Investor’s Day: les sociétés continuent à investir malgré les turbulences boursières

Yves Hulmann

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La société immobilière PSP, le spécialiste du bâtiment Meier Tobler et la société d’investissement Haute Capital Partners ont présenté leur modèle d’affaires.

Même si l’actualité reste dominée par la crise énergétique et une forte volatilité sur les marchés boursiers, les entreprises continuent de poursuivre le développement de leurs projets. Qu’il s’agisse des secteurs de l’immobilier, des techniques du bâtiment, du secteur financier ou des sciences de la vie, plusieurs sociétés poursuivent leurs investissements. Tour d’horizon avec quelques sociétés qui ont effectué une présentation dans le cadre d’Investor’s Day 2022, un événement qui a rassemblé mercredi une cinquantaine d’investisseurs à Genève.

PSP: l’immobilier commercial reste attrayant dans les centres

Comptant parmi les plus grandes sociétés immobilières cotées en bourse en Suisse, PSP Swiss Property (PSP) se concentre sur le seul marché helvétique avec un portefeuille axé essentiellement sur l’immobilier commercial. La société cotée en bourse depuis le début des années 2000 rénove aussi certains de ses objets immobiliers ou les repositionne de façon différente. A Zurich, c’est le cas par exemple du projet «Zürcherhof», un bâtiment situé tout près de la Limmat dont la rénovation et la modernisation s’achèvera à la fin de 2023. Environ 65% des surfaces de ce bâtiment ont déjà été pré-louées, précise PSP. A Genève, PSP a entrepris entre 2018 et 2020 une rénovation et transformation en profondeur d’un bâtiment situé à la Rue du Marché 40 pour une somme investie de près de 18 millions de francs. Ces travaux ont permis de convertir des espaces de bureaux en hôtel (84%), complété par des surfaces de vente (16%). Toujours à Genève, la société a aussi rénové complètement le bâtiment «Hôtel de Banque» dont la transformation effectuée pour un montant de 9 millions s’achèvera à fin 2022. A Bâle, PSP développe le projet «Clime» encore en cours de construction qui a la particularité d’être construit en grande partie en bois. Le projet, qui a nécessité des investissements de 37 millions, devrait être terminé en 2023. L’occasion pour la société de souligner qu’elle se fixe pour objectif de réduire ses émissions de CO2 de 50% d’ici 2035 (comparé à 2019) et qu’elle va continuellement augmenter ses capacités en matière de production d’électricité photovoltaïque.

Qu’en est-il de l’utilisation de ses surfaces au sortir de la crise du Covid? Les taux de vacances diffèrent quelque peu dans ses trois principales régions d’activité: à Zurich où se concentre la plus grande partie de son portefeuille à hauteur de 5,3 milliards de francs, le taux de vacances reste relativement bas avec 2,9%. A Genève (portefeuille de 1,4 milliard), il se situe à 4,2%, tandis qu’il atteint 4,4% à Bâle (portefeuille de 716 millions). Si des opportunités attrayantes se présentent, PSP dispose d’une ligne de crédit de 895 millions de francs qui n’a pas encore été utilisée, dont 620 millions ont déjà été engagé dans différents projets. Si la société va ainsi poursuivre ses investissements, elle reste fidèle à son positionnement. «Nous allons continuer de nous concentrer sur les plus grandes villes de Suisse et les objets situés dans les centres», souligne Vasco Cecchini, directeur et CCO & Head IR chez PSP Swiss Property.

Côté rendement, PSP a continuellement pu augmenter ses dividendes, situé à 3,2 francs par action en 2012 à 3,75 francs en 2021. Si l’action avait fortement souffert durant la crise du COVID, passant de plus de 150 francs au début de 2020 à 104 francs en mars de cette année-là, le titre a plutôt bien résisté cette année. Depuis janvier, l’action de PSP Swiss Property a limité son recul à un peu plus de 12%, soit sensiblement moins que le SPI.

