Un changement fondamental dans la politique macroéconomique et extérieure a alimenté la récente volatilité des marchés. L’impulsion budgétaire prévue en Allemagne et la hausse des droits de douane aux États-Unis constituent des évolutions politiques majeures.
A court terme, l’incertitude politique et la hausse des rendements obligataires représentent des risques pour la croissance et les actions. Par ailleurs, des tendances structurelles majeures – comme l’intelligence artificielle (IA) – influencent les perspectives et pourraient conduire à des performances d’investissement différenciées à moyen terme.
Les obligations d’Etat allemandes ont subi leur plus forte liquidation depuis 1990, après que les partis en charge de former le prochain gouvernement se sont entendus sur un fonds d’infrastructure de 500 milliards d’euros et la suppression des limites de déficit pour les dépenses de défense. Ces mesures, qui doivent être votées cette semaine au Parlement, interviennent alors que les Etats-Unis signalent que l’Europe n’est plus leur priorité stratégique en matière de sécurité. L’Europe pourrait être confrontée, à l’instar des Etats-Unis, à des taux d’intérêt durablement plus élevés, la hausse de l’endettement et des dépenses publiques alimentant l’inflation. Nous avons rétrogradé les obligations souveraines de la zone euro à une position sous-pondérée, anticipant une poursuite de la hausse des rendements, bien que nous estimions que la BCE dispose d’une plus grande marge de manœuvre pour abaisser ses taux que la Fed.
Comme attendu, la BCE a poursuivi sa baisse des taux lors de sa dernière conférence. Elle considère désormais sa politique monétaire comme «nettement moins restrictive». Nous anticipons que la BCE ramènera les taux vers un niveau neutre – c’est-à-dire un taux qui n’entrave ni ne stimule l’économie. Nous situons ce taux autour de 2%, bien que l’incertitude augmente, comme souligné lors de la conférence de presse. Quant au rythme de cette normalisation, nous voyons une probabilité accrue que la BCE adopte une approche plus progressive, réduisant le rythme de ses ajustements à une cadence trimestrielle.
En revanche, notre perception des marchés actions européens a évolué. Depuis le début de 2025, les actions européennes affichent une performance supérieure à celles des Etats-Unis. Nous avions souligné que les actions européennes avaient besoin d’un catalyseur pour inverser le sentiment très négatif à leur égard. Nous identifions aujourd’hui plusieurs éléments susceptibles de provoquer un rehaussement des valorisations, encore très faibles. En conséquence, nous avons relevé notre opinion sur les actions européennes à «neutre». Nous continuons de privilégier le secteur financier, une stratégie qui nous a réussi l’an dernier. Toutefois, il ne faut pas perdre de vue que l’Europe reste confrontée à des défis structurels, notamment un manque de compétitivité face à d’éventuelles hausses de droits de douane aux Etats-Unis.