Les obligations convertibles offrent un profil de rendement asymétrique, qui bénéficie du meilleur de la sensibilité aux actions grâce à un profil équilibré dit «convexe».
Jusqu'à présent, l’année 2022 a mis les nerfs des investisseurs à rude épreuve. Et comme toujours après une correction prononcée, les mêmes questions reviennent: le mouvement baisser est-il terminé? Faut-il investir maintenant pour profiter du rebond à venir? Cette fois, cependant, ces questions ne se posent pas qu’aux investisseurs en actions mais également à ceux des marchés obligataires, qui ont également subi une correction généralisée. Mais par rapport aux baisses des années précédentes, la conjoncture est devenue beaucoup plus incertaine. Certains scénarios négatifs, parmi lesquels une récession ou une stagflation, ont une probabilité de réalisation pour le moins non négligeable. Ces considérations compliquent nettement la prise de décision en matière d’allocation d’actifs, aussi bien sur les plans tactique que stratégique.
Les obligations convertibles sont des instruments qui se prêtent idéalement à ce type de contexte, car ils disposent de ce que l’on appelle un «timing» automatique: que les marchés actions soient haussiers ou baissiers, les investisseurs sont systématiquement bien positionnés, sans avoir besoin d’augmenter ou de réduire activement leur exposition aux actions. En effet, d'une part, les obligations convertibles participent à la hausse des cours des actions sous-jacentes, mais d’autre part, elles ne subissent que dans des proportions modérées les replis des actions. Les obligations convertibles offrent par conséquent un profil de rendement asymétrique, qui bénéficie du meilleur de la sensibilité aux actions grâce à un profil équilibré dit «convexe».
En fonction de son évaluation du marché, l’investisseur peut choisir des titres qui sont soit particulièrement sensibles aux actions, soit au contraire plus proches des obligations, et de cette manière profiter davantage et de manière ciblée des gains potentiels des actions, ou adopter un positionnement plus défensif. Les obligations convertibles réagissent ainsi de façon très dynamique à l’environnement de marché et passent rapidement d'un état à l’autre en termes de sensibilité aux mouvements des marchés actions. Par exemple, après les replis prononcés des actions pendant la crise du Covid, la classe d’actifs a vite profité du rebond et a pu effacer ses pertes dans les meilleurs délais, se redressant nettement plus vite que les actions pour clôturer encore plus haut. Après les turbulences marquées de cette année, l’univers global des obligations convertibles a présenté une sensibilité moyenne aux actions de l’ordre de 34%, en forte baisse par rapport aux 55% recensés 12 mois plus tôt. De très nombreux titres se comportent en effet de manière équilibrée et offrent, à cet égard, un profil opportunités/risques particulièrement attrayant.
Les obligations convertibles procurent donc des avantages très spécifiques – reste à répondre à présent à la question cruciale: qu’en est-il en termes de leur performance? Celle-ci est excellente sur le long terme, à en croire l'indice Refinitiv Global Vanilla, qui couvre près de 560 obligations convertibles liquides dans l’ensemble du monde. Depuis le lancement de la classe d'actifs en 1994, les obligations convertibles affichent une performance de 7,3% par, soit l'équivalent de celle des actions (7,4% par an pour l’indice MSCI World), et pour une volatilité nettement plus réduite: 10,0% par an pour les obligations convertibles, contre 14,9% pour les actions (au 31 mai 2022). À plus court terme, sur 2022, les obligations convertibles n’ont, à première vue, pas réussi à tirer leur épingle du jeu, car elles ont accusé des pertes similaires à celles des autres indices larges. Ce résultat s’explique par l’importante représentation des secteurs de croissance dans l’univers des obligations convertibles, ces derniers ayant fait l'objet de ventes beaucoup plus massives que les autres. Mais la comparaison des performances jusqu'à mi-juin avec l’indice Nasdaq des valeurs technologiques américaines (-31%) ou le Russell 2000 Growth (-32,8%) donne l’avantage aux obligations convertibles, protégées de manière exemplaire par les caractéristiques mentionnées que nous venons d'évoquer: l'indice Refinitiv Global Vanilla n’a cédé que 19% (-22,6% pour le MSCI World).
Malgré son biais considérable en faveur des secteurs de croissance, le marché des obligations convertibles contient un vaste éventail d'autres domaines d’activité. La pandémie a notamment révélé les avantages de cette classe d'actifs à de nombreuses entreprises qui se trouvaient alors confrontées à la paralysie, ou au renchérissement, d’autres canaux de financement. Les obligations convertibles permettent aux investisseurs de s’exposer à des secteurs d’avenir, comme la transformation numérique (notamment la cyber-sécurité), l'électro-mobilité et les énergies alternatives. Il se trouve parmi ces profils des entreprises qui n'émettent pas d'autres types d’obligations et donc accessibles uniquement grâce aux titres convertibles, faute de possibilité d’investir directement dans leur action.
Compte tenu de la profonde incertitude de la conjoncture et des conditions de marché, la qualité revêt à nos yeux un aspect primordial dans la construction des portefeuilles. Les entreprises dotées de modèles économiques robustes et d'un pouvoir de fixation des prix devraient offrir de la stabilité en cas de dégradation du contexte ou d’inflation persistante. Parmi celles-ci figurent également des société qui profitent de la montée en puissance de la transformation numérique, et dont les chaînes d'approvisionnement ne sont pas concernées par les problèmes actuels en Chine, ni par les répercussions de la guerre en Ukraine. À l’inverse, nous évitons les sociétés qui réagissent mal à la hausse des taux, par exemple dans le secteur de l’immobilier, de même que les entreprises de croissance chèrement valorisées et non rentables.