Meier Tobler: le potentiel de croissance du marché suisse n’est pas épuisé

Meier Tobler compte à l’inverse parmi les sociétés helvétiques qui ont le mieux performé à la bourse suisse en 2022. Depuis début janvier, l’action de l’entreprise lucernoise, qui emploie près de 1300 personnes et qui a réalisé un chiffre d’affaires de 510 millions de francs en 2021, a bondi près de 70%. L’équipementier du bâtiment, a en effet largement profité au premier semestre de la forte demande pour les pompes à chaleur. Comme l’a toutefois souligné son directeur Roger Basler, le modèle d’affaires de l’entreprise s’appuie sur plusieurs activités différentes. Dans le domaine du commerce (Trade), Meier Tobler propose un vaste assortiment de plus de 32'000 articles dans son stock. Dans le segment de la génération de chaleur (Heat generation), l’entreprise tire parti de la croissance du marché à hauteur de plus de 12% par an, soutenue en particulier par la forte progression de 28% dans les pompes à chaleur. S’y ajoute le segment des services qui s’appuie sur un réseau de 400 professionnels répartis à travers toute la Suisse ainsi que celui des systèmes de climatisation (Air-conditioning systems). A la question de savoir pourquoi il vaut la peine de s’intéresser à Meier Tobler actuellement, Roger Basler cite d’abord la poursuite des activités de construction à un rythme soutenu en Suisse, à la fois en ce qui concerne les nouveaux bâtiments que les rénovations. La proximité de l’entreprise avec ses clients – la plupart peuvent être atteints en moins de 20 minutes à partir de ses 47 différents «marchés» – et d’importants investissements dans un nouveau centre de logistique situé à Oberbuchsiten dans le canton de Soleure qui sera opérationnel dès l’été 2023 renforceront encore son réseau de distribution et permettront d’importantes synergies.

Côté rentabilité, Meier Tobler, pénalisé par les difficultés liées à l’intégration des deux sociétés issues de la fusion entre Walter Meier et Tobler en 2018 puis par une attaque informatique en 2019, a constamment amélioré sa rentabilité depuis la nouvelle décennie. Partant d’une perte nette de 3,7 millions de francs en 2018, Meier Tobler est redevenu rentable en 2019 (1,3 million), avant que son résultat net grimpe à 3,9 millions en 2020, puis à 15,6 millions en 2021. Côté perspectives, Meier Tobler préfère néanmoins pour l’instant ne pas formuler de prévisions pour ces prochaines années, évoquant les «incertitudes dans l’environnement de marché actuel» et une «faible visibilité». Ne faut-il pas craindre que la demande pour les pompes à chaleur s’essouffle un jour? Roger Basler relativise ce risque: «Il faut aussi tenir compte de l’énorme potentiel qui existe en Suisse concernant le renouvellement des installations existantes», souligne-t-il.

Haute Capital Partners: une IPO sur BX plutôt qu’à la SIX

Nouveau venu en bourse cette année, la société d’investissement basée à Bienne Haute Capital Partners a effectué ses premiers pas sur BX swiss stock exchange. Elle a opté pour la bourse bernoise pour des raisons de coûts, moins élevés qu’à la SIX, et parce que la taille de la société correspond à cette plateforme boursière, comme l’indique Thibault Leroy Bürki, son président et directeur.

Alors que certaines sociétés préfèrent quitter la bourse pour être détenues en mains privées, la société basée à Bienne, qui compte une dizaine d’employés, a au contraire choisi d’élargir ses activités d’investissement à d’autres domaines que le private equity, son segment d’origine. Outre le capital-investissement qui représente environ 15% de ses actifs investis, Haute Capital Partners investi aussi dans l’immobilier (27%), via deux projets situés à Macolin et Bellmund en région biennoise, ainsi que dans un portefeuille investi à long terme pour les 50% restants. S’y ajoute aussi la thématique de la blockchain. L’approche d’investissement largement diversifiée de Haute Capital Partners a convaincu le marché depuis son entrée en bourse fin mai. Le titre se négocie actuellement à un peu plus de 62 francs, en hausse d’un peu plus de 50% par rapport à son cours initial.

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