Inde: quelles implications pour ces prochaines élections?

Jin Zhang, Vontobel

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Le pays présente une croissance robuste et une faible dette extérieure, mais reste vulnérable à une violente flambée des prix du pétrole.

Cette année, les élections législatives indiennes vont être un enjeu majeur pour la droite. En effet, elles décideront si cette dernière, incarnée par le parti Bharatiya Janata (BJP), sous la direction du Premier ministre Narendra Modi, restera au pouvoir; mais aussi quelle sera l’étendue de ce pouvoir en termes de sièges au parlement. En raison du système parlementaire bicaméral avec une chambre basse - Lok Sabha - élue tous les cinq ans, le parti qui remporte les élections du Lok Sabha forme le gouvernement. Toutefois, si aucun parti ne remporte plus de 50% des voix, ce dernier est formé par des coalitions constituées autour des partis dominants.

Le Bharatiya Janata semble effectuer une montée
qui rend la réélection de Narendra Modi de plus en plus probable.

Il faut savoir que ce n’est que récemment que la droite indienne tient les rênes de la politique. Et ce après avoir délogé la gauche incarnée par le parti du Congrès, qui était restée au pouvoir au cours des dernières décennies. Cette année, les élections législatives se déroulent d’avril à début mai. Le BJP, après un démarrage lent, semble dernièrement effectuer une montée qui rend la réélection de Narendra Modi de plus en plus probable. Bien qu'il y ait encore certaines incertitudes quant au nombre de sièges que le BJP pourrait remporter, la plupart des analystes s’entendent sur une victoire. Toutefois, elle sera moins marquée que pour les législatives de 2014, lorsque le parti avait obtenu une nette majorité, avec 282 sièges sur 543. 

L’enjeu pourrait également résider dans la force du gouvernement et sur sa capacité à continuer les réformes institutionnelles entreprises en marge des élections. Ainsi, un gouvernement dirigé par une faible coalition, pourrait avoir plus de mal à faire adopter des réformes difficiles. Toutefois l'impact sur la vie économique du pays devrait être minime à moyen terme. En effet, et bien que les bourses soient fortement sensibles aux développements politiques, la croissance de l'Inde reste surtout nourrie par un secteur privé fortement diversifié. Si bien que les entreprises indiennes ont dans l’ensemble montré une croissance solide, que ce soit dans un gouvernement dirigé par le BJP ou par le Parti du Congrès. 

Le BJP et le Parti du Congrès
ont des politiques économiques fortement similaires.

Même avec un scénario où le BJP perdrait les élections et où l'opposition formerait un gouvernement de coalition dirigé par le Parti du Congrès, il y aurait probablement peu d’impact négatif durable sur la bourse. En effet, ces deux partis ont des politiques économiques fortement similaires. De ce fait, les principales réformes préconisées par le BJP, comme la taxe sur les produits et services (TPS) et la Loi sur les faillites, devraient demeurer en vigueur même en cas de changement de gouvernement. D’ailleurs, c'est le Parti du Congrès qui a lancé la TPS, bien que ce soit le BJP qui l'ait fait adopter sous la direction de Modi. Cependant, l'Inde a encore de nombreux problèmes et des réformes sont encore nécessaires; les deux partis en sont convaincus. De plus, l'Inde dispose d'institutions solides qui assurent l'équilibre des pouvoirs au sein du système. Ainsi, il serait très peu probable que la montée de la classe moyenne – principal facteur structurel derrière la croissance économique - se laisse distraire par les résultats de ces élections.

Outre les prochaines élections, l'Inde compte parmi les pays avec un fort développement et une solidité internationale. Le pays présente une croissance robuste et soutenue et une faible dette extérieur - ce qui lui a permis d’éviter les difficultés affrontées par les autres marchés émergents lorsque le dollar se renforce. Et, bien que l'économie ait connu un double déficit, les deux restent gérables. Cependant, l'Inde reste vulnérable à une flambée violente des prix du pétrole, bien que le niveau actuel n'impacte pas de manière significative le budget national.

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