commerciale ne peut être exclue. Cependant, les deux parties doivent savoir que les ripostes ne se feront pas attendre. Ceci dit, les deux adversaires sont confrontés à des limites.

La Chine ne peut taxer que jusqu'à concurrence de 135 milliards de dollars, le total de ses importations en provenance des Etats-Unis, alors que les Etats-Unis peuvent taxer jusqu'à 505 milliards de dollars (chiffres de 2017). Qui plus est, la Chine aura du mal à importer du soja, sa principale importation en provenance des États-Unis, qu'elle a déclaré qu'elle taxera dès maintenant, en provenance d'autres pays parce que les exportations américaines représentent 40% de tout le soja échangé à l'échelle internationale, tandis que les importations chinoises représentent 60% de ce marché.

Si Trump va jusqu'à taxer toutes les importations chinoises, le consommateur (et l'électeur!) américain le ressentira comme une augmentation massive des impôts et considérera cela comme injuste par rapport aux entreprises qui bénéficient d'une réduction massive des impôts. En plus d'obtenir des tarifs plus équitables, Trump marque certainement un point ici parce que les États-Unis appliquent des tarifs beaucoup plus bas que la Chine... et l'Europe. Cette guerre commerciale devrait aider les Républicains à remporter les élections de mi-mandat le 6 novembre 2018, mais pas sûr que ce soit le cas s'il en résulte un «bain de sang» pour le consommateur américain. 

Affaire à suivre…

A lire aussi